Le tardigrade, I. — Le tardigrade, ou ourson d'eau, est tout de même assez petit : sa taille fluctue à peu près entre un dixième de millimètre et un millimètre et demi. Mais qu'importe la taille : le tardigrade est un animal fantastique, peut-être même plus fantastique encore que le poulpe, l'araignée ou le paresseux. Les prouesses actuelles des microscopes électroniques permettent de l'observer sous toutes ses facettes, avec une multitude de détails fascinants. — C'est la fameuse page de la NASA « Astronomy Picture of the Day », « APOD » pour les intimes, qui m'a donné l'occasion de découvrir cette photographie d'une extraordinaire précision, aux couleurs rehaussées : celle d'un ourson d'eau au milieu de cette mousse qu'il affectionne tant. Cette photo — c'est Doëlle qui va être contente ! — n'est qu'un exemple parmi des dizaines d'autres tout aussi fabuleux, consultables sur ce site ou bien sur celui-ci (ce dernier ayant l'avantage de proposer de très gros plans de chaque partie de l'animal).
Est-ce un alien ? Est-ce un sac d'aspirateur ? Non, c'est un tardigrade !
Le tardigrade, II. — Si la NASA et d'autres agences spatiales s'intéressent au métabolisme de cette curieuse petite bestiole, c'est notamment parce que celle-ci se révèle extrêmement robuste et dispose d'une faculté assez unique appelée « cryptobiose » qui lui permet, à la rencontre d'un milieu hostile, d'entrer dans une sorte de mort presque totale (pour autant que cette expression ait un sens). Le tardigrade est un animal de l'extrême, à tel point qu'Ingemar Jönsson, chercheur à l'Université de Kristianstad en Suède, a lancé en collaboration avec l'ESA le projet TARDIS, pour « TARDigrades In Space » (Jönsson est-il un fan de Doctor Who ?) : le 14 septembre 2007, quelques-uns de ces aspirateurs de poche ont été embarqués à bord du module spatial russe FOTON M-3 pour une expérience en orbite. Celle-ci avait pour objectif d'étudier comment ces animaux réagiraient « à l'impact potentiellement très contraignant des paramètres spatiaux », ces organismes extrêmement résistants constituant une « importante source de savoir quant à la production des écosystèmes nécessaires à l'établissement durable de l'humanité dans l'espace, tel qu'il est aujourd'hui envisagé. » De retour sur Terre, plus de la moitié des tardigrades ont survécu au vide spatial. — À la lecture de cet épisode, je ne peux m'empêcher de penser à ce vieux thème de science-fiction qu'est la panthropie, que je mentionnais déjà dans le second paragraphe de la deuxième partie de cet article : dans l'éventualité où l'humanité devrait survivre loin de la Terre, dans le « Grand Extérieur » pour citer Cordwainer Smith, ne serait-il pas préférable qu'elle s'acclimate directement aux sévères conditions de l'espace plutôt qu'elle ne transforme cet espace à sa condition ?
Le tardigrade, III. — « C'est quoi, ça ?
— Ça, Gaëlle, c'est un tardigrade !
— C'est quoi, un tardigrade ?
— C'est un très petit animal qui vit dans plein d'endroits différents.
— On dirait un sac !
— Oui, un sac d'aspirateur plus exactement ! »
Découverte. — « Papa, je peux jouer à Warcraft ?
— Attends un peu Gaëlle, je suis en train d'écrire !
— D'écrire ? Mais qu'est-ce que tu écris ? »
Je lui explique le principe de ce journal, puis mets en valeur quelques fragments choisis : ceux dans lesquels elle est citée. Ma fille est amusée et glousse même par moment. Je lui lis le premier paragraphe de la journée du 27 janvier 2013 : « Lucas était puni ce vendredi. Il était dans le coin et ne pouvait pas bouger. Il m'a posé cette question : "Qu'est-ce qu'on peut faire quand il n'y a
rien à faire ?" » Gaëlle s'insurge : « Mais Lucas n'était pas du tout puni ! Il pleurait dans son coin, c'est tout ! Tu comprends tout de travers !... Dis Papa, je peux jouer à Warcraft, maintenant ? »
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