Je pourrais profiter de ce samedi sans Gaëlle pour lire, écrire, sortir, mais je suis une loque : il me faut trois heures pour m'extraire de ce lit confortable dans le creux duquel je visionne pour la trente-deuxième fois de ma vie Starvin' Marvin in Space et Trapper Keeper ; deux heures pour prendre un bain bouillant ; une heure pour me traîner jusqu'au magasin et effectuer quelques courses (non sans m'être au préalable rhabillé) ; une heure pour manger... Quand j'ai effectué ces quelques simples tâches, le soleil est déjà en train de se coucher et il est temps pour moi de me rendre à la soirée d'anniversaire de Zapata. (Premier paragraphe bateau.)
Cela fait maintenant plus de six jours que je suis une larve au bord de la fébrilité : pour ne pas faire trop mauvaise impression au cours de ladite soirée et aussi parce que je déteste paraître malade même si je le suis assez souvent, j'avale un gramme de paracétamol et me débouche le nez à l'aide de quelques vaporisations de décongestionnant. J'oublie néanmoins de me gaver de cétirizine pour contrer l'allergie qui ne manquera pas de pointer son nez lorsque je serai en contact avec... le chat. Heureusement, je sais qu'Amy en a toujours en stock (je parle d'un stock de cétirizine, alias Zyrtec, et non d'un stock de chats). (Deuxième paragraphe bateau.)
Dans le hall d'entrée à la lisière de leur appartement, j'entends des cris et des pleurs d'enfants. « Pour le moment, me prévient Zapata, ça ressemble à une crèche et ça crie beaucoup ! » De fait, de plus en plus de couples voient un enfant débarquer tout à coup dans leur vie et les premières heures de cette soirée d'anniversaire leur sont clairement consacrées. J'ouvre la porte d'un coup sec et tonne : « Maintenant, fini de pleurer ! » Et ça fonctionne ! Ha-ha, je n'ai rien perdu de mon autorité légendaire ! (La grande illusion.) J'essaye à plusieurs reprises de prendre Sophia dans mes bras, mais cette petite est dans sa phase négative : elle ressemble à Toupet ! (Oui, oui, il peut citer Nietzsche et Kraus puis faire référence à Godard et Blesteau : Hamilton n'a peur de rien, et certainement pas de la troisième personne du singulier ni du ridicule.) (Troisième paragraphe bateau.)
Les enfants partis, une autre soirée commence : un anniversaire de Zapata qui ressemble vraiment à un anniversaire de Zapata... Tout le monde y est le bienvenu : copains, copines, mutants, végétariens, tardigrades, cryptanalystes, voire même princes du Danemark. Il y a de la nourriture mais surtout beaucoup de boissons alcoolisées et de cannabis. J'ai l'impression de me retrouver douze ans en arrière, avec mes cheveux longs et mes poches remplies de post-rock : rien ne change donc, sauf que je suis toujours malade et que, pour une fois — peut-être même pour la première fois ! — je suis loin de partir le dernier. (Dernier paragraphe bateau.)
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