« Les paroles d'Halleck lui revinrent : "On se bat quand il le faut, et pas lorsqu'on en a le cœur ! Garde donc ton cœur pour l'amour ou pour jouer de la balisette. Ne le mêle pas au combat !" »(Frank Herbert, Dune.)
Choqué ? — Dois-je être triste ? Dois-je pleurer ? Dois-je être bouleversé par ce que je viens d'apprendre ? Dois-je ressentir quoi que ce soit d'autre qu'un certain dégoût au regard de ce cruel manque d'honnêteté, de cette flagrante tromperie de la part d'une personne en qui ma mère avait toute confiance ? Apparemment, la norme « voudrait » que oui ; la norme voudrait que je sois triste et sous le choc. Il paraît d'ailleurs qu'une de mes cousines a pleuré en apprenant la nouvelle, non pas à cause de la nouvelle en tant que telle, mais à cause du choc que celle-ci aurait dû me causer. — J'ai beau remuer le moindre recoin de ma conscience, je n'y trouve nul choc, ni quoi que ce soit allant dans ce sens. Comme je l'écrivais à Andrew tout dernièrement, j'hésite constamment entre l'analyse froide, la consternation et l'ironie. De toute façon, être estomaqué, réagir avec ses tripes, ne servirait strictement à rien et nuirait gravement à la réflexion. (Désolé d'être si circonspect à ce sujet. Des explications plus complètes finiront bien par arriver un jour ou l'autre.)
Zombies et éthique. — Je rejoins Léandra et Andrew en début de soirée à la Maison du Peuple, puis nous allons tous les trois chez la première pour un repas improvisé. Léandra parle entre autres de ce Parisien avec qui elle est en contact en ce moment : « D'habitude, il passe son temps dans les expositions ou les sorties culturelles mais, en ce moment, il me dit qu'il n'y a rien d'intéressant à voir. Alors il s'est rabattu sur un jeu vidéo : The Walking Dead... » Elle attrape son smartphone et retrouve le message de son correspondant : « Un pur chef-d’œuvre qui questionne l'éthique dans nos relations aux autres. » — Et moi qui croyais qu'il suffisait de s'armer d'un riot gun et de leur dégommer la cervelle, à ces saloperies de zombies !
Quid novi? Leandra cattum habebit! — Elle ira le chercher dans un mois environ et l'appellera « Quid », comme le célèbre jeu Ravensburger mais aussi comme ce pronom interrogatif latin utilisé dans la très belle « Quid non mortalia pectora cogis, auri sacra fames? » de Virgile (« À quels forfaits pousses-tu les cœurs des hommes, soif sacrée de l'or ? »). Mais qu'importe le nom ! Avant de me rendre chez Léandra, il faudra désormais que je me gave encore une fois de cétirizine pour ne pas passer mon temps à me gratter ou à renifler. Il semblerait que Léandra déteste les personnes qui reniflent.
Jason Molina (1973-2013). — Farewell, Jason! Ta voix, tes textes, ta musique — ta simplicité et ta sincérité ! — manqueront terriblement au monde (même si le monde, dans son ensemble, ne s'en est pas encore rendu compte).
« We get no second chance in this life
We get no second chance in this life
You won't have to think twice
If it's love, you will know »
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