dimanche 3 mars 2013

Canaris

« Nicolas Polutnik... Je le connais bien, ce gars, je le tutoyais : il assistait parfois au conseil d'entreprise lorsque j'étais secrétaire...
— Et il est comment, humainement parlant ?
— Bah ! C'est un patron, tiens ! »
(Discussion avec G. Evenvel, 2013.)

« (...) mais même dans sa petite cage, le canari a le choix entre la perche du haut et la perche du bas. Sait-il seulement qu'une cage beaucoup plus grande existe par-delà les barreaux ? »
(Hector-Antonin Serin, Ontologie du canari, 1926.)

Des semaines, des mois, des années même que je n'avais plus visionné un de ces débats télévisés du dimanche. Aujourd'hui, l'actualité régionale a raison de mon abstinence volontaire. Crise à Caterpillar, annonce d'une vague massive de licenciements : mon père regarde attentivement l'émission, non pas parce qu'il compte y apprendre quoi que ce soit mais simplement parce que des « gars de l'usine », dont le beau-fils de Greg (le collègue syndicaliste qui est venu jouer au bowling avec nous le 16 février dernier), y participent. Anecdote amusante : par la suite, le beau-fils en question, pas du tout rodé à la prise de parole en public, demandera à mon paternel de lui téléphoner afin d'avoir son avis sur ce qu'il vient de déclarer devant les caméras.

Ce débat n'est pas un débat : c'est un mauvais spectacle, un jeu de rôle qui donne l'impression qu'une véritable confrontation de points de vue se déroule en direct, alors qu'il n'en est rien. En scène : les acteurs politiques du jour et une présentatrice qui joue de temps en temps gentiment le rôle du procureur. On y parle des réformes qu'il faudrait (ou pas) faire passer, pour que la société soit un tout petit peu moins injuste, et des plans échafaudés pour « redynamiser l'économie ».

« Nous avons des stratégies pour redéployer la Wallonie » : cette déclaration d'un membre du parti socialiste aurait tout aussi bien pu être celle d'un libéral, d'un écolo ou d'un « centriste ». Tous les intervenants politiques de ce débat utilisent dans les grandes lignes le même langage issu de la même idéologie, celle qui parle constamment de compétitivité d'une région ou d'un pays, de compétences des individus et de marché de l'emploi, un langage hérité du monde de l'entreprise et qui a en ce moment le vent en poupe, au point de se retrouver dans la bouche de gens qui ne devraient normalement pas parler de cette manière.

Tout cela ne nous dit pas ce qu'un canari vient faire dans l'histoire, ni pourquoi je ne suis pas du tout satisfait du présent texte, ni pourquoi encore ce dernier se termine par une énième pirouette... — Un jour prochain, peut-être dira-t-on que la fatigue aura eu raison de moi ou bien que je n'ai rien pu proposer d'autre dans ce long journal qu'un éloge de la princesse Zelda ou qu'un article sur les canaris ?

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