Lorsque j'étais gamin, j'avais les yeux tournés vers la conquête spatiale... Le fait d'envoyer des humains autour de la Terre, sur la Lune ou (dans un futur plus ou moins proche) sur Mars me fascinait. Et puis, je ne sais réellement exactement à quelle époque de mon enfance, ma fascination pour l'Univers a changé de centre de gravité... Plutôt que de rêver d'astronautique, je me suis mis à adorer l'astronomie : à quoi cela sert-il, me dis-je alors (mais sans doute en d'autres mots), d'envoyer des humains dans l'espace alors qu'une partie de l'Univers est observable le plus « simplement » du monde depuis la Terre ?
Je n'ai pas changé d'avis depuis lors. Aujourd'hui encore, je préfère de loin les programmes qui consistent à scruter le ciel depuis notre planète ou sa périphérie immédiate que ceux qui permettent à des êtres humains de passer un séjour dans l'espace. (Je ne dis pas que ces seconds programmes sont négligeables en termes de découvertes scientifiques, mais simplement qu'ils me passionnent beaucoup moins.)
(Le paragraphe qui suit apparaîtra certainement comme une pensée très naïve, voire tellement évidente qu'elle ne vaut même pas la peine d'être écrite, mais qu'importe ! Ce ne sera ni la première fois ni — du moins je pense — la dernière que pareil « enfoncement de porte ouverte » effleurera le contenu de ce blog.)
L'astronomie me passionne principalement en raison d'une idée toute simple : celle qu'une masse gigantesque d'informations sur le monde dans lequel nous vivons nous parvient en continu, bêtement à travers la lumière visible (et aussi via d'autres fréquences)... Pour acquérir cette information, pour l'affiner, remonter l'histoire de l'Univers et découvrir de nouveaux objets célestes, il « suffit » de mieux collecter la lumière qui nous parvient, de la condenser, de la focaliser à l'aide d'un instrument optique... (Je me rends compte, même si je ne sais expliquer pourquoi, que cette idée est en rapport avec une certaine vision contemporaine du concept d'information, en vogue notamment — mais pas seulement — dans les milieux informatiques.)
Et puis, il y a le fait d'être seul, la nuit, devant un ciel étoilé.
Le meilleur instrument à ce jour pour observer un objet lointain est, pour autant que je sache, le télescope, dont l'objectif s'avère être un miroir concave collectant la lumière d'une parcelle donnée du ciel observable afin de permettre son traitement et son agrandissement. (Reprise de respiration.) Le principe est redoutablement simple : si l'on met de côté de nombreuses variables secondaires (comme la météorologie ou la qualité de l'optique), au plus le miroir est grand, au plus il collecte des informations lumineuses et gagne en résolution et en clarté...
Sur les dix prochaines années, il semblerait, sauf catastrophe, que nous allons pouvoir vivre un bond phénoménal en matière d'observation astronomique. Ainsi, du côté des États-Unis (NASA), le télescope spatial James Webb, avec son miroir segmenté d'environ 6,5 mètres de diamètre, s'apprête à remplacer, vers 2018, son vieux collègue Hubble... Et du côté européen, l'ESO (European Southern Observatory) a reçu le feu vert pour construire le plus grand mastodonte de l'histoire de l'astronomie, répondant au nom sexy (euh...) d'E-ELT (European Extremely Large Telescope) et dont le miroir primaire, composé de 798 segments hexagonaux s'adaptant en temps réel aux conditions atmosphériques ambiantes, atteindra les 39,3 mètres de diamètre, soit presque quatre fois celui des plus grands miroirs actuels. (En comparaison, les très grands télescopes jumeaux de l'observatoire W. M. Keck à Hawaï possèdent chacun un miroir de 10 mètres...)
Ce télescope géant, qui sera construit au sommet du Cerro Armazones, à une vingtaine de kilomètres de ses quatre petits cousins du VLT (Very Large Telescope), devrait commencer à observer le ciel au début de la prochaine décennie. — Je vais essayer de rester en vie jusqu'à son lancement afin de commenter celui-ci dans ce journal, mais je ne promets rien, hein ! (La brièveté de l'existence humaine, tout ça...)
Toujours est-il qu'avec un monstre pareil, il sera possible de repousser les limites de nos connaissances... Par exemple, les astronomes pourront remonter le temps et mieux comprendre les premières formations de galaxies... Dans un autre registre, la découverte d'exoplanètes sera rendue beaucoup plus évidente. Il sera ainsi théoriquement possible d'observer réellement (c'est-à-dire voir et non deviner), en dehors du système solaire, une exoplanète de la taille de Jupiter, et même — mais plus difficilement — un objet semblable à la Terre. (Pour être vraiment à l'aise dans ce domaine, il eût fallu un plus grand miroir encore.)
En bref, peut-être ce télescope donnera-t-il à moyen terme un début de réponse à la question de la possibilité d'une vie ailleurs dans l'Univers.
Ce télescope géant, qui sera construit au sommet du Cerro Armazones, à une vingtaine de kilomètres de ses quatre petits cousins du VLT (Very Large Telescope), devrait commencer à observer le ciel au début de la prochaine décennie. — Je vais essayer de rester en vie jusqu'à son lancement afin de commenter celui-ci dans ce journal, mais je ne promets rien, hein ! (La brièveté de l'existence humaine, tout ça...)
Toujours est-il qu'avec un monstre pareil, il sera possible de repousser les limites de nos connaissances... Par exemple, les astronomes pourront remonter le temps et mieux comprendre les premières formations de galaxies... Dans un autre registre, la découverte d'exoplanètes sera rendue beaucoup plus évidente. Il sera ainsi théoriquement possible d'observer réellement (c'est-à-dire voir et non deviner), en dehors du système solaire, une exoplanète de la taille de Jupiter, et même — mais plus difficilement — un objet semblable à la Terre. (Pour être vraiment à l'aise dans ce domaine, il eût fallu un plus grand miroir encore.)
En bref, peut-être ce télescope donnera-t-il à moyen terme un début de réponse à la question de la possibilité d'une vie ailleurs dans l'Univers.
La taille du futur E-ELT comparée à celle des quatre télescopes du VLT
(actuellement en fonction) et de la Porte de Brandebourg. (Crédit : ESO.)
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