Hurlements pop. — Lorsqu'un chanteur de death metal hurle comme un taré dans son microphone, produisant ce fameux son guttural semblant venir d'outre-tombe que les amateurs nomment « grunt » ou « death growl », personne ne s'en émeut... Par là, je veux dire que c'est tellement fréquent et naturel que le cri se noie dans le morceau... Ce qui semblerait curieux, dans ce cas précis, c'est que le chanteur arrête de hurler et se mette tout d'un coup à fredonner une mélodie tranquille... (Si une violente tempête souffle en permanence dans la forêt, l'ermite qui y vit ne remarquera ni les rafales, ni les éclairs, mais seulement les rares périodes d'accalmie et de silence.)
Le paragraphe ci-dessus servait simplement d'accroche, car ce vendredi, j'aimerais plutôt mentionner quelques exemples inverses, à savoir des chanteurs venant de la musique pop ou bien du rock « traditionnel » qui pètent soudainement un câble, autrement dit qui passent en quelques secondes de la mélodie sympathique aux hurlements incontrôlés. Et si j'ai envie de traiter de ce sujet aujourd'hui, c'est parce que je n'ai rien d'autre à raconter viens d'écouter une chanson du groupe The National qui se prête merveilleusement bien à la description. Elle s'appelle « Slipping Husband » (Sad Songs for Dirty Lovers, 2003)...
La chanson s'écoute comme une jolie petite mélodie pop bien ficelée, sauf qu'à la fin du morceau, le chanteur s'énerve réellement pendant un très court instant et que ça change tout, absolument tout.
Ce hurlement subit donne du relief à l'ensemble.
En résumé, les paroles consistent en une sorte de sermon qu'un gars fait à l'un de ses amis concernant la vie qu'il mène, avant que celle-ci ne parte vraiment en vrille... (« Sit down dear we gotta talk, you're acting like a kid. We don't wanna hear about the things you never did... ») L'ami en question a des enfants, mais ne s'en rend pas vraiment compte (« You coulda been a legend, but you became a father. That's what you are today, that's what you are today... ») ; au contraire, il a créé une sorte d'univers personnel (« Spending all your time somewhere inside your head, haunted by the important life you coulda lead »). Après le sermon, le narrateur propose à l'ami paumé de le « remplir d'alcool » avant qu'il ne devienne réellement une plaie pour son entourage, à ressasser le passé, à parler de choses qu'il n'a jamais réalisées. On sent l'énervement du narrateur monter jusqu'au trop-plein (et c'est là que le chanteur explose) : « DEAR WE BETTER GET A DRINK IN YOU BEFORE YOU START TO BORE US! » Ce qui est terrible dans cette chanson, c'est que l'éclatement vocal final s'inscrit dans un scénario facilement compréhensible d'énervement incontrôlable face au comportement d'un ami. (Pourquoi ai-je l'impression de comprendre cette situation, tant du point de vue du paumé, que de celui du donneur de leçon ?)
Ce hurlement subit donne du relief à l'ensemble.
En résumé, les paroles consistent en une sorte de sermon qu'un gars fait à l'un de ses amis concernant la vie qu'il mène, avant que celle-ci ne parte vraiment en vrille... (« Sit down dear we gotta talk, you're acting like a kid. We don't wanna hear about the things you never did... ») L'ami en question a des enfants, mais ne s'en rend pas vraiment compte (« You coulda been a legend, but you became a father. That's what you are today, that's what you are today... ») ; au contraire, il a créé une sorte d'univers personnel (« Spending all your time somewhere inside your head, haunted by the important life you coulda lead »). Après le sermon, le narrateur propose à l'ami paumé de le « remplir d'alcool » avant qu'il ne devienne réellement une plaie pour son entourage, à ressasser le passé, à parler de choses qu'il n'a jamais réalisées. On sent l'énervement du narrateur monter jusqu'au trop-plein (et c'est là que le chanteur explose) : « DEAR WE BETTER GET A DRINK IN YOU BEFORE YOU START TO BORE US! » Ce qui est terrible dans cette chanson, c'est que l'éclatement vocal final s'inscrit dans un scénario facilement compréhensible d'énervement incontrôlable face au comportement d'un ami. (Pourquoi ai-je l'impression de comprendre cette situation, tant du point de vue du paumé, que de celui du donneur de leçon ?)
La chanson m'en rappelle une autre, de feu Grandaddy : « Florida » (Excerpts From the Diary of Todd Zilla EP, 2005). Là aussi, la mélodie commence gentiment (dans le style « Beach Boys »), quoique assez speedée... Cependant, très rapidement, la schizophrénie pointe son nez : on sent en effet que le chanteur n'est pas net et se trouve très près de griller un sacré fusible. D'un coup, il se met à gueuler : « I GOT PRIDE, IT DOESN'T HIDE NOOOOOW! I CAN LIVE AT THE RIVER, FUCK YOUUUUUU! MY EX-GIRLFRIEND'S A MODEL IN FLORIDAAAAAA! SHE WANTS ME BACK BUT I DON'T TAKE NO SHIT! » Puis vient l'harmonica, suivi de cette question, lancinante, de la part de l'auditeur : « Mon dieu, mais qui est ce malade ? », question accentuée quand on a en tête d'autres morceaux chantés par le doux et sensible Jason Lytle.
On l'aura compris, j'adore ce genre de cassure musicale bien spécifique, que je rapproche des moments de pure folie présents chez — du moins je suppose — tout être humain à un moment ou à un autre : hurler en public, se mettre à courir sans raison, prendre une assiette et la lancer contre un mur dans un moment de colère, quitter un groupe sans aucune explication, renverser une table, tuer un chat, etc., etc.
Le cauchemar de Gaëlle. — « La nuit dernière, j'ai rêvé que je devais faire pipi, mais en fait, je devais vraiment faire pipi, dans la réalité aussi ! Mais à chaque fois que je me levais et que je marchais vers les toilettes, il y avait un croque-mitaine à l'intérieur des WC, qui m'attendait pour me manger. Alors je retournais dans ma chambre et j'attendais que le croque-mitaine s'en aille. Mais à chaque fois que j'y retournais, le croque-mitaine était dedans et il grognait de plus en plus fort. À la fin, j'avais tellement besoin de faire pipi que je suis rentrée quand même dans les toilettes... Et là, le croque-mitaine a voulu me manger. Mais heureusement, j'ai compris à ce moment que c'était un cauchemar et j'ai réussi à me réveiller... Et je suis vraiment partie faire pipi...
— Et le croque-mitaine était là ?
— Ben non, t'es bête ou quoi, papa ? Les croque-mitaines, ça n'existe pas ! »
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