Soleil, ciel bleu... Est-ce un temps pour s'enfermer dans la petite salle de projection du Potemkine, sachant qu'Akira y est diffusé ce soir ? Non, définitivement pas. Jonas l'a déjà vu, de toute façon. Et moi aussi, de nombreuses fois. Ce n'est pas le cas de Léandra, mais elle n'a aucun problème à attendre encore un peu. Il fait tellement beau dehors que nous restons à la terrasse de la Brasserie du Parvis à siroter du vin pendant la première partie de soirée.
Akira : le film d'animation parfait. Chaque geste, chaque mouvement, chaque déplacement de moto dans la nuit, chaque explosion, chaque effondrement d'immeuble, chaque cauchemar éveillé est décortiqué avec une telle minutie, un tel souci du détail qu'on ne peut que rester émerveillé devant la prodigieuse maîtrise graphique de l'ensemble. Le scénario ? Peu importe qu'il soit basé sur une histoire somme toute banale d'apocalypse à la japonaise, d'accession d'un antihéros à la quasi-divinité... Ce dessin animé, c'est avant tout une ambiance particulière faite d'ultra-violence urbaine, d'un mélange de bas-fonds et d'élévation mentale. Une œuvre cyberpunk en plein. [Version intégrale en streaming ICI.]
La scène de la poursuite en moto, où la lumière des phares
s'imprime sur la pellicule à l'instar d'un cliché photographique...
... sauf qu'il s'agit d'un dessin animé, nom de dieu !
Mon premier souvenir de ce film d'animation remonte à l'adolescence, à l'époque où, déjà, j'allais dormir tard le week-end et pas très tôt la semaine... J'étais tombé sur ce "machin" en cours de diffusion, en zappant, par hasard... J'étais inculte (et je le suis toujours, de toute façon). Je pense que c'était sur la BBC. Version anglaise donc. "Where is Tetsuo ?", demande Kaneda, le regard alerte, sur sa moto : une phrase qui m'a marqué — je ne sais trop pourquoi, au fait.
En parlant de cyberpunk : durant la soirée, Jonas en dit un peu plus sur Neal Stephenson, définitivement un auteur cyberpunk — certains le mettent dans la catégorie "postcyberpunk" mais ce qualificatif a-t-il un sens ? Conseils de lecture : Le Samouraï virtuel/Snow Crash (déjà cité), L'Âge de diamant ou Le Manuel illustré d'éducation pour jeunes filles (le titre donne envie ; le résumé enfonce le clou : l'histoire de Nell — une lettre de différence avec Neal, tiens —, une fille défavorisée qui gagne son indépendance grâce à un livre intelligent et évolutif), Cryptonomicon (une uchronie tournant autour de la cryptographie — tu m'étonnes que Jonas aime cet auteur !).
(Ne pas parler du langage et de Wittgenstein, ne pas parler du langage et de Wittgenstein, ne pas parler du langage et de Wittgenstein...)
Un constat humain, sans aucun rapport avec la science-fiction, le (post)cyberpunk ou quoi que ce soit d'autre : Léandra et Jonas donnent l'impression d'être bien ensemble, de constituer un vrai couple. Ils sont plus proches, c'est indubitable. La présente situation m'arrache même un sourire énigmatique. — Pour comprendre cette remarque, il faut avoir en tête que la relation entre ces deux-là n'a pas toujours été des plus lisses.
Nous terminons la soirée à la Porteuse d'Eau. Filet américain pour Léandra et moi. Pain de viande à la bière et au fromage d'abbaye — "Mais où est donc le fromage ?" — pour Jonas. Sur le chemin de retour, Jonas hésite : rentrer à la maison ou ne pas rentrer à la maison ? Boire un/des verre(s) ou ne pas boire un/des verre(s) ? L'idée sous-jacente est la suivante : passer une soirée tard dans la nuit tout en sachant qu'il lui faudra se rendre au travail le lendemain. Faire cela le week-end, c'est banal. Le faire la semaine, c'est subversif. Au final, tout le monde rentrera chez soi... La subversion, c'est has-been (du moins ce soir).
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