vendredi 16 mars 2012

Coupe standard & taillage de sourcils

Il faut que j'aille chez le coiffeur : c'est une obligation. Non parce que mes cheveux ne ressemblent plus à rien, ni parce que leur longueur commence à me gêner, ni encore parce que c'est bientôt le printemps. Rien de tout ça, non. Quand je me coupe les cheveux, c'est très souvent pour tenter de créer une rupture. 

Ce vendredi après-midi, ma coiffeuse me dira d'ailleurs, après avoir enlevé toute la masse capillaire bouclée superflue qui pousse sur mon crâne : "Voilà ! Vous êtes un homme nouveau maintenant !" (Elle est marrante, cette coiffeuse...) Quand je suis énervé, que j'ai trop d'éléments accaparant mes pensées, hop, je vais chez le coiffeur en croyant qu'il pourra m'aider, un peu comme si enlever des cheveux s'apparentait à supprimer certaines réflexions — il n'en est rien, évidemment...

La coiffeuse me demande quelle coupe je désire et je lui dis : "Très court vers l'avant, s'il vous plaît", puis ajoute : "Désolé de vous demander une coupe si standard !" Elle me répond : "Mais il n'y a pas de coupe standard ! Chaque être humain est différent. Les cheveux ne se mettent pas de la même manière chez tout le monde... La seule coupe standard que je connais, c'est la tête en plastique !" (Et toc !)

Après m'avoir mis du gel sur les cheveux, elle me demande : 
« Voulez-vous que je vous fasse les sourcils également ?
Pardon ? C'est-à-dire ?
— Vous tailler les sourcils avec la tondeuse...
Euh...
— J'ai remarqué que vous aviez des sourcils fort épais. Je peux les égaliser avec la tondeuse...
Hem... Euh... D'accord, si vous êtes sûre de ce que vous faites... 
— Oui, oui ! »

Désormais, je ne ressemble plus à Thufir Hawat.

* * *

J'arrive à la Maison du Peuple en fin d'après-midi. Il fait délicieusement bon dehors pour une journée de mars et la terrasse est pleine à craquer. Je m'en vais chercher une Chimay blanche au bar pour ensuite aller m'installer à l'intérieur, près d'une fenêtre, avec mon PC... Et je me rends compte à ce moment — ô miracle ! — qu'une table est libre dehors. Donc me voilà à la terrasse du café, en tee-shirt, à écrire mon mercredi. Le soleil décline lentement sur fond de ciel bleu et termine sa course derrière l'église Saint-Gilles.

Vu que je suis seul à ma table, des personnes viennent me piquer des chaises de façon récurrente. Ensuite une dame arrive et me demande si elle peut s'installer en face de moi, faute de place ailleurs. Elle attend une amie. L'amie arrive, elles parlent de tout et de rien... J'aurais dû noter leur conversation mais j'étais occupé à écrire tout autre chose.

Anecdote marrante : à la table d'à côté, des gens parlent anglais. Pendant la soirée, un des gars nous demande un briquet, en anglais. Plus tard, le même, pour je ne sais quelle raison, me demande :

« What are you working on?
Huh... I'm writing a blog, lui réponds-je.
A blog? Interesting!
Interesting... Interesting... Bah ! Je n'en serais pas si certain !
— Ha, parce que tu es francophone en fait ?
— Ben ouais... C'est toi qui a parlé en anglais en premier.
Haha ! On peut continuer la discussion en français alors ?
— Évidemment.
Tu écris quoi ?
— Mes journées, les unes après les autres.
— Donc on va peut-être se retrouver dans ton blog ?
— Oh, très certainement ! Mais en ce moment, je suis seulement en train d'écrire la journée d'avant-hier... Donc il faudra attendre un jour ou deux pour cette soirée-ci.
— S'il te plaît, n'écris pas nos conversations, me sort l'une des deux femmes à ma table. On ne dit rien d'intéressant !
— Rassurez-vous : j'étais concentré sur autre chose et je n'ai pas vraiment écouté ce que vous disiez... »
(Je me rends compte après coup qu'elles pourraient mal prendre cette phrase...)

Le gars continue à parler avec les deux amies. De mon côté, je n'ai plus rien à dire et replonge dans mon monde. Je reste assez tard en terrasse, puis vais m'installer à l'intérieur du café. Ils servent désormais toutes les bières dans d'ignobles gobelets en plastique. Je suis le seul couillon à être seul, un vendredi soir, devant mon ordinateur. Ma nouvelle coupe de cheveux n'a pas changé la donne. Pas encore du moins.

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