lundi 26 mars 2012

Emily

Maison du Peuple. Je suis assis à l'intérieur du café, à essayer de rattraper le retard sur ce putain de blog. Je me répète, mais toute cette histoire de "rattraper le retard" et d'écrire un article par jour est définitivement absurde. C'est d'ailleurs peut-être la raison pour laquelle je continue coûte que coûte à procéder de la sorte : parce que c'est absurde, justement. Si le projet avait eu le moindre sens, le moindre but, je l'aurais arrêté depuis longtemps déjà. 

C'est d'autant plus absurde que cette question de retard qui s'accumule s'est posée depuis les débuts, forcément. Lu, le 20 septembre 2011 : "Ce journal, c'est presque une lutte constante contre le temps, contre l'oubli, contre la procrastination. Je dois écrire tous les jours ; si je rate un jour, je dois travailler double le lendemain ; et ainsi de suite..." Je devais sans doute déjà trouver l'idée idiote à ce moment-là.  Dès les origines, je trouvais l'idée idiote.

D'un autre côté, j'ai aujourd'hui un certain plaisir à me relire. Je me rends compte que j'écris (et pense) toujours de la même manière. Les rencontres (humaines et littéraires) me changent sans me changer : je ne sais si je dois m'en féliciter ou au contraire le déplorer... — Mais relire d'anciens textes est peut-être la raison d'être de ce blog, tout compte fait. (Ici, je réfléchis "tout haut", pour ainsi dire.) Si j'arrive à tenir plusieurs années, sans fléchir, alors tout cela pourra peut-être devenir réellement intéressant, avoir une certaine valeur, non pour les articles pris un par un mais au contraire pour la vue synoptique, le tableau d'ensemble. Observer l'évolution de quelqu'un (moi en l'occurrence) jour après jour sur cinq ans, dix ans, vingt ans : cela pourrait presque faire l'objet d'un mémoire en psychologie (ou en communication ?).

Emily passe la porte du café. Elle me cherche du regard mais il lui faut quelques secondes pour me reconnaître : "Ha ! Tu t'es coupé les cheveux... Je ne t'avais pas reconnu tout de suite !" 

* * *

En terrasse. Emily me parle de la série télévisée Les Tudors (2007-2010), qu'elle regarde en ce moment. Elle me dit que les scénaristes ont vraiment pris des libertés avec l'Histoire ("Quand je regarde une série, je me documente à côté et il y a des événements qui ne collent pas"). À plusieurs reprises, elle revient sur le destin de Catherine d'Aragon, première épouse d'Henry VIII, et constate : "Elle s'est vraiment fait jeter comme une vieille chaussette !"

« Pour le moment, je regarde Battlestar Galactica, lui dis-je, une série de science-fiction des années 2000... 
— Ha oui ! J'en ai entendu parler. C'est bien ?
— Au départ, je croyais que c'était un peu "bateau". Après, j'ai cru que c'était bien... Mais tout compte fait, après deux saisons, je pense que c'est une grosse daube...
— J'ai entendu dire qu'il y avait un truc énervant... Une relation bizarre, une sorte de rêve.
— Oui, c'est exactement ça ! Le docteur Gaïus Baltar qui a une relation avec une cylon, une femme "robot" d'apparence humaine. Dans la série, elle n'est pas vraiment là ; elle n'est présente que dans son imagination... Mais on le voit constamment dialoguer avec elle. C'est assez lourd et ennuyant, à la longue...
Ouais, j'imagine. 
Et puis c'est rempli de militaires indisciplinés qui font vraiment n'importe quoi... Qui déclarent la loi martiale pour un rien, par exemple. Il y a un côté malsain dans cette série... Et puis, ça ne tient pas vraiment debout, de toute façon. »

(Évidemment, j'ai aussi été voir sur le Web comment toute cette histoire se terminait et je n'aime pas du tout le retournement de situation final... Je vais quand même regarder la série jusqu'au bout et en ferai un compte rendu dans ce blog, peut-être, un jour...)

De nouveau à l'intérieur. Dernier verre avant de retourner chez nous. Emily parle d'un de ses informaticiens (un consultant) qui vient de se faire virer. Elle n'a même pas eu la possibilité de le voir une dernière fois avant son départ. Les chefs (ou les ressources "humaines", je ne sais plus) l'ont convoqué tard dans la soirée, lui ont signalé qu'il ne convenait pas et l'ont fait passer par la sortie arrière, par "la petite porte". Mais qui sont ces gens ? 

Emily me reconduit en voiture. Comme programmation musicale sur la route du retour, une compilation de morceaux en tous genres réalisée par Lytle. Emily a la très bonne idée, pour terminer la soirée, de nous mettre la chanson "Vice et versa" des Inconnus. (Ha mon Dieu, qu'ils sont bons !) 


D'où venons nous ? 
Où allons-nous ?
J'ignore de le savoir.
Mais ce que je n'ignore pas de le savoir,
C'est que le bonheur est à deux doigts de tes pieds.
Et que la simplicité réside dans l'alcôve bleue, et jaune,
Et mauve, et insoupçonnée de nos rêveries mauves et bleues et jaunes
Et pourpres... et paraboliques... 
Et vice et versa.

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