En guise de préambule, une "réponse" de l'ami Ludwig — ça faisait longtemps, tiens — 1) à l'idéalisme de Berkeley, 2) à l'ultra-scepticisme à l'encontre du monde matériel et 3) — mais de manière plus lointaine évidemment — au "simulacre de réalité" et au gnosticisme présent de manière constante dans les romans de Philip K. Dick (voir l'article d'hier) :
« 420. Mais ne puis-je pas imaginer que les hommes qui m'entourent sont des automates, qu'ils n'ont pas de conscience, même si leur manière d'agir reste la même qu'à l'ordinaire ? Si maintenant — seul dans ma chambre — je me représente une telle situation, je vois les gens vaquer à leurs occupations, le regard fixe (un peu comme en état de transe) — l'idée est peut-être légèrement inquiétante. Mais essaie donc de t'en tenir à cette idée dans tes relations quotidiennes avec les autres, dans la rue par exemple ! Dis-toi : "Tous ces enfants ne sont que des automates ; toute leur vitalité n'est qu'automatisme." Alors ces mots ne te diront plus rien, ou il naîtra en toi un sentiment d'étrangeté, ou quelque chose de voisin. (...) » (Recherches philosophiques, Gallimard, 2004)Cette pensée rejoint la charge de Bertrand Russell contre le solipsisme, dans son livre Human Knowledge: Its Scope and Limits (1948) — tu te répètes, Hamilton ! Pour Russell, le solipsisme est psychologiquement impossible à soutenir. Russell utilise entre autres l'argument suivant : quelqu'un qui ne croit pas en une réalité extérieure à lui-même se trouve confronté à un paradoxe quand il communique avec quelqu'un d'autre (car pourquoi communiquer avec quelqu'un si on considère sa propre conscience comme seule réalité tangible ?). Pour expliciter ce paradoxe, il utilise un exemple comique (Russell est plus marrant — et philosophiquement plus accessible aussi — que Wittgenstein) :
« As against solipsism it is to be said, in the first place, that it is psychologically impossible to believe, and is rejected in fact even by those who mean to accept it. I once received a letter from an eminent logician, Mrs. Christine Ladd-Franklin, saying that she was a solipsist, and was surprised that there were no others. Coming from a logician and a solipsist, her surprise surprised me. »J'ai dans l'idée d'écrire, un jour prochain, un article entièrement dédié à la philosophie dans l'univers de la science-fiction... Un sujet très fécond car en S.-F. littéraire, tous les grands courants de la philosophie sont représentés dans — au bas mot ! — un livre phare. Les idéalistes ont leurs idoles ; les matérialistes ont leurs dieux : dans la science-fiction, il y en a pour tous les goûts !
* * *
La matinée, je travaille à Bruxelles. Aux alentours de 10 heures, mes collègues Wynka et Sylvette doivent débarquer en camionnette en bas de mon appartement pour charger un lot de sept caisses d'archives anarchistes cédées par Zapata (ou plus exactement par l'association dont il est un des membres actifs) et stockées depuis des mois dans la chambre de ma fille. Pendant une demi-heure, je m'esquinte à descendre quatre étages d'escaliers avec à chaque fois une lourde caisse en mains — ne pas sous-estimer le poids de l'anarchisme. Je dépose le tout dans le hall d'entrée de l'immeuble afin que la camionnette, à son arrivée, n'ait pas à stationner trop longtemps en bloquant la rue. Une caisse se déchire en bas de l'escalier, répandant sur le sol tout son contenu, à savoir une centaine de revues anarchistes italiennes — la pensée anarchiste repose sur la destruction, parfois.
Mes collègues arrivent vers 10 heures, comme prévu. Nous chargeons rapidement le petit fonds d'archives dans la camionnette. Ensuite, nous rejoignons les locaux du PTB bruxellois pour charger un autre fonds : celui que je suis allé trier le vendredi 10 février en compagnie de Christiane et de Sylvette. Pour finir, nous repartons vers le boulot, dans la banlieue de Liège, non sans quelques problèmes pour quitter Bruxelles. À cause d'un GPS mal foutu ("Serrez à gauche. Serrez à droite. Tournez à gauche puis directement à droite. [...] Faites demi-tour dès que possible...") et de travaux dans le Centre-ville, nous tournons pendant une demi-heure à la recherche de l'autoroute.
Mes collègues arrivent vers 10 heures, comme prévu. Nous chargeons rapidement le petit fonds d'archives dans la camionnette. Ensuite, nous rejoignons les locaux du PTB bruxellois pour charger un autre fonds : celui que je suis allé trier le vendredi 10 février en compagnie de Christiane et de Sylvette. Pour finir, nous repartons vers le boulot, dans la banlieue de Liège, non sans quelques problèmes pour quitter Bruxelles. À cause d'un GPS mal foutu ("Serrez à gauche. Serrez à droite. Tournez à gauche puis directement à droite. [...] Faites demi-tour dès que possible...") et de travaux dans le Centre-ville, nous tournons pendant une demi-heure à la recherche de l'autoroute.
* * *
Au Potemkine, grande salle du bas. C'est la fameuse soirée "jeux" du mardi. Vue de loin : la dame qui n'arrête pas d'arpenter le café pour expliquer les règles des divers jeux aux participants. Je suis seul ; je ne joue pas ; elle ne m'emmerde pas. J'écris ma journée d'hier sur le petit PC prêté par Léandra. Ils ont de la Chimay triple au fût mais seulement en 25 centilitres. (Et dire qu'Emily critiquait ce café pas plus tard que la semaine dernière !) Ils ont également augmenté considérablement leurs prix. Autre détail qui a son importance : le Potemkine est le seul café que je fréquente qui a le bon goût de passer du Can. Ainsi, en cours de soirée : "Moonshake" (ooooooh !).
Un des serveurs (celui qui, le 25 janvier, avait remarqué que j'étais passé de la Mc Chouffe à la Biolégère Dupont) fait le tour des tables avec un plateau pour ramasser les verres. Il me reconnaît et me lance un :
« Bonsoir !
— Salut ! Ça va ?
(Il fait tomber un verre vide, qui se fracasse au sol et éclate en mille morceaux.)
— C'est l'émotion ! », me dit-il.
(Ha bon ?)
« Hey !
(Je retiens la page de mon livre à l'aide du fil de mes écouteurs.)
— Yep ?
— Hey, salut ! Tu connais Diamant, la station ?
— La station près de Montgomery ?
— Ouais, dans le mille, mec ! Diamant, ce coin-là, quoi...
— Ouaip, je connais... Enfin, je vois très bien où c'est.
— Le 3 qui passe ici, il s'arrête bien par là ?
— Oui, mais faut changer de tram à Churchill pour continuer la route...
— C'est quoi ça, c'te plan de merde ? La STIB ! Putain, pfff...
— Le tram n'est plus direct, en fait. Faut prendre un 7 à Churchill, je crois, pour continuer...
— Haaan ! C'est pas possible.
— Ouais. Moi aussi je trouve que c'est nul comme plan.
— Le métro, là, en bas, il a un problème, mon gars.
— S'passe quoi ?
— J'veux pas le savoir. C'est leur problème. Je veux rentrer, c'est tout. T'as vu le futal que je porte, mec ? C'est pas un truc pour sortir, ça... On m'a déposé en voiture ici puis je devais reprendre le métro direct, t'vois ?
— Ouaip, je compatis...
— Et en plus il n'arrive que dans 12 minutes, le 3 ? C'est bien ce qu'il dit le panneau, là ?
— On dirait bien.
— Bordel.
— Et le 4, qui arrive, maintenant, il...
— ... Il passe par Vanderkindere et...
— Merci, mec. Je vais voir ça avec le chauffeur ! »
Un des serveurs (celui qui, le 25 janvier, avait remarqué que j'étais passé de la Mc Chouffe à la Biolégère Dupont) fait le tour des tables avec un plateau pour ramasser les verres. Il me reconnaît et me lance un :
« Bonsoir !
— Salut ! Ça va ?
(Il fait tomber un verre vide, qui se fracasse au sol et éclate en mille morceaux.)
— C'est l'émotion ! », me dit-il.
(Ha bon ?)
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(Je retiens la page de mon livre à l'aide du fil de mes écouteurs.)
— Yep ?
— Hey, salut ! Tu connais Diamant, la station ?
— La station près de Montgomery ?
— Ouais, dans le mille, mec ! Diamant, ce coin-là, quoi...
— Ouaip, je connais... Enfin, je vois très bien où c'est.
— Le 3 qui passe ici, il s'arrête bien par là ?
— Oui, mais faut changer de tram à Churchill pour continuer la route...
— C'est quoi ça, c'te plan de merde ? La STIB ! Putain, pfff...
— Le tram n'est plus direct, en fait. Faut prendre un 7 à Churchill, je crois, pour continuer...
— Haaan ! C'est pas possible.
— Ouais. Moi aussi je trouve que c'est nul comme plan.
— Le métro, là, en bas, il a un problème, mon gars.
— S'passe quoi ?
— J'veux pas le savoir. C'est leur problème. Je veux rentrer, c'est tout. T'as vu le futal que je porte, mec ? C'est pas un truc pour sortir, ça... On m'a déposé en voiture ici puis je devais reprendre le métro direct, t'vois ?
— Ouaip, je compatis...
— Et en plus il n'arrive que dans 12 minutes, le 3 ? C'est bien ce qu'il dit le panneau, là ?
— On dirait bien.
— Bordel.
— Et le 4, qui arrive, maintenant, il...
— ... Il passe par Vanderkindere et...
— Merci, mec. Je vais voir ça avec le chauffeur ! »
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