mercredi 29 février 2012

Critère de démarcation amoureuse

Ce matin, mon train arrive avec un quart d'heure de retard à Liège. Je me rends donc, comme d'habitude — plus par acquit de conscience que pour autre chose — à un guichet afin d'obtenir mon attestation de retard. Du coin de l'œil, je vois le couillon antipathique de droite (LCADD™) arriver par ma droite (forcément). Je sais ce qu'il va demander (une attestation de retard), je sais ce qu'il va dire ("Et vous mettrez 20 minutes et non 15 sur le papier car demander l'attestation demande du temps") et je sais que je vais dire, à un moment ou à un autre : "Oh, pitié !"

Moi : Bonjour ! Ce serait pour avoir une attestation de retard pour le train qui vient de Bruxelles-Midi.
La dame du guichet : Pas de problème. Combien avait-il de minutes de retard ?
Moi : 15-20 minutes, je dirais.
La dame : Je vais vous mettre vingt minutes.
LCADD™ (qui n'a pas entendu) : Et vous mettrez 20 minutes et non 15 sur le papier car demander l'attestation demande du temps !
(L'événement est-il contenu dans l'attente ?)
La dame : Bonjour d'abord, Monsieur.
Moi : Oh, pitié !
(Mon patron, blablabla... Retard effectif.)
LCADD™ : Il faut bien comprendre que mon patron regarde le retard effectif.
Moi : Mais pitié, quoi !
La dame : Voilà votre attestation, Monsieur.
Moi : Merci ! Bonne journée. Et bonne chance aussi !

* * *
 
Constat : à chaque fois que je suis en retard à cause de mon train, je rencontre la jolie — selon mes critères — stagiaire en bibliothéconomie originaire des cantons de l'Est. Est-ce de la sérendipité ? Aujourd'hui, elle se rend à deux examens : celui d'archivistique et celui d'histoire (marrant).

L'examen d'archivistique est de la pure rigolade : un syllabus d'une quinzaine de pages à étudier, avec en prime la connaissance, bien avant l'examen, des questions qui vont être posées. Elle sait donc à peu près à quoi elle va devoir répondre : "Quels sont les trois principes fondamentaux de l'archivistique ?" (le respect du fonds, de sa provenance et de son organisation interne, fastoche !) ; "Quels sont les trois âges des archives ?" (archives courantes, intermédiaires et définitives), et : "Qu'est-ce que la règle des 100 ans ?" (l'obligation, sauf dérogation, d'attendre cent ans avant la consultation d'archives d'état-civil). Cependant, ils devront développer leurs réponses (faut pas déconner non plus).

* * *

Mary me rejoint vers 20h30 au Bistro des Restos. Nous buvons un verre puis quittons l'endroit (beaucoup trop bruyant pour mes oreilles sensibles) et nous rendons dans un bar plus calme et plus "pépère" : le Supra Bailly... (Quand je vais dans un café, c'est pour discuter, pas pour avoir de la musique qui me gueule dans les oreilles. — Deviens-je un vieux con ? Tout semble indiquer que oui.)

Durant toute la soirée, la discussion tourne autour des relations de couple, de l'amour... C'est souvent le cas avec Mary (une romantique trash). 

« Pour le moment, je ne suis intéressée par personne. Je n'ai pas une seule personne en tête. Je ne suis pas amoureuse.
— Oui, tu m'avais déjà dit ça...
— Beaucoup de femmes sont comme moi, tu sais... »

« Et Léandra, ça va ?
— Bah... Oui.
— Elle est toujours avec son mec ? 
— Ouaip, elle est toujours avec Jonas. 
— Et ça va ?
— Pour le moment, ça a l'air d'aller, oui... Plus ou moins... 
— Plus ou moins ?
— Y a des trucs qui l'emmerdent, comme cette histoire de cadeau. Il ne lui a toujours pas offert de cadeau pour son anniversaire...
— Putain, c'est trash : je suis comme elle. J'ai déjà reproché ça à mon ex, moi aussi ! »

« Et Emily ?
— Oui ?
— Tu la vois toujours ?
— Oui, évidemment... Je la vois souvent, Emily... Je l'ai vue mardi, par exemple.
— Et ça va ?
— Ben oui, ça va. Pourquoi ? » 

« C'est très curieux, je te jure ! C'est la première fois que je le vois sortir avec une autre femme...
— Hmmmm...
— Hamil, putain, tu ne te rends pas compte ! Ils se touchaient et tout, et ils se roulaient des pelles grave, quoi...
Ça arrive...
C'était bizarre...
Mais quoi à la fin ? T'es jalouse ?
Non, non... C'est juste que c'est très space de le voir avec quelqu'un d'autre, en me disant que je pourrais être elle... Que j'ai été elle. Tu comprends ? » 
(Oui, je comprends très bien.) 

« J'ai trouvé une méthode pour savoir si je suis intéressé par une femme ou pas. En gros, ça consiste à l'imaginer avec quelqu'un d'autre et de voir ce que cet état suscite en mon for intérieur. Si ça me rend triste, c'est que je ne conçois pas entièrement le rapport comme une simple relation d'amitié. 
(Et si je suis déprimé, c'est que je ne le conçois pas du tout comme une relation d'amitié.)
— Moi, ça ne fonctionnerait pas. Par exemple, je peux être très triste si un ami sort avec une fille, parce que je sais que je le verrai moins à cause de cela.
— C'est que ce n'est pas vraiment un ami, alors... C'est qu'il y a plus, déjà.
— Non, je te jure. » 
(En tout cas, chez moi, cette méthode marche du tonnerre : elle me permet d'établir un critère de démarcation net entre amie et... euh... amie.)

« Chez beaucoup de femmes, les grands maigres, ça passe mal !
— Ha ? J'ai pourtant de flagrants contre-exemples !
Non, je te jure, Hamil, je suis normale à ce point de vue et franchement, les maigrichons, ça passe mal.
— Si tu le dis. » 

« Je me dis que le monde est profondément injuste, quand même ! Par exemple, moi, je n'ai pas de défaut : j'ai un beau corps, je n'ai jamais eu d'acné, je suis intelligente... Énormément de gens n'ont pas cette chance.
M'enfin !
— C'est inné : certains sont plus dotés par la nature que d'autres... On n'est pas tous égaux à la naissance. »
(C'est une des raisons d'être de l'État-providence, qui rétablit une certaine forme de justice sociale : nous ne sommes pas égaux à la naissance donc c'est à la société à l'État de rétablir l'équilibre.)

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