Comic
À la pause-café, Sylvette parle des tout nouveaux intercalaires thématiques installés à l'intérieur des étagères de la bibliothèque :
« J'ai utilisé du Comic, parce que j'adore cette police de caractères.
— Grrrr... Le Comic Sans MS... On aurait dû séquestrer le gars [Vincent Connare, qui porte assez bien son nom] à l'origine d'une telle chose.
— Pourquoi ?
— Parce que cette police est mal foutue. Elle ne respecte pas les standards en matière de typographie. Au départ, elle a été créée uniquement pour faire plaisir aux enfants... Mais aujourd'hui, plein de gens l'utilisent à des fins professionnelles. C'est de la perversion à l'état pur. »
(Vu un jour : un travail d'étudiant en bibliothéconomie entièrement rédigé avec du Comic Sans. — Utiliser cette police de caractères dans un texte typographié, c'est un peu comme remplacer les points sur les "i" manuscrits par des cercles, ou bien encore signer en dessinant une fleur à la fin de son prénom.)
Au rythme du rail
À midi, Sylvette parle d'un restaurant à Rocourt :
« Ça s'appelle "Au rythme du rail" et c'est situé dans une ancienne gare. Une fois à l'intérieur, c'est un peu chic et ça n'a plus grand chose à voir avec le monde ferroviaire.
— Dommage qu'ils n'aient pas poussé l'idée jusqu'au bout, en servant les clients à l'intérieur d'un vrai train...
— Un restaurant dans un train, ça pourrait être amusant, lâche Lodewijk. Ils annonceraient les plats à l'interphone.
— "Mesdames et messieurs, le plat pour la table numéro 17 aura un retard de 42 minutes. Veuillez nous en excuser." Haha !
— "En raison d'un problème technique, le steak frite salade ne roulera pas ce jour !"
— Hahaha !
— "Suite à l'absence du cuisinier, la commande de la table numéro 4 est annulée."
— De temps en temps, un contrôleur passerait et ferait payer les gens, mais parfois, il ne passerait pas et le repas serait alors gratuit. »
(Sans déconner, ce serait un concept vraiment intéressant à développer.)
Couette
À midi toujours, un constat : l'humanité se divise en deux camps inconciliables : ceux qui fixent solidement la couette à leur lit (et qui dorment comme piégés dans un forme de sarcophage de tissu) et les autres qui, à l'inverse, ne supportent pas d'être enfermés dans une couette. J'apprends également que Sylvette a déposé des coussins partout autour de son lit, et qu'elle possède un coffre entièrement rempli de sacs. Je lui demande donc tout logiquement :
« Et je suppose que tu as aussi plein de nounours dans ta chambre ?
— Oui, en effet, j'en ai des dizaines au-dessus de mes armoires. »
(De la part d'une femme qui adore le Comic Sans MS, rien ne m'étonne.)
Le pont d'Overtoun
«
J'ai vu un drôle de reportage, hier, sur TF1, raconte Lodewijk. Ça parlait d'un pont en Écosse du haut duquel les chiens "se suicident", en quelque sorte.
— Ha oui ! Je connais cette histoire...
— Plus de cinquante chiens y ont déjà trouvé la mort, apparemment. Certains, quand ils arrivent sur le pont, deviennent fous et sautent par-dessus le parapet, pour aller s'écraser sur les rochers quinze mètres plus bas...
— Haha, c'est surréaliste !
— Y en a même un qui, un jour, a survécu lors de sa chute. Alors il est remonté sur le pont et a aussitôt ressauté !
— Et il est mort ?
— La deuxième fois, oui.
— C'est très con...
— Dans le reportage, ils ne donnaient pas vraiment d'explications sur la raison de ces "suicides"...
— Il me semble avoir lu quelque chose à ce sujet, il y a longtemps, dans je ne sais plus quelle revue. Il était question de perception visuelle. Le pont est construit de telle manière que l'animal est bluffé et ne voit pas que c'est un pont ; que, derrière le parapet, le sol n'est pas de la même hauteur que sur le pont... »
(Impossible de retrouver cette explication sur le Web. D'autres explications sont avancées. Certains éthologues évoquent la possibilité d'une odeur qui attirerait les chiens. De nombreux fanatiques de l'explication paranormale affirment de leur côté que le pont serait en fait une porte vers un autre monde. Si c'en est une, elle ne fonctionne pas chez les toutous, en tout cas — à moins de considérer la mort comme un "saut vers un autre monde".)
Gibgoudsky
Chez Flippo, lors d'une soirée "pâtes aux champignons" destinée (entre autres) à organiser notre voyage au Québec, Pietro (l'invité surprise, architecte de son état) me regarde avec des yeux légèrement étonnés :
« Loudvik Gibgoudsky ?
« Loudvik Gibgoudsky ?
— Non... Ludwig Wittgenstein. J'ai un texte de lui sur moi si tu veux...
(Je sors l'ouvrage de mon manteau et le lui tends.)
— Tu te promènes avec ça tout le temps ? »
— J'en ai toujours un sur moi pour mes trajets en transports en commun, mais celui-là, je ne l'ai pas encore ouvert. Ça date de l'époque où il enseignait à Cambridge, dans les années 30. Il a réuni quelques uns de ses étudiants et leur a dicté des notes de cours ["de sorte qu'ils aient quelque chose à rapporter chez eux, sinon dans leur tête, du moins dans leur main" !]
(Pietro ouvre le livre...)
— Rolala... Pfiou... Il s'emmerdait pas, l'autre, hé !
— En lisant une page prise au hasard, tu risques de ne pas comprendre grand chose. Déjà qu'en lisant dans l'ordre, c'est loin d'être évident...
(Il commence à lire à voix haute...)
— A donne des ordres à B : il s'agit de signes écrits faits de points et de traits, et B obéit en faisant une figure grâce à un pas de danse particulier. Ainsi l'ordre "— ." doit être exécuté en faisant tour à tour un pas et un saut ; l'ordre ". . — — —" en faisant tour à tour deux sauts et trois pas, etc. L'entraînement à ce jeu est "général" au sens expliqué en 41) ; et j'aimerais dire, "Les ordres donnés ne sont pas enfermés dans un domaine limité. Ils incluent des combinaisons de n'importe quel nombre de traits et de points." — Mais qu'est-ce que cela veut dire, que les ordres ne sont pas enfermés dans un domaine limité ? N'est-ce pas absurde ? (...).
(Il arrête la lecture et lance :)
— Ha ouais : qu'est-ce que cela veut dire ? N'est-ce pas absurde ?
— Hahaha ! T'es tombé sur un paragraphe assez comique. C'est quelle page ? Je le citerais bien dans mon blog...
— Page 166.
— Bon, sinon, là, ça prête à rire mais, parfois, ça m'énerve prodigieusement de ne pas tout comprendre. Ça m'obsède, même. J'en parle partout, tout le temps : à mon boulot, à mes amis, sur Facebook, dans mon blog... Je dois emmerder tout le monde avec ça...
— Allez, Hamil, reviens au badminton avec nous le mardi ! Le sport, ça te détendra !
— Ouais, tu as sans doute raison. »
Blog
« "Hamilton's Diary"... Et tu écris quoi ? Un article par semaine ?
— Non, le but de l'exercice est d'en écrire un par jour, en fait.
— Un par jour ?
— Oui, un par jour. Il y a plus de 300 articles pour le moment. Ça va bientôt faire un an que je tiens ce blog !
— C'est un malade », constate Flippo, s'adressant à Pietro.
(Ben ça fait plaisir, tiens !)
(Je sors l'ouvrage de mon manteau et le lui tends.)
— Tu te promènes avec ça tout le temps ? »
— J'en ai toujours un sur moi pour mes trajets en transports en commun, mais celui-là, je ne l'ai pas encore ouvert. Ça date de l'époque où il enseignait à Cambridge, dans les années 30. Il a réuni quelques uns de ses étudiants et leur a dicté des notes de cours ["de sorte qu'ils aient quelque chose à rapporter chez eux, sinon dans leur tête, du moins dans leur main" !]
(Pietro ouvre le livre...)
— Rolala... Pfiou... Il s'emmerdait pas, l'autre, hé !
— En lisant une page prise au hasard, tu risques de ne pas comprendre grand chose. Déjà qu'en lisant dans l'ordre, c'est loin d'être évident...
(Il commence à lire à voix haute...)
— A donne des ordres à B : il s'agit de signes écrits faits de points et de traits, et B obéit en faisant une figure grâce à un pas de danse particulier. Ainsi l'ordre "— ." doit être exécuté en faisant tour à tour un pas et un saut ; l'ordre ". . — — —" en faisant tour à tour deux sauts et trois pas, etc. L'entraînement à ce jeu est "général" au sens expliqué en 41) ; et j'aimerais dire, "Les ordres donnés ne sont pas enfermés dans un domaine limité. Ils incluent des combinaisons de n'importe quel nombre de traits et de points." — Mais qu'est-ce que cela veut dire, que les ordres ne sont pas enfermés dans un domaine limité ? N'est-ce pas absurde ? (...).
(Il arrête la lecture et lance :)
— Ha ouais : qu'est-ce que cela veut dire ? N'est-ce pas absurde ?
— Hahaha ! T'es tombé sur un paragraphe assez comique. C'est quelle page ? Je le citerais bien dans mon blog...
— Page 166.
— Bon, sinon, là, ça prête à rire mais, parfois, ça m'énerve prodigieusement de ne pas tout comprendre. Ça m'obsède, même. J'en parle partout, tout le temps : à mon boulot, à mes amis, sur Facebook, dans mon blog... Je dois emmerder tout le monde avec ça...
— Allez, Hamil, reviens au badminton avec nous le mardi ! Le sport, ça te détendra !
— Ouais, tu as sans doute raison. »
Blog
« "Hamilton's Diary"... Et tu écris quoi ? Un article par semaine ?
— Non, le but de l'exercice est d'en écrire un par jour, en fait.
— Un par jour ?
— Oui, un par jour. Il y a plus de 300 articles pour le moment. Ça va bientôt faire un an que je tiens ce blog !
— C'est un malade », constate Flippo, s'adressant à Pietro.
(Ben ça fait plaisir, tiens !)
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