Très (trop) tôt ce matin, dans le train, dès la gare de Bruxelles-Midi, un groupe de filles (entre 16 et 18 ans, au pif) débarque dans le wagon en compagnie de deux ou trois accompagnateurs légèrement plus âgés. Ça ressemble à des scouts, mais sans l'attirail typique des scouts — là, tout le monde ("tout le monde" est un bien grand mot) s'attend à ce que je critique une nouvelle fois ces putain de scouts, en dissertant longuement sur leurs colifichets ridicules ou leur code d'honneur à la noix, mais je n'en ferai rien — haha ! — car c'est bien trop prévisible pour être drôle...
Certaines des filles présentes sont très bêtes. L'on pourrait dire : "Elles ont 17 ans : c'est normal voyons !". Mais non car c'est faux, évidemment : à 17 ans, certains individus (garçons, filles, mutants, Zéta-Réticuliens) sont bêtes (et le seront à jamais — hélas !) et d'autres le sont moins. C'est comme ça, c'est la vie. L'existence est traversée de part en part par la présence d'imbéciles. Partout, toujours et à jamais.
Alors que le train quitte lentement la gare de Bruxelles-Nord, j'ai noté, parmi toutes les stupidités et tous les lieux communs proférés en quelques minutes, la question suivante, posée à l'un des accompagnateurs : "C'est le train ou la gare qui bouge, Monsieur ?" — question que j'ai d'abord considérée comme de l'humour, pour me rendre compte, dix secondes plus tard, que... ce n'en était pas, et cela presque à coup sûr. L'accompagnateur lui demande : "À ton avis ?"... Pause de cinq secondes, puis réponse de la fille : "Ha, oui, je suis bête ! La gare ne peut pas bouger !" À la limite, ça pourrait encore être de l'humour — une forme de feinte —, sauf que... non. Tout dans le comportement observé me fait dire qu'elle a vraiment posé la question en tout état de cause. Comment être certain que ce n'était pas une forme d'humour ? Impossible. Peut-être est-elle très bonne actrice ?
Peu importe : cela me permet d'écrire quelques paragraphes élitistes et — tadaam ! — de faire enfin référence à Top Secret (1984), ce film signé ZAZ bourré de trouvailles visuelles toutes aussi géniales les unes que les autres, dont une scène mémorable de gare qui se déplace alors que le train reste statique (tout est une question de référentiel) :
Le référentiel du reste de la journée n'est aucunement remis en question : boulot standard, reprise du train standard, retour chez moi standard et dodo standard. D'aucuns pourraient dire que je rattrape mon retard en éludant, mais c'est faux : je n'ai réellement et strictement rien à raconter si ce n'est cette histoire de gare mouvante. Une journée standard, quoi.
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