Hamilton ! Nous sommes dimanche 25 décembre 2011, il est 2h27 du matin, et tu dois continuer à écrire ! Ça commence à faire beaucoup de retard et tu dois quand même raconter ta journée de jeudi, comme toutes les autres... Tu ne peux rater aucun jour. C'est comme ça... Hé oui !
Puisque "c'est comme ça", tu vas le faire "à l'arrache", sans te relire, en écrivant ce qui te passe par la tête. À l'arrache ? Mon cul, ouais ! T'as quand même passé quelques secondes à chercher ce putain de "C" majuscule cédille dans une table de caractères, pour placer un "Ça" dans le paragraphe précédent. Voilà le problème avec toi : tu n'arrives pas à être spontané, à te lâcher, même quand tu es légèrement (voire assez [voire complètement]) saoul.
Bordel.
(Tu le mets en italique parce que tu trouves ça bien.)
(Grrrr...)
* * *
Donc voilà : ce jeudi, c'est un jour de grève générale et tu ne peux pas te rendre au boulot, faute de transport. Tu n'essaies même pas, pour tout dire. De toute façon, les locaux sont fermés. Et puis, tu considères qu'ils ont bien raison de faire grève, dans les services publics... Et tu serais bien content si quelqu'un pouvait t'expliquer comment retrouver la moindre parcelle de socialisme dans le cerveau du premier ministre belge actuellement en fonction, pourtant estampillé... "socialiste". Tu es (et resteras) persuadé que personne ne pourra te l'expliquer, tant le gaillard et de nombreux membres du PS renient tout ce qui fait le socialisme à tes yeux. Ça te fait beaucoup de peine car tu te considères comme fondamentalement de gauche (mouvance libertaire, faut-il le préciser ?).
Bande de traîtres ! Pourquoi êtes-vous au sein de la majorité gouvernementale, à mettre en place des réformes d'austérité d'essence néolibérale ? Pourquoi n'êtes-vous pas dans la rue ou au Parlement (dans l'opposition) à défendre la démocratie contre les agences de notation et contre les oligarchies financières ?
Tu as déjà une réponse à ces questions et elle ne te fait pas plaisir.
Passons. C'est une bonne occasion pour ressortir le petit discours, que tu aimes beaucoup, du syndicaliste italien Piero Bernocchi, prononcé au Forum social européen de Paris en novembre 2003 : c'est ICI et ça se passe de commentaire. Ha, que ça fait du bien. Merci, cher Piero !
Et toi Hamilton, qu'est-ce que tu fais pour que ça change, hein ? Rien. Tu observes ton monde devenir la dystopie inhumaine que tu as lue dans tant de bouquins. Allez, tous à Zanzibar, chacun pour soi, prends ton assurance privée, bébé, c'est le futur, t'as pas le choix de toute façon ! Sois sage et t'auras ton smartphone, héhé...
* * *
Léandra te propose d'aller déjeuner à la Maison du Peuple de Saint-Gilles (quoi, encore ?) et tu acceptes. Léandra doit travailler. Ça tombe bien car toi aussi, tu dois un peu travailler. Vous mangez là-bas, vous parlez un peu, vous bossez à la même table en début d'après-midi, puis Léandra s'en va. Tu t'en vas aussi. Elle retourne chez elle et tu vas t'installer avec ton (ou plutôt "son") petit PC au Potemkine.
Fin d'après-midi, le public du bar change et des violonistes emplissent la salle. Une classe d'académie (ou de conservatoire, tu ne sais plus) a décidé de passer ses examens (ou ses auditions, tu ne sais plus) dans ce café. Une classe uniquement féminine.
Tu trouves que certaines jouent bien et que d'autres jouent comme leurs pieds. Tu as vraiment l'impression que quelques unes remplissent la salle de fausses notes, mais en néophyte tu n'as aucune possibilité de savoir si c'est fait exprès ou pas. Pauvre de toi !
Emily te rejoint en soirée et vous montez à l'étage (dans "les coursives"), pour pouvoir discuter. Vous êtes rejoints un peu plus tard par Léandra et Andrew. Un monsieur qui lit son journal au bar, en contrebas, vous regarde d'un air méchant de temps en temps, mais peu importe.
Emily te rejoint en soirée et vous montez à l'étage (dans "les coursives"), pour pouvoir discuter. Vous êtes rejoints un peu plus tard par Léandra et Andrew. Un monsieur qui lit son journal au bar, en contrebas, vous regarde d'un air méchant de temps en temps, mais peu importe.
Andrew et Léandra ont prévu d'aller manger un couscous. Emily et toi vous rendez au marché de Noël du Centre-ville. Le temps de vous garer, pas loin de la cathédrale Saints-Michel et Gudule et il est déjà presque neuf heures du soir. Vous buvez un vin chaud près de la Bourse, puis vous vous rendez compte que... le marché de Noël est en train de fermer... Résultat : vous vous retrouvez à manger un... hamburger... chez... McDonald's. Pour la leçon anti-capitaliste, tu repasseras, merci, au revoir.
De retour à Saint-Gilles, vous retrouvez Léandra et Andrew à la Maison du Peuple pour un dernier verre. Andrew prend une Chouffe, Emily une menthe à l'eau et Léandra ne prend rien du tout. Quant à toi, tu ne peux pas t'empêcher de commander un demi-litre de bière. Bravo ! C'est Noël !
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