lundi 21 novembre 2011

Probabilités

Considérant
que le train Liège-Bruxelles de 18h est composé de 15 wagons,
que chaque wagon dispose de 15 rangées de sièges,
que seule une rangée sur trois est occupée par un passager,
qu'un gars mort bourré cherchera forcément à emmerder quelqu'un,
quelle est la probabilité que ledit gars tombe sur moi ?

La réponse est très simple, du moins en théorie : 15 wagons x 15 rangées : si le gars reste statique, ça nous fait 225 rangées où il peut s'asseoir, donc une chance sur 225 qu'il tombe sur moi. Vu qu'il posera ses fesses à un endroit où il peut emmerder quelqu'un, dans un train relativement vide comme celui-ci, cette première estimation doit être revue à la hausse, soit plus ou moins une chance sur 75.

En pratique, c'est oublier que je m'appelle Hamilton L. Evenvel et que, de ce simple fait, mes chances d'attirer un casse-pied, lorsqu'il y en a un présent dans le train, avoisine les 100%. Bingo ! Vers la fin du trajet, un gars agrippant tant bien que mal une Cara Pils et dont l'élocution montre qu'il ne s'agit clairement pas de la première s'assied à deux mètres de moi, sur la banquette de l'autre côté de la travée centrale. À quelque chose malheur est bon : je n'avais vraiment rien à raconter aujourd'hui. Grâce à cet olibrius, voilà que je peux combler ce triste vide événementiel.

Pour débuter la conversation, alors que notre train est immobilisé un peu après Leuven, il me demande : "On est où, là ?" En vérité, il n'a pas du tout prononcé ces mots : ça ressemblait plus à un "Onéyoula ?" mâchouillé, mais j'ai compris le principe. Trente secondes plus tard, il me redemande : "On est où là ?". Au même endroit ou presque. Puis, il me crie : "Brussel ?". Non, on n'est pas encore à Bruxelles. "Brussel Midiii ?". Non, non, pas encore. Cette conversation semble durer des plombes. Il répète sans cesse "Brussel". Je finis par l'ignorer en remettant mes écouteurs, mais je ne suis pas très à l'aise...

Arrivés à Bruxelles-Nord, ambiance : la contrôleuse tape à la vitre du wagon pour signaler au gars ivre qu'il est arrivé à destination (apparemment, il lui avait demandé qu'elle le prévienne à l'arrivée en gare). Là, j'ai pu noter (sur mon PC) l'entièreté non tronquée de son discours (désolé pour la vulgarité, ce n'est pas moi, c'est lui, M'dame !) : "Qu'est-ce qu'elle me veut, c'te salope ? J'descends à Bruxelles-Midiii, pas ici, moi ! Elle veut me baiser, mais mon pénis, il est fatigué... Il en peut plus ! Ha, les femmes, elles fatiguent... Elles fatiguent et elles comprennent rien." Il regarde ensuite la contrôleuse qui se trouve pour le moment sur le quai et me lance : "Elle est jalouse. Elle croit que je dors... Je ne dors pas. Elle croit que je dors mais je ne dors pas, hahaaa... De toute façon, on va trouver après. On trouvera, t'inquiète. On trouvera sans problème..."

À ce moment, il met une main à son entrejambe et commence à se frotter vigoureusement et de façon obscène au travers de son pantalon. Puis, il décide de s'asseoir en face de moi. Ouais, bon, ça suffit comme ça... Je range mon PC et je me casse du wagon. Il me lance : "Hé ! Musique, faut que tu mettes de la musique ! Tu t'en vas ? Musique..."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.