Mais qu'est-ce qui m'a pris de dire à Hamilton : "Allez, je te prends un jour" ? Comme on prend une garde à un collègue qui a besoin de repos.
Était-ce un bon mouvement ? Ou un mauvais ? Est-ce que je fais vraiment ça pour mon ami ? Ou pour moi, égoïstement ? Pour me mêler de ce qui ne me regarde plus. Pour me faire mousser. Pour qu'on ne m'oublie pas, surtout (même si y a peu de risques, vu qu'Hamilton a la délicatesse de parler très régulièrement de moi ici - cliquer sur le topic "Léandra" dans la colonne de droite revient presque à avoir tous les textes de ce journal : c'est drôle).
En tout cas, il est sûr que je n'ai pas envie de lâcher l'affaire complètement.
Ce projet, on l'a construit à deux, avec Hamilton. Sur un coin de table à la Maison du Peuple, je suppose. Ou chez moi, lors d'une de ces petites bouffes rien qu'à deux que j'essaie d'organiser régulièrement, sinon je pète les plombs (et là d'ailleurs ça fait trop longtemps qu'on n'a plus fait ça, c'est inadmissible).
L'idée de départ était bien plus biscornue que ce journal de bord on ne peut plus classique (il tire son originalité de sa rigueur plus que de sa structure). Le blog du Noctambule, on avait appelé ça. Une sombre histoire de pions, de fous, de rois, de reines et de princesses. Des pièces noires ou blanches selon la couleur de nos humeurs. C'était trop complexe, trop tiré par les cheveux.
Maintenant, il n'y a plus que des hommes et des femmes et parfois des enfants, multicolores. Et des idées, beaucoup d'idées. Mon Dieu, comment Hamilton arrive-t-il à brasser autant d'idées différentes tous les jours ? C'est impressionnant…
Des fois, je me demande même s'il pense réellement aux trucs qu'il évoque dans son journal, ou s'il se force à y penser pour avoir quelque chose à écrire.
Des fois, je me dis que c'est trop, que les lecteurs ne suivront pas (mais Hamilton semble s'en foutre "royalement" - moi je ne pourrais pas).
Des fois, j'ai honte à le dire mais… je saute des paragraphes, à la recherche de petites infos croustillantes sur mes amis - ou, encore mieux, sur moi-même - au milieu des grandes théories d'Hamilton sur la politique, la philo, les sciences et techniques, sans oublier sur son fameux groupe-de-musique-que-personne-ne-connaît, Slint (que je ne sais jamais si j'ai déjà écouté ou pas).
Quand je vois la régularité d'Hamilton, j'ai un peu honte d'avoir laissé tomber mon journal si vite. J'avais mes raisons : me protéger, tenir une promesse bancale faite à quelqu'un qui m'est cher (Jonas, oui). Mais, en toute sincérité, ce sont peut-être plus des excuses à mon manque de rigueur qu'autre chose…
Même pour écrire un seul jour, je retarde l'échéance (au passage, je fais prendre du retard à Hamilton, qui doit un peu râler). C'est que raconter un lundi, c'est pas de la tarte. "Il ne se passe jamais rien le lundi", a dit Hamilton. Pas faux.
Je n'ai même pas l'excuse du boulot : je suis en congé aujourd'hui. Veille de la Fête du Roi, lendemain de long week-end d'Armistice. Je fais le pont. J'en profite pour glander sur Internet, flirter bêtement par chat avec un ancien collègue. Je joue aussi à ce jeu idiot de réussites sur mon ordi. Et je lis un peu, un chouette roman de Philippe Dijan (ça faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé, de me poser avec un livre).
D'Hamilton, je n'ai pratiquement aucune nouvelle aujourd'hui. Je lui envoie juste un SMS pour lui demander de me refiler le numéro de téléphone de Charles-Henri (depuis que j'ai changé de téléphone - j'ai maintenant un smartphone qui va très bien sur Internet, mais qui n'arrête pas de bugger quand je téléphone simplement - j'ai perdu tous les numéros "récemment" introduits dans mon répertoire). Il me l'envoie et je ne lui dis pas merci. Fin de l'histoire. Qu'y aurait-il à dire sur Charles-Henri d'ailleurs ? On se le demande.
Je ne sais pas ce qu'Hamilton fait ce soir. Quelle amie indigne je fais...
Hier, je l'ai laissé à la Maison du Peuple avec toute la "dream team" (sauf moi, qui suis partie plus tôt). Il m'avait l'air assez parti, un peu saoul. Ces derniers temps, j'ai l'impression que ça lui arrive de plus en plus souvent. Ça doit être le changement de bière : depuis que Frère Xavier fait grève, Laure Val se fait rare, et Hamilton s'est rabattu sur la Chimay blanche. Je crois qu'elle est un peu plus forte (Hamilton n'oserait jamais écrire une affirmation pareille sur son blog sans aller vérifier : moi si !).
Il plaisante toujours avec ces histoires d'alcool, mais moi ça m'inquiète quand même. C'est pas une bonne chose, je trouve, qu'il ait tendance à picoler. J'aurais espéré que son opération de la vésicule le stoppe un peu de ce côté-là, mais non.
Quand nous étions jeunes et beaux, Hamilton et moi avions cette blague récurrente : le premier de nous deux qui fera un infarctus devra payer un bon resto à l'autre. Aujourd'hui, ça ne me fait plus tellement rire. Je trouve que la santé, c'est pas un truc à prendre à la légère. OK, on n'a pas besoin de vésicule, mais d'une foie et d'un cœur en bon état : oui. Enfin bref, ce ne sont sans doute pas mes oignons (qu'Hamilton ferait revenir dans plein de beurre pour faire des - délicieuses - carbonnades flamandes).
N'ayant aucune information intéressante à exploiter pour raconter la journée d'Hamilton, je vais terminer en parlant un peu de moi (au passage, c'est donner du grain à moudre à mes nombreux admirateurs… si on en croit les flatteuse statistiques du blog).
Novembre a toujours été un mois difficile pour moi. Les jours de plus en plus courts (avec cette saloperie d'heure d'hiver). Le froid. Des mauvais souvenirs, des dates qui me font mal. En général, je suis complètement déprimée en novembre.
Mais là, ça va plus ou moins. Non pas que ma vie soit un long fleuve tranquille, mais je tiens le cap (métaphore maritime).
A ce propos, hier, je suis allée à la mer avec Jonas, en amis. Comme je ne peux pas trop donner de détails, je vais faire comme l'autre : parler de la météo. Ostende était brumeuse, mais belle (je dis ça, je ne dis rien).
Oh, et puis merde ! J'ai envie de raconter un petit épisode. De tester le truc des dialogues d'Hamilton. Je ne suis pas douée pour ça, mais bon.
(La scène se passe devant une étrange chapelle derrière la grande église d'Ostende. Une basilique ? Une cathédrale ? Je n'en sais rien et je m'en fiche. Eh non, je n'irai pas vérifier, gniark, gniark…).
- Lui : T'as vu le nom de la rue ?
- Moi : Rue Léandre Vilain.
- Lui : Si on remplace le "e" par "a", ça fait…
- Moi : Ça fait moi !
- Lui : Oui, ça fait toi.
- Moi : Sauf que moi je ne suis pas une vilaine.
- Lui : Non, tu n'es pas vilaine du tout.
Je me rends compte que je n'ai même pas raconté cette scène (pourtant riche d'enseignements, notamment sur le fait que Jonas lit peut-être bien quand même ce blog) à Hamilton, en vrai. Voilà qui est réparé ! C'est pratique, en fait, ce journal : ça remplace les conversations, les mails.
Je devrais m'y remettre, tiens (en plus, ça ferait plaisir à ma maman).
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