Objet trouvé. — Début de soirée, sur le chemin de la salle de badminton, je reçois un coup de téléphone de ma fille : « Dis Papa, est-ce que tu as retrouvé tes écouteurs ?
— Tu veux parler de mon baladeur ? Non, je pense l'avoir oublié à la brasserie vendredi dernier.
— Ton baladeur, oui. Colombine l'a vu et l'a repris avec elle en partant. Elle te le redonnera vendredi prochain.
— Mais c'est fantastique, ça !
(Long silence.)
— Bon ben... à vendredi alors ?
— À vendredi Gaëlle ! », mais elle a déjà raccroché.
Crise. — Ce dont j'ai le plus peur, c'est que personne, absolument personne, ne comprenne pourquoi j'ai réagi de façon si énervée, impulsive et radicale ; que personne ne comprenne pourquoi je l'ai complètement supprimée de mon existence à ce moment précis. J'ai vraiment peur de me retrouver seul sur ce coup-là, seul à comprendre mon comportement ; de passer pour le fou psychorigide de l'histoire, pour le gamin qui fait une tempête dans un verre d'eau. — Puis je me ravise : NON, on ne gueule pas sur les gens, on ne rentre pas de manière désinvolte sur un terrain pendant un échange et surtout, surtout, on ne confisque pas un volant de manière autoritaire, quelle que soit la raison invoquée (en l'occurrence le fait qu'Amy et Zapata nous attendaient pour manger)... Si je laisse passer un comportement pareil, alors plus rien n'a d'importance et autant tout laisser passer. — Donc je m'énerve, je range mes affaires en marmonnant un « Je rentre chez moi », je quitte la salle de sport en poussant violemment la porte et je me dirige rapidement vers les vestiaires pour prendre une douche et changer de vêtements. Je suis vraiment remonté : quelle autorité a-t-elle pour nous confisquer ce volant ? Est-elle notre mère ? Sommes-nous de petits enfants irresponsables ? Puis je me souviens qu'elle est arrivée en retard à la séance de ce soir ; qu'elle arrive tout le temps en retard, en fait... et ça m'énerve encore plus ! J'ai le cœur qui bat très, très vite ; j'ai l'estomac noué et je suis incapable de penser à autre chose. — Je sors du bâtiment en compagnie de Pietro et de Don Camillo. Elle attend dehors. Je dis au revoir aux deux copains et je la nie complètement. Je ne veux plus la voir et il est évidemment hors de question que j'aille manger, comme prévu, chez Amy et Zapata. C'est con (et triste), mais c'est impossible ; c'est au-dessus de mes forces !
Au Corto. — Ce soir, le Corto est un désert. Au bar, une jeune serveuse que je n'ai jamais vue* discute avec deux copines. Je m'installe à l'une des tables de l'arrière-salle, commande une Westmalle Triple, sors mon ordinateur, m'en vais demander s'il y a le Wi-Fi dans le bar, reviens à ma table, m'en vais à nouveau demander quel est le code du Wi-Fi, reviens à ma table et bois ma Westmalle par à-coup, ressassant ce moment où elle a pris le volant de façon autoritaire : « Maintenant c'est fini ! » Quelle drôle de soirée ! Et pour couronner le tout, je pense que les deux copines du comptoir se foutent de ma poire... — Plus d'une heure plus tard, de retour à l'appartement après de nombreux détours en bus, je lâcherai à Mary, du fond du cœur : « J'ai vraiment perdu ma journée ! »
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* Faut dire que je n'y ai plus mis les pieds depuis (si l'on en croit ce journal) le 15 avril 2012.
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