Lorsque je m'intéresse à quelque chose, quel que soit ce « quelque chose », je le fais toujours de manière radicale ; je m'y intéresse vraiment. Est-ce à dire que je m'y intéresse avec passion ? Non : le terme est ici particulièrement mal choisi car j'associe la passion à quelque chose de chaud, d'impulsif et de corporel. Or, nulle passion ne me traverse pour l'instant : je suis en plein dans le froid, dans l'analyse et (sans doute trop) dans l'intellectuel ; dans une période faste donc. Faste mais froide. — Et voilà que je recommence : je digresse à coup de tirets cadratins ! — La focalisation idiote du moment* se nomme Fatecraft. C'est un jeu en ligne auquel je joue en compagnie d'amis (anciens et actuels) de la glorieuse alliance MonLégionnaire. Il se déroule dans un monde imaginaire et fantastique de style médiéval (vu l'utilisation de la pierre dans les constructions et le développement des villes, du commerce et des corporations, l'action, si elle se situait en Europe, se déroulerait à n'en pas douter à la fin du Moyen Âge). Réalisé avec un certain perfectionnisme et un sens du travail bien fait par une équipe indépendante originaire de Québec, ce jeu possède un aspect addictif tout en n'étant curieusement pas chronophage : on se balade sur une carte, on remplit des quêtes, on se spécialise dans un ou plusieurs métiers, mais on n'est pas obligé d'être tout le temps en ligne ; on programme sa journée de jeu puis on vaque à ses occupations quotidiennes. L'addiction est donc totalement différente de celle d'un World of Warcraft ; elle est en grande partie intériorisée : dans la rue, dans le tram, dans le train ou dans mon lit, je réfléchis, sans être connecté, aux prochaines actions que je vais accomplir, à la meilleure manière d'optimiser ma journée de jeu... Et tout bien réfléchi, c'est peut-être encore pire ! (À suivre.)
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* Non pas que je renonce à la philosophie car, en parallèle, je continue à lire. Je dévore en ce moment (entre autres) la Généalogie de la morale et je suis désespérément à la recherche de l'édition complète des Parerga et Paralipomena.
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