Au « Flandre » à Namur, en début d'après-midi. J'attends la fin des cours de Gaëlle, assis à ma place habituelle (rangée du fond, à deux tables de distance du couloir menant aux toilettes) et je dévore un délicieux steak frites saignant à la sauce Archiduc accompagné, à défaut d'Orval, d'une Westmalle Triple. Le vieil homme directement à ma droite, vêtu d'un marcel à l'effigie de Johnny Hallyday (les serveurs l'appellent d'ailleurs Johnny) déguste une Rochefort 10 et me regarde de temps à autre. Il finit par me lâcher : « Didjou, t'es comme moi, m'fi : t'as bon appétit, t'aimes bien mingi ! » Je lui réponds que manger est une des plus grandes joies de l'existence. Il me raconte une partie de la sienne : il a septante-neuf ans et c'est un ancien tailleur pour hommes et dames. « Si t'as un problème avec une tirette, je te la refais ! Avant, je réparais les tentures aussi, mais j'ai arrêté parce que ça demandait trop d'espace... » Le vieil homme a également exercé le métier de disc jockey : « J'ai plus de trois mille "33 tours" et presque autant de "45" ! Tu me dis ce que tu aimes et je te le trouve ! » Il possède des éditions collector de Johnny, évidemment, mais aussi, déclare-t-il, des albums de Buddy Holly, de Pink Floyd, des Beatles ou des Who (qu'il prononce curieusement « les Waughts ») en parfait état. J'ai pris sa carte de visite, à tout hasard : inutile de faire semblant de ne pas être intéressé...
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