mardi 14 mai 2013

Éloge du couteau suisse

J'ai toujours adoré ces petites merveilles d'inventivité et de densité que sont les couteaux suisses. (Cette information est-elle en contradiction avec ce que l'on sait de moi, à savoir, entre autres, que je déteste l'armée et que j'ai les plus grandes difficultés à me frayer un chemin en compagnie de scouts ? Peut-être l'information est-elle « en contradiction », mais je m'en tamponne le coquillard !) — Enfant, je ne me promenais jamais dans les bois entourant la maison de famille sans mon fidèle Victorinox multifonctions comprenant, parmi des dizaines d'autres outils, un stylo à bille, une loupe et un mini-tournevis inséré à l'intérieur du tire-bouchon (la présence de ces trois outils-là constituait un véritable émerveillement pour le gamin que j'étais). Ce canif haut de gamme m'avait été offert par mes parents lors d'un de nos nombreux périples au Grand-Duché de Luxembourg. (Était-ce à Esch-sur-Sûre ou à Vianden ? Je pense que c'était à Esch, mais je n'en suis plus sûr.) — Ce que j'aime dans ce concept de couteau suisse, c'est que celui-ci n'a pas pour vocation d'être spécialisé, c'est-à-dire dédié à une tâche unique (comme pourrait l'être un simple couteau à cran d'arrêt, par exemple) mais au contraire d'être généralisé afin de répondre à un très grand échantillon de situations différentes. Avec un couteau suisse, je peux couper de la viande, écailler un poisson, scier une branche, coudre, mais aussi ouvrir une bouteille de vin, décapsuler une bouteille de bière, me curer les dents ou encore me limer les ongles... — Cet objet s'adapte à tout et c'est pour cela que je l'aime, presque par principe ! Si je devais me réincarner dans un objet, ce serait à coup sûr dans un couteau suisse... Car, après plus de trente ans d'existence aléatoire, j'ai fait une belle grande croix sur l'idée même de spécialisation, qui ne me convient absolument pas : à l'instar du couteau suisse, je veux être un putain de généraliste. Je veux pouvoir m'intéresser un jour à Wagner et un autre à la façon dont se forment les cyclones ; un jour à la philosophie allemande et un autre aux quasars ! Je veux être en mesure de tout comprendre. Ce ne sera jamais qu'une compréhension très superficielle, mais cette superficialité-là, si je la compare à ce que j'appelle, depuis la petite cabane de mon propre entendement, « la superficialité », me convient parfaitement.

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