Simple comme bonjour. — Je suis au bureau ce matin. C'est rare. C'est le branle-bas de combat pour terminer à temps la mise en page d'un important dossier de reconnaissance accompagné de ses annexes. Une fois reliés, les deux volumes me font penser à la fin de ce vieux sketch des Inconnus intitulé « Simple comme bonjour » ; plus précisément à ce moment où le présentateur, pince-sans-rire, offre en compensation au perdant les deux imposants tomes de la règle du jeu. Nous ne sommes pas encore arrivés à cette extrémité-là, mais nous nous en rapprochons dangereusement.
« Sortez de ma salle de bain ! » — Au « Flandre », à Namur, sirotant un café en attendant la fin des classes de primaire, j'écoute le serveur raconter à un habitué les dernières anecdotes croustillantes du lieu. — « Je venais de prendre mon service, de bon matin, et voilà qu'une cliente vient me trouver : "Monsieur, il y a une femme nue dans les toilettes !" Je demande à ma collègue d'aller vérifier (moi, je ne rentre pas dans les toilettes des dames, hein !). Et effectivement, il y avait vraiment une femme nue dans les toilettes, remplie de mousse de la tête aux pieds ! "Sortez de ma salle de bain !", qu'elle disait. J'ai directement téléphoné à la police... "Vous avez une femme nue dans vos toilettes ? Vous en avez de la chance !", qu'ils m'ont lâché au téléphone... Ils ont envoyé une équipe mixte. La policière a eu le plus grand mal à l'appréhender. "Sortez de ma salle de bain !", qu'elle criait sans cesse. En fait, elle s'était échappée de l'hôpital psychiatrique... » — « Un soir, j'ai aussi eu un gars qui avait dépecé un mouton et qui l'avait mis sur sa tête. Il avait placé la peau du mouton sur sa tête comme un homme des cavernes ! Il entre et me lance, imbibé d'alcool : "C'est un discothèque, ici ?" "Non, non, ce n'est pas une discothèque", que je lui réponds... Il s'en va, puis il revient à la charge : "C'est une discothèque, ici ? On peut danser ?" Et il commence à faire des gestes comme pour danser, avec sa peau de mouton sur la tête... C'était vraiment impressionnant, je te jure ! »
Collecte de copains. — Je reviens un peu plus tard à la même brasserie avec Gaëlle. Avant de retrouver son amie Colombine pour des parties de Nintendo 3DS, ma fille me déclare, fièrement : « Tu sais, maintenant, j'ai cent copains ! J'en ai collectés neuf nouveaux ces deux dernières semaines ! » — Elle me parle d'amours comme de pièces étoilées dans Super Mario.
Restaurant. — « Ça te dit d'aller au restaurant ce soir, Gaëlle ?
— Oh oui, au restaurant, au restaurant ! »
Je l'emmène à La Porteuse d'Eau à Saint-Gilles. Elle est très calme et discute posément. Je lui explique la première fois où Maïté et moi avions été manger à l'extérieur avec elle, alors qu'elle n'avait pas encore un an. Elle avait dormi durant tout le trajet en Maxi-Cosi et avait pleuré dès notre arrivée dans ce restaurant vietnamien de la rue Dejoncker, à Bruxelles. Un coup classique : la poussette s'arrête, le bébé pleure.
« Pourquoi est-ce que je me suis mise à pleurer ?
— Si on l'avait su, on aurait peut-être réussi à t'arrêter ! »
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