Revolutio. — À chaque fois que je découvre un jeu vidéo de plates-formes original, je pense que ce sera le dernier : le genre est tellement ancien ! Comment peut-on encore faire la révolution à l'intérieur d'un monde en apparence aussi rouillé que celui des jeux de plates-formes ? La réponse est contenue dans la question : c'est parce que le monde est vieux que la révolution y est possible.
A Mundo Condito. — Avec Another World, sorti dans sa version finale en 1992, Éric Chahi n'avait-il pas déjà atteint un indépassable plafond d'intelligence et de graphismes ? Il a mis la barre très haut, certes, mais, plutôt que de plafond, cette barre a servi de plancher pour vingt ans de jeux de plates-formes riches en rebondissements et en dépassements ! Une vingtaine d'années après Another World, les jeux en deux dimensions appartenant à la vieille école n'ont rien perdu de leur superbe. Pour s'en convaincre, il suffit par exemple de jouer à Braid (2009), chef-d'œuvre poétique signé Jonathan Blow, intégrant une troisième dimension (le temps) à la traditionnelle 2D. (De ma découverte de Braid en juillet 2011, curieusement, ce journal ne garde qu'une simple et laconique mention.)
Limbo. — Aujourd'hui, je joue à Limbo. Une pure merveille. Aucune parole, aucun texte : dès le départ, on est plongé dans cet univers expressionniste en noir et blanc rappelant les films de Murnau ou de Fritz Lang. On dirige un pauvre petit garçon (une ombre noire tachetée de deux points blancs en guise d'yeux) qui se réveille au milieu des arbres et se met à courir. — Mais pourquoi diable court-il ? — Il traverse une forêt, une ville abandonnée et une usine. Un environnement très hostile : à chaque pas, il risque de se faire décapiter par des pièges dentés, perforer par la patte d'une araignée géante, électrocuter, déchiqueter par des scies circulaires, écrabouiller par des engrenages, etc. La fin est mystérieuse, mais le titre (Limbo pour « Limbes ») permet de se faire une idée. (À suivre.)
La mort ne se montre pas dans cet extrait,
bien qu'elle ne soit jamais bien loin.
Cosmo. — Dans la sitcom Seinfeld, que je découvre avec plus de vingt ans de retard (mais où étais-je donc dans les années 1990 ? Dans une caverne de Morlocks ?), le personnage de Cosmo Kramer est librement inspiré de l'humoriste américain Kenny Kramer. Jusque là, rien de drôle, me dira-t-on. Mais Cosmo partage également de nombreux points communs avec mon ami Vinge, et quand on remarque cela, c'est tout de suite beaucoup plus poilant, du moins pour qui connaît Vinge. — Cette façon de débarquer sans prévenir chez son ami et voisin (voir la courte vidéo ci-dessous) ; les cheveux hirsutes et les yeux grand ouverts ; les plans foireux qu'il échafaude à tout bout de champ... pour tout aussi vite les abandonner ; les tirades absurdes ; les grognements et les mimiques pour exprimer chacune de ses humeurs ; les lubies changeantes (manger les meilleurs melons de la ville, élever des oiseaux...), etc. C'est Vinge !
Cosmo Kramer fait son entrée à la sixième seconde.
J'ai beau regarder cette scène en boucle depuis dix minutes,
elle n'a toujours rien perdu de son potentiel comique.
(Ouverture éclair de la porte, glissade, et... retour au naturel.)
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