Intérim. — Liège, au matin. De jeunes vendeurs ambulants de l'agence d'intérim Adecco, tout de rouge vêtus, pullulent dans le hall de la gare des Guillemins et ses alentours immédiats pour vanter les mérites du travail temporaire chez les jeunes chômeurs. Comme d'habitude, je tente de les fuir, mais ils sont très nombreux et certains s'accrochent à moi comme des sangsues. Ai-je l'air d'un jeune chômeur ? Je les vois arriver de loin et pense pendant un bref instant utiliser la célèbre et hilarante méthode musclée du capitaine Rex Kramer dans le film Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (Airplane, 1980.) Je renonce cependant assez vite au combat physique, d'autant plus que je ne suis pas certain d'en sortir vainqueur, et opte pour ma stratégie personnelle n° 3 : le mépris total. Autrement dit, je fais comme s'ils n'existaient pas, comme s'ils ne tapissaient pas une partie importante de mon champ de vision avec leur combinaison rouge irritante et leur faux sourire. Je sais que mon comportement est très laid, mais il est proportionnel à un autre comportement tout aussi laid, qui s'appelle au mieux « publicité », au pire « endoctrinement ». Oh, comme je les déteste, ces commerciaux et autres propagandistes qui s'agglutinent autour de moi pour me convaincre de l'efficacité d'un produit ou de l'intérêt d'une cause, quelle qu'elle soit, et me faire signer leur contrat bidon, leur sempiternelle pétition ! — Cela dit, l'expérience sonore est très intéressante : leur voix prend du volume jusqu'à la rencontre, puis décroît lorsque je continue mon chemin comme si de rien n'était...
« Bonjour ! Adecco organise une campagne à destination des jeunes chô...
— Bonjour Monsieur ! Adecco organise une campa...
— Bonjour ! Adecco organise une campagne à destina... »
Repos pour l'esprit. — En congé cet après-midi. Il y a deux phases dans la préparation d'un repas : la première (les courses) est extrêmement épuisante car il faut que je n'oublie rien, que je vérifie que je n'ai rien oublié et que je trouve à chaque fois le bon produit ; la seconde (la cuisine) est la récompense de la première : tous les bons ingrédients sont là, étalés devant moi, et je n'ai plus qu'à les préparer, les découper, les transformer, les cuire... — La cuisine, comme beaucoup d'actes techniques, permet de ne plus penser à autre chose. La cuisine est un abandon : c'est un repos pour l'esprit.
(Il n'y a plus de moutarde de Dijon ! Je vais être obligé d'acheter de la moutarde Bister ! Que faire ? — Et je reste quelque deux minutes planté comme un idiot devant le rayon « Condiments » du supermarché, sans trouver de solution satisfaisante à mon problème.)
(Il n'y a plus de moutarde de Dijon ! Je vais être obligé d'acheter de la moutarde Bister ! Que faire ? — Et je reste quelque deux minutes planté comme un idiot devant le rayon « Condiments » du supermarché, sans trouver de solution satisfaisante à mon problème.)
2+4=4. — Mary et moi accueillons quatre invités ce soir à l'appartement : Léandra et Andrew. (Ou : quand la décision de ne plus parler du tout de deux amis entraîne des erreurs d'arithmétique.)
Les carbonnades flamandes de papy Hamilton. — Le secret, c'est un pain au miel grassement tartiné de moutarde de Dijon Bister que l'on place dans la cocotte en début de cuisson. Et la bière, c'est une grande bouteille de Chimay bleue « Grande réserve » : j'ai essayé avec de nombreuses autres, mais ça n'a jamais aussi bien marché.
À propos du mariage. — Dans une discussion en début de soirée, cette question : pourquoi suis-je contre le mariage, à titre personnel ? — C'est très simple : mes relations, tant amoureuses qu'amicales d'ailleurs, n'ont pas à être approuvées ou régies par quoi ou qui que ce soit d'autre que moi-même et la (ou les) personne(s) avec qui j'ai noué ladite relation. L'État, l'Église, la société, etc. sont totalement extérieurs à la chose. Par ailleurs, je réfute l'idée qu'un lien humain soit gravé dans l'airain jusqu'à la mort d'un des protagonistes, ce que semble parfois encore sous-entendre aujourd'hui, malgré les nombreux divorces, l'idée même de mariage. — En une phrase : je ne désire ni reconnaissance d'une relation amoureuse par un tiers, ni projection de cette relation dans un futur qui n'existe pas encore. Voilà qui est dit ! (En ces années de célibat, le dire n'engage pas à grand-chose, soit dit en passant.)