Martyre. — Donc, je voulais absolument que notre tranquille séjour à Chiny prenne place dans un environnement fantasmagorique (dans ce journal à tout le moins), d'autant plus que l'atmosphère mystérieuse de la Gaume et de l'Ardenne s'y prêtait merveilleusement bien. Nous devions être, Léandra, Andrew et moi-même, les dignes héritiers de Robert Olmstead découvrant petit à petit l'effroyable secret d'Innsmouth dans l'œuvre de Lovecraft. (Tu ne t'étais pas trompé, mon vieux ! Et encore merci pour tes nombreuses marques de soutien, qui me furent d'une très grande aide !)
Comme d'habitude, je n'avais aucun plan préétabli, ce qui explique que l'histoire part dans tous les sens et possède ses nombreuses contradictions. De toute façon, en l'occurrence, je ne pouvais pas faire de plan car chaque journée devait prendre pour point de départ des événements réels.
De minuit à quatre heures du matin, à l'exception de la nuit du Nouvel An, je m'installais à la table de la salle à manger ou dans le salon du gîte pour écrire une journée. J'avais en tête les endroits que nous avions visités ainsi que les quelques recommandations de Léandra et d'Andrew, qui lisaient l'histoire au fur et à mesure. À chaque balade, je m'évertuais à intégrer la nouvelle découverte (le pont, la chapelle, le rocher du Hat, la roche du Corbeau, les Neuf Hêtres, le cimetière...) dans un schéma d'ensemble, avec plus ou moins de pertinence.
Je garde un excellent souvenir de ce séjour à Chiny, mais un beaucoup moins bon de cet exercice d'écriture dans l'urgence. Quel calvaire ! J'accumulais les mystères mais ne trouvais aucune manière de les résoudre ! Que faire ? En outre, je savais que de fidèles lecteurs attendaient la suite, croyant sans doute que l'histoire suivait une trame définie bien à l'avance... Mais cette trame n'existait tout simplement pas.
Tout devint plus clair et surtout beaucoup plus amusant pour moi lors de la rédaction des deux derniers jours, quand je me suis placé dans la peau d'un psychopathe sadique rejoignant la secte des Omonoks. Je me suis remis à écouter en boucle le Dies Iræ et le Rex Tremendæ du Requiem de Mozart et j'ai écrit très rapidement les deux derniers articles (le septième jour et l'épilogue). La séquence durant laquelle je discute avec le moine cistercien à travers la porte d'entrée est une référence appuyée à la chanson « Good Morning, Captain » de Slint. Quant à l'ultime question : « Est-ce que je poignarde Léandra à la fin, oui ou merde ? », eh bien, p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non ! (Il m'arrive d'être Normand, moi aussi.)
La vérité sur les Omonoks. — D'où vient donc le terme « Omonoks » qui apparaît à de multiples reprises dans ce journal au cours de cette « romance de l'hiver » ? Réponse : d'une suggestion de restaurant, tout simplement ! L'après-midi du 30 décembre 2012, au Moulin Cambier, à Chiny, écrit à la craie sur un tableau noir, le dessert suivant : « Pithiviers aux amandes ». Cependant, la personne en charge du remplissage du tableau utilisait une bien curieuse graphie : ses « a » ressemblaient à des « o » et la hampe de son « d » était décollée de la lettre tout en touchant le « e » (voir reconstitution ci-dessous). « "Pithiviers aux omonoks" ? Mais qu'est-ce que c'est, des omonoks ? », s'était exclamé Andrew... Et le terme est resté !
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