Comme d'habitude, il est à peine dix-huit heures mais la salle d'attente est déjà presque remplie lorsque j'arrive. Peu importe : j'ai de quoi lire et écrire, donc je peux patienter toute la soirée s'il le faut. La pièce sera entièrement comble vingt minutes plus tard. Des gens sonnent, ouvrent la porte, voient la foule et font demi-tour. De temps en temps, le docteur sort de son cabinet et lance à la cantonade de sa voix aiguë : « Si ce n'est pas urgent, vous pouvez revenir demain, hmmm ? »
Six patients et deux heures plus tard, arrive mon tour... J'explique ma situation au médecin :
« Depuis environ deux mois, j'ai des douleurs lancinantes ici (je montre du doigt le côté inférieur droit de ma cage thoracique). Rien d'insupportable, mais voilà : ça n'a pas l'air de vouloir s'en aller... Il y a un an, je me suis fait enlever la vésicule biliaire et...
— Oui, oui, la vésicule biliaire... Il ne faut pas laisser traîner, hmmm ?
— Oui. C'est ce que vous m'aviez dit...
— Des calculs à la vésicule biliaire, c'est une douleur à se rouler par terre... Est-ce que ça vous fait mal de la même manière ?
— Oh non, pas du tout... C'est plus une gêne qu'une forte douleur cette fois-ci. Mais parfois, ça me lance à d'autres endroits, des deux côtés de l'abdomen...
— Est-ce que vous avez grossi ?
— Grossi ? Euh... Oui.
— C'est peut-être simplement ça. Quand vous grossissez, les côtes sont compressées et ça peut faire mal...
— Ha.
— C'est un problème mécanique, Monsieur Evenvel. Mé-ca-ni-que. Il faut maigrir ! »
(Je ne crois pas vraiment à son explication, même si ça me rassurerait de savoir que ce n'est qu'un problème de poids.)
Il me fait aller sur la balance... 87 kg... « Ha ouais, quand même : j'ai pris 13 kilos en un an ! » Il prend ma tension : « 17/12, 110 pulsations par minute », constate-t-il. « C'est trop. Beaucoup trop, Monsieur Evenvel. Vous avez déjà deux facteurs de risque : le poids, l'hypertension... Vous êtes jeune. Il faut prévenir maintenant pour empêcher les problèmes plus tard...
— Je travaille beaucoup en ce moment... Il y a peut-être un facteur "stress" ?
— Oui, oui, c'est toujours la faute du facteur, hmmm ? »
(Petit comique, va !)
Il prend un post-it et y note une liste d'aliments : « Sel », « Sucre », « Viande rouge », « Graisses animales », « Pain blanc » et « Bière ». Ensuite, il trace une grosse croix au travers des différents termes avant de donner le papier. « Vous arrêtez tout ça, et vous êtes tranquille ! » Je me dis que ce n'est pas très compliqué, sauf pour la bière évidemment, mais je décide tout de même de prendre mon médecin au mot : je verrai combien de temps j'arriverai à tenir. Si je veux arrêter quelque chose (ou entreprendre quelque chose), je ne dois pas postposer, je dois le faire maintenant.
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