Limites. — « Oh, rassurez-vous, mon article s'arrêtera strictement à 25 pages ! », déclarais-je, confiant, en avril dernier, lors de la traditionnelle pause café du matin à mon boulot. Six mois plus tard, alors que je
m'apprête, contraint et forcé, à y apposer un point final, à combien de
pages suis-je arrivé ? Presque cinquante ! (Et encore, c'est parce que
j'ai triché en faisant passer la police de caractères de 12 à 11 ! — ce qui est très con, nous en conviendrons.)
Et dire que parfois, je me vante d'être concis !
Faut
dire, pour ma défense, que j'ai dû intégrer dans cet article une bonne trentaine
de paragraphes, rédigés par mes collègues, concernant le déroulement de
conflits syndicaux spécifiques. Ces gens-là sont des perfectionnistes
qui ont le sens du détail ; dès lors, même s'il est explicitement
spécifié dans le cahier des charges que l'exhaustivité n'est nullement
requise, c'est à peine si, en guise de mise en contexte, ils ne traitent
pas de l'implantation néolithique de l'entreprise dont ils doivent
raconter l'histoire syndicale. (Il s'agit là d'un compliment de ma part, faut pas croire !)
Si je
rajoutais à mon article l'interligne qui sied aux travaux
universitaires, j'arriverais sans doute à un nombre de page supérieur à
celui de mon propre mémoire de fin d'étude. (Fort heureusement, il ne s'agit pas d'un travail universitaire.) Ma seule consolation est de me dire que
l'information qui s'y trouve (basée sur des interviews d'acteurs
syndicaux de premier plan, sur des archives et sur le dépouillement
méticuleux de divers périodiques) est assez inédite pour ne pas être
totalement barbante.
Suivi. — « Mais quelle est donc cette atrocité ? » : telles sont à chaque fois mes premières pensées lorsque je suis confronté au fameux suivi des modifications de Microsoft Word. Le principe est le suivant : je rends un texte constitué de caractères noirs sur fond blanc et, quelques jours plus tard, je le retrouve constellé de ratures, de surlignages et de bulles de commentaires multicolores. Lorsque je reçois un tel document, mon but dans la vie est de revenir le plus vite possible à la version en noir et blanc, ma sacro-sainte version en noir et blanc, celle dans laquelle tout est — ou semble être — résolu.
Quand j'écris, je veux que tout soit droit et ordonné ; que tout soit aligné et justifié... Et surtout : je ne veux pas qu'il y ait une rature autre que celle que j'ai intégrée dans mon texte parce que je trouvais intéressant de l'intégrer. Je ne veux pas d'indécision. Le suivi des modifications de Word est de l'indécision à l'état pur. Pire : c'est du sadisme de la part des concepteurs de ce logiciel.
Ô bonheur ! Pour le présent journal, nulle indécision, nul workflow ! J'écris ce que je veux, je fais ce que je veux... Et surtout : au centre, du noir et du blanc ; et à la périphérie, ce qu'il faut de rouge (en titre) et de gris (en marges). — Une forme simple, sans fioritures. (Le jour où je commencerai à mettre ici-même des titres clignotants et des couleurs acidulées, par pitié, achevez-moi !)
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