φ. — « Pourquoi diantre t'obstines-tu à composer de telles tartines indigestes et par conséquent prendre un retard considérable dans l'écriture de ton blog ? Pourquoi ne parles-tu pas de Kant vendredi, de Schopenhauer le samedi et des poulpes le dimanche ? » — Parmi les réponses qui me sont passées par la tête, je pense que la plus vraie est : « Parce que le titre "Emmanuel, Arthur & les poulpes" sonnait particulièrement bien. »
Je suis beaucoup plus superficiel lorsque je suis globalement heureux, et inversement. En ce sens, mes années de couple ont sans doute été parmi les plus superficielles et les moins productives de ma vie. A.S. donne l'explication suivante, qui vaut ce qu'elle vaut : « il est plus facile à l'intellect de [se] soustraire [à la volonté] dans des conditions personnelles défavorables, car il s'empresse de se détourner des circonstances fâcheuses, comme pour se distraire, et n'apporte alors que plus d'énergie à se diriger vers le monde extérieur et étranger, c'est-à-dire a une tendance plus grande à devenir purement objectif. »
Platon, Kant, Schopenhauer, etc. : tous ces philosophes ne peuvent se dépêtrer de leur schéma de pensées dualiste (terrestre/céleste, a priori/a posteriori, analytique/synthétique, volonté/connaissance pure, etc.). Le plus souvent, ils prennent une série de mesures abstraites situées quelque part entre les deux extrémités opposées d'une règle graduée idéale ; ou bien ils disent : « Ce concept entre dans telle catégorie ; celui-là, au contraire, entre dans l'autre. » Mais rien de tout cela n'existe. L'on pourrait ainsi choisir une tout autre règle ou, plus radicalement, n'en choisir aucune.
Nous avons, tout comme ceux-là, le plus grand mal à ne pas penser par paires opposées (gentil/méchant, honnête/malhonnête, etc.). De la même manière que le système décimal est en rapport avec nos dix doigts, l'idée d'une monde binaire a-t-elle été puisée dans l'anatomie humaine ? « Deux bras, deux jambes, deux yeux, deux seins, deux testicules, etc. » ? — Non : je pensais plutôt au fait que la reproduction humaine repose sur deux sexes, l'un étant, physiquement parlant, une sorte de contraire de l'autre. Si nous avions dû être à plus de deux pour créer un nouvel être, selon des modalités totalement différentes de celles qui consistent à faire en sorte qu'un organe s'emboîte dans un autre, peut-être notre vision du monde en aurait été complètement modifiée ? (À l'instar de la règle idéale susmentionnée, cette question ne repose sur rien.)
β. — Pour fêter (en avance) les sept ans de ma fille Gaëlle, mes parents ont invité ce samedi une partie de ma famille maternelle : grand-mère, oncle et tante, cousins, petit(e)s cousin(e)s. En tout, dix-sept personnes qui, dès dix-sept heures, se partagent un menu gargantuesque et hétéroclite préparé par ma mère : des dizaines et des dizaines de sandwiches, des scones (petits pains anglais à tartiner qu'elle a découverts lors de son voyage dans les Cornouailles), des gâteaux, de la mousse au chocolat, un autre gâteau (!) et enfin, pour terminer... de la soupe à l'oignon ! Curieux mélange.
Gaëlle reçoit ses cadeaux puis disparaît dans sa chambre avec les autres enfants pour le reste de la soirée. De mon côté, je suis toujours malade et j'effectue de constants aller-retour entre le divan et la table. La discussion, assez vulgaire, tourne soit autour du sexe, soit autour d'autres sujets qui ne m'intéressent pas du tout (comme l'émission télévisée The Voice). L'extrémité de la table où je me situe est appelée le « côté élitiste » — faut dire que j'en tiens une bonne couche pour le moment !
Aspect particulier de la soirée : me rappelant la promesse que je m'étais faite en sortant du cabinet de mon médecin généraliste mercredi dernier, j'essaye de ne pas boire d'alcool... Pari raté : je bois tout de même un verre de Prosecco, une première Maredsous et... une seconde apportée par mon père, par habitude. Enfin ! C'est tout de même beaucoup moins que les dizaines de verres que je m'enfile habituellement dans ce genre de soirée.
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