lundi 10 septembre 2012

Chère J. (ou M. ?),

Connais-tu la légende de la création du Saint-Maurice, cette rivière sinueuse qui se jette dans le Saint-Laurent à hauteur de Trois-Rivières après de très nombreux méandres ? La voici... Un vieil Attikamek du nom de Moowis, voyant sa mort arriver, décida de se retirer dans les bois, comme le voulait la tradition de son peuple. Installé en forêt autour d'un feu de camp à proximité des rives d'un lac sur lequel il avait laissé son canot, s'apprêtant à passer de vie à trépas, son instinct de chasseur fut réveillé par des bruits dans la nuit : des loups affamés, qui attendaient l'extinction de son feu de camp pour l'attaquer ! Refusant de laisser son corps et son esprit à la meute, le vieil Indien invoqua Wendigo, la créature maléfique protectrice des Algonquins et des autres peuples de la région.

« Redonne-moi la vigueur de mes vingt ans, lui demanda-t-il, et tu feras de moi ce que tu voudras !
— Tourne la pointe de ton canot vers le soleil levant, lui répondit le puissant esprit, et pagaie à travers les terres qui s'ouvriront... Lorsque tu atteindras le fleuve aux grandes eaux, tu mourras ! » 

Mu à nouveau par la force de la jeunesse, Moowis traça alors à travers la forêt, contournant maintes collines en direction du majestueux Saint-Laurent, dessinant dans le même mouvement le lit d'un nouveau cours d'eau. Mais tandis qu'il se rapprochait du grand fleuve, sachant qu'il allait mourir une fois arrivé à destination, le vieillard se mit à serpenter de plus en plus, créant les curieux détours qu'emprunte encore aujourd'hui le Saint-Maurice avant d'atteindre l'embouchure. Son corps finit par être englouti dans les profondeurs du fleuve.

Ce matin, nous avons visité les énormes anciens réservoirs à eau de la vieille papeterie abandonnée, situés sous le fantastique musée Boréalis (Centre d'histoire de l'industrie papetière), à la lisière de la ville et au bord de la rivière, à la recherche de l'esprit de Moowis. En vain ! D'après quelques Trifluviens bien informés, son fantôme se cache plus profondément encore et ne se laisse que très difficilement approcher...

Bonjour à la famille, bisous au petit bout de chou !

H.

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