Sur le temps de midi au travail, nous discutons entre autres des biscuits apportés ce lundi par notre présidente bien aimée — hem, il y a peu de chance qu'elle lise ces lignes mais au cas où ce serait le cas, je ne veux pas m'attirer les foudres des hautes sphères décisionnelles. J'ai trouvé ces biscuits totalement répugnants. Je dis donc à table : "Ces biscuits sont totalement répugnants." Sylvette me reprend :
— "Tu trouves qu'ils sont répugnants" et non : "Ils sont répugnants" !
— C'est quasiment la même chose.
— Non ! Dans ton cas, tu affirmes ce qui semble être une vérité absolue alors que dans l'autre, tu donnes un avis subjectif.
— La subjectivité est clairement sous-entendue dans ma phrase. Si je dis : "Ce gâteau est délicieux", je sous-entends évidemment que je le trouve délicieux. Comment pourrait-il en être autrement ? Quand il s'agit de goûts, irrémédiablement, je ne peux parler que pour moi-même, non ? Je ne suis pas dans le cerveau des autres.
— Raison pour laquelle tu dois dire : "Je n'ai pas du tout aimé ces biscuits", par exemple.
— C'est du pareil au même. Tout le monde comprend que c'est un avis personnel, que ça ne peut être qu'un avis personnel, même si je ne le précise pas.
(On tourne un peu en rond.)
— Non. Par politesse, ça ne se fait pas.
— Ha ! Voilà ! En fait, c'est une question de politesse !
— Ben oui.
Si c'est une question de politesse, nous sommes dans un tout autre registre. La politesse ne fait qu'adoucir le langage ; elle permet de décrire la même chose mais en l'enrobant de miel (ou de vaseline ?). Si je peux dire sans aucun problème à quelqu'un : "Tes biscuits sont délicieux !" (dans ce cas, la personne comprendra aisément que je trouve ses biscuits délicieux, sans que je doive ajouter dans ma phrase un quelconque pronom personnel), la politesse veut apparemment que je lui dise lorsque le jugement est négatif : "Je trouve que tes biscuits sont répugnants".
Je dois donc souvent passer pour (au mieux) quelqu'un de franc, (au pire) un gros impoli, tant je n'aime pas, dans le langage courant, recourir à des débuts de phrase utilisant des "Je pense", "Je crois" ou "Je trouve"...
* * *
Le soir, à la Fleur en Papier doré, devant une Kapittel brune et un bon repas (des boulettes sauce tomate accompagnées de frites), je mentionne cette bête histoire de biscuits répugnants à Emily. Elle me répond :
— Le "je trouve que" est clairement sous-entendu.
— Ha !
— Mes parents m'ont reprise pendant des années parce que je disais la même chose. Ils affirment que c'est impoli de dire "Ce n'est pas bon"... Qu'il faut dire : "Je trouve que ce n'est pas bon".
Haaaa, les méandres de la politesse...
* * *
Emily a hâte d'être en vacances. Dans 8 jours, elle partira en week-end à Paris avec son frère et sa sœur, puis passera une semaine en famille du côté de Poitiers, reverra certains vieux amis et, pour finir en beauté, participera à un mariage le week-end d'après. Aucun rapport mais elle a rêvé cette nuit que toutes ses collègues étaient enceintes. À la question : "Et toi-même, dans ton rêve, étais-tu aussi enceinte ?", elle est incapable de répondre car elle ne s'est pas vue dans son propre songe...
Léandra est sortie du cours qu'elle devait donner aujourd'hui soir et me téléphone pour savoir si, à tout hasard, je ne suis pas près de chez elle, comme au Potemkine ou à la Maison du Peuple... Hé non : je suis dans le Centre-ville avec Emily, donc. Petit "ha" dépité. Pas question pour Léandra de reprendre les transports en commun pour nous rejoindre. Nous ne la verrons donc pas aujourd'hui...
Walter, quant à lui, a raté la voiture d'Emily. S'il veut nous rejoindre, il devra lui aussi utiliser les transports en commun. Nous supputons donc qu'il ne viendra pas. Erreur : il arrive vers 21 heures.
Walter a le Congo en tête. La semaine qu'il a passée dans ce pays l'a apparemment fort marqué. Il explique qu'un des gars de son ONG à Kinshasa (un Parisien — le détail est important) lui a affirmé que la Belgique était un "sous-pays". Walter raconte également sa discussion avec un Congolais de 22 ans qui lui a demandé s'il était célibataire. — Oui. — Réponse du gars : "Si ça dure, c'est qu'il y a des vices cachés." Haha !
Walter a le Congo en tête. La semaine qu'il a passée dans ce pays l'a apparemment fort marqué. Il explique qu'un des gars de son ONG à Kinshasa (un Parisien — le détail est important) lui a affirmé que la Belgique était un "sous-pays". Walter raconte également sa discussion avec un Congolais de 22 ans qui lui a demandé s'il était célibataire. — Oui. — Réponse du gars : "Si ça dure, c'est qu'il y a des vices cachés." Haha !
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