samedi 1 octobre 2011

Samedi Spelunky

– Gaëlle, tu veux aller faire un tour dehors ?
– Non, merci.
– Gaëlle, ça te dirait d'aller jouer une heure au parc ?
– Non, merci.
– Gaëlle, tu veux dessiner ? Regarder un dessin animé ?   
– Non, merci.
– Et sinon, ça va ? Tu ne t'ennuies pas ?
– Oh, non je m'amuse super-bien avec Spelunky !
Voilà : après le "pique-nique Spelunky" d'hier soir, place au... "samedi Spelunky" ! Ma fille ne joue plus qu'à ça : c'en est presque devenu compulsif ! Parfois, lorsqu'elle en a marre de mourir, loin de vouloir arrêter le jeu, elle me demande de prendre le clavier et de jouer à sa place. "Pendant que tu joues", me lance-t-elle, "je te dirai ce qu'il faut faire pour éviter les serpents, les flèches et les pics".

Spelunky, c'est donc ce "bête" jeu indépendant, gratuit, créé par Derek Yu (un des développeurs derrière le très beau "Aquaria" – dont il faudra que je reparle un de ces jours aussi) et qui aurait pu sortir à la fin des années 80, mais non : le jeu date de 2008. Le but : explorer des cavernes remplies d'or, de pierres précieuses et de monstres, en prenant les commandes d'un aventurier dans le pur style d'Indiana Jones... En effet, comme ce dernier, le héros a un beau chapeau, un fouet et ne supporte pas les serpents (il a également un nez rouge, comme le remarquera Gaëlle, mais ça n'a rien à voir). La référence à Indiana Jones est plus subtile encore : le surnom du célèbre archéologue est "Indy", comme dans... "indie game". Oui, oui : derrière le gros pixel, se cache la subtilité et l'humour. 


Ce jeu a ceci de particulier que chaque nouvelle partie est différente, car les plateaux sont créés de manière aléatoire. Ainsi, à l'intérieur d'une zone de difficulté donnée, on retrouvera le même genre de monstres, de structures, de trésors, de marchands, mais jamais disposés de la même manière. Il s'agit là d'une différence de taille avec les jeux de type "Super Mario Bros" (pour ne citer que le plus connu), dans lesquels un joueur expérimenté, connaissant le monde comme sa poche, peut avancer les yeux fermés ou presque.

En découvrant ce jeu la semaine dernière, je me suis dit : "Ouais, bon, Hamilton, c'est un jeu de plate-formes comme plein d'autres, qui n'est a priori pas très addictif". Mais après en avoir pris les commandes bien en main ce week-end (simplement pour faire plaisir à ma fille), je suis revenu sur mon jugement... Ce jeu est dans une certaine mesure addictif : il est extrêmement bien équilibré et, comme beaucoup de bons jeux, il contient des secrets, des mystères ainsi que des niveaux et des personnages cachés dont l'obtention me demandera sans doute des heures et des heures de pratique. Ha ben merde alors !

Créer un jeu de cette trempe est donc bien plus complexe qu'on ne le pense... C'est ce que décrit très bien cet article détaillé (en anglais), montrant notamment en quoi la dynamique équilibrée de Spelunky en fait un très bon jeu.

* * *

En plus de jouer à Spelunky, ma fille mange de temps en temps. Ce soir, il a donc bien fallu sortir de notre caverne de Morlocks pour aller chercher de la nourriture. Gaëlle voudra que je lui cuisine de la chipolata et de la compote de pommes. C'est très simple à faire : ça me change des carbonnades flamandes.

Nous sortirons même une seconde fois, en fin de soirée, pour rejoindre Léandra et Andrew, "en transit" au Bar du Matin. Ces deux-là ont décidé de se rendre ensuite dans le Centre-ville afin de participer aux Nuits blanches bruxelloises, avec Emily et Walter. Pour ma part, je passe forcément mon tour car je me vois mal me trimballer jusqu'à deux heures du matin du côté de la Bourse avec ma fille de six ans sur les épaules. Gaëlle boit une eau-grenadine. Léandra offre un verre et je boirai un Orval (pour changer). On reste une grosse heure puis Emily embarque tout le monde (sauf Gaëlle et moi) devant la porte de mon appartement.

Pour endormir ma fille (tu parles !), je lui lis une série d'histoires de Schtroumpfs intitulée "Roméos et Schtroumpfette" (troisième et dernier récit de L'Apprenti Schtroumpf, 1971). En résumé : c'est le printemps, la sève monte dans les arbres et tous les Schtroumpfs – y compris le Grand Schtroumpf, ce vieux pervers de 542 ans – ont envie de se taper sortir avec la Schtroumpfette. Les petits Schtroumpfs sont tous un peu dans le genre "amoureux niais" ou "chevalier servant". Le Grand Schtroumpf, lui, drague la Schtroumpfette en ces termes : "Je ne suis plus un bleu, mais je suis encore très vert, malgré mes cheveux blancs ! Et puis, vous deviendriez Grande Schtroumpfette !". Mais la Schtroumpfette s'en fout : elle est très réticente. À la fin de l'histoire, elle ne sortira donc avec personne. Tous les Schtroumpfs seront juste bons pour rentrer se masturber dans leurs petits champignons ridicules. Mais ça, l'histoire ne le dit pas (c'est un livre pour enfants).

Quand je lis cette histoire à Gaëlle (sans lui raconter toutes les hypothèses scabreuses ci-dessus), elle est capable de se souvenir, presque mot pour mot, de ce que certains phylactères contiennent, avant même que je ne les lise. Niveau "mémoire", elle m'impressionne toujours autant.

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