mardi 18 octobre 2011

Rock, etc.

Ce soir, je suis invité à un souper chez Mary.
C'était son anniversaire il y a deux semaines environ.
En fin d'après-midi, je me rends chez Caroline Music, dans le passage Saint-Honoré, près de la Bourse de Bruxelles, pour lui acheter un cadeau. C'est presque l'heure de fermeture : je me précipite dans les bacs, onglet "S" et j'extrais en quadruple vitesse un CD : Spiderland de Slint. Quoi ? Encore Spiderland ? Ça vire à l'obsession malsaine, Hamilton ! Mais non, mais non : Mary m'a demandé il y a quelques mois quel était "cet album fondateur du post-rock", qu'elle a vu chez moi en vinyle... Et je lui ai évidemment parlé de Spiderland qui, avec Laughing Stock de Talk Talk, sorti la même année (1991), est considéré comme une des pierres angulaires du mouvement (on pourrait aussi considérer certains groupes allemands de krautrock des années 70 comme des précurseurs encore plus précoces du post-rock, mais c'est une autre histoire, que je ne développerai pas aujourd'hui). Lui offrir ce cadeau était donc tout naturel.

Après avoir emballé le CD, le vendeur (un barbu dans le pur style "geek musical", pour autant que ce terme ait un sens) me lance : "En tout cas, j'envie la personne qui va découvrir ce fabuleux album pour la première fois !". C'est assez bien dit... Car une fois un album découvert et écouté, il est en effet difficile, voire impossible, de retrouver la sensation originelle, celle de la toute première écoute. Au fil des passages sur la platine, je perds en émotion ce que je gagne en compréhension. La seule solution est de découvrir, encore et toujours, de nouvelles musiques qui font vibrer ; ou de patienter un long moment avant de redécouvrir un album oublié. C'est exactement la même chose pour un livre ou pour un film : impossible d'atteindre en intensité l'émotion ressentie lors de la première lecture ou du premier visionnage.

La réflexion du vendeur entraîne une autre remarque... Une remarque sur les œuvres considérées dans un milieu donné (musical, littéraire...) comme unanimement géniales, et dont toute critique négative entraîne moult regards indignés de la part des fans autoproclamés. Toute personne s'intéressant au post-rock est ainsi censée adorer Slint, parce que c'est comme ça, point. "Comment ? tu n'as pas accroché à/tu n'aimes pas/tu ne connais pas Spiderland ? M'enfin, ce n'est pas possible !". C'est un peu comme critiquer "l'album blanc" des Beatles ou bien "l'album noir" du Velvet : ça ne se fait pas, c'est presque un blasphème. Dans d'autres domaines : "Quoi ? Tu n'as pas lu/aimé La Guerre et la Paix de Tolstoï ? M'enfin, ce n'est pas possible !" ; "Hein ? Tu n'aimes pas Star Trek DS9 ? Mais comment est-ce possible ?"... C'est à ce moment-là que tout ce petit jeu de connaisseurs devient un peu con... Je suis ainsi presque persuadé que certains disent aimer une œuvre par simple peur de passer pour un ignare ou simplement pour se fondre dans le décor. Oui, oui, j'ai écouté tout Ligeti et j'ai adoré, même son truc bizarre, là, avec les métronomes ! 

Une raison de plus pour réaffirmer ici ma détestation de groupes pourtant adulés : je déteste Queen, je déteste U2 et je déteste Arcade Fire. Voilà : il fallait que ce soit dit à un moment ou à un autre ! (Comment ça, "je me répète" ?)

* * * 

À la soirée chez Mary, sont également présents (comme souvent) ses amis Jerry et Bob, ainsi qu'un de ses colocataires que je n'avais encore jamais vu : James. Jerry a fait des études de Langues et littératures romanes, comme Mary ; Bob est professeur de géographie ; James a étudié la gestion et travaille actuellement pour la Smals (avec Hamilton II ?). Question musique, passent de très bonnes choses car toutes les personnes présentes ont de très bons goûts musicaux (comprendre : "ont grosso modo les mêmes goûts que moi", hum). L'ambiance sonore du début de soirée est assurée par James, avec entre autres Syd Matters, que je n'avais plus écouté depuis longtemps (j'apprends d'ailleurs en écrivant ces lignes que ce groupe français est aujourd'hui à l'origine de cinq albums studio). Plus tard, Jerry est déchaîné et passe The Kills, mimant certains solos sur une guitare invisible – au passage, une question : pourquoi les guitaristes rock doivent-ils gesticuler pour jouer de la guitare ? Car dans l'absolu, le son serait exactement le même s'ils ne bougeaient pas. Encore un constat qui me ramène à Slint, dont les guitaristes sont sans doute les plus statiques de l'histoire du rock... Ah, l'économie de mouvements, un beau contre-pied aux conventions ! – Dans un autre genre : Robert Fripp de King Crimson jouant dos au public, durant certains concerts.

Mais je m'égare (c'est la dernière fois que je place Slint dans un texte !)... Jerry me montre une vidéo de The Kills sur son MacBook. Il trouve le "couple" hyper-sexy... Il est même jaloux – je le cite (ou presque) – que ce mec "pas très beau" soit avec une "nana si canon"... Le gars n'est peut-être pas beau mais il a énormément de charisme (une sorte de Gainsbourg anglais ?). La chanteuse n'est pas en reste d'ailleurs :


Mary a cuisiné de délicieuses escalopes de dinde au jambon, baignant dans une sauce au Gorgonzola (Mary : "Tu vas croire que je ne sais cuisiner que des plats au Gorgonzola"), accompagnées de croquettes et d'une salade composée par Jerry, avec une vinaigrette estampillée Hamilton. Il paraît que je fais bien les vinaigrettes (Ha ?) et que j'aime bien utiliser des interjections comme "Ha ?", "Ha !" ou encore tout simplement "Ha". Il est un peu décousu, ce texte, non ? Comme dessert, des Jules Destrooper. Ils ont aussi pensé à moi en achetant six Orval (jamais je ne boirai tout ça !).

Durant le repas, en arrière-fond, passe le match de football Lille-Inter Milan (Jerry est supporter du second et sursaute à chaque occasion manquée). En fin de soirée, Mary veut absolument jouer à "Tout le monde veut prendre sa place" sur le Web ("tlmvpsp" en abrégé). Elle possède des dizaines de comptes avec la plupart du temps trois parties gratuites. Bob et James sont déjà partis dormir ; Jerry n'est pas très fan de ce jeu : on joue donc principalement à deux, sans trop de succès... Sous pression, je n'arrive jamais à me rappeler de quoi que ce soit, sauf pour une question : "Qui chantait, sur l'air de la Cucaracha, 'Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand' ?" Pierre Dac ! Pierre Dac ! C'est d'ailleurs à l'ami Pierre que reviendra le mot de la fin...

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