Je prépare le même repas que la dernière fois, mais en enlevant ce qu'il contenait de viande. Flippo est indigné : « Comment ? Y aura pas de barbaque ? Mais c'est le seul végétarien de la soirée, bordel ! », me lance-t-il en pointant Zapata du doigt. J'avais pensé cuire des lardons ou des dés de jambon sur le côté et puis j'ai oublié. Dans le même état d'esprit sans doute, j'ai à nouveau oublié le cadeau d'anniversaire de Flippo (anniversaire qui a eu lieu en... octobre) : j'avais une idée en tête et je pensais avoir concrétisé l'achat, mais tout compte fait... non. (Qui croirait à une pareille excuse ?) Cerise sur le gâteau : j'apprends qu'Ismerie déteste les lentilles (un odieux souvenir de colonie de vacances), ce qui est embêtant lorsque l'entrée est... une soupe aux lentilles. Diem perdidi !
Alors que je peux facilement me souvenir d'une conversation en tête à tête, l'opération me semble beaucoup plus compliquée au fur et à mesure que le nombre de protagonistes augmente. De quoi avons-nous discuté ? De quoi ont parlé les sept personnes présentes à cette petite soirée organisée chez nous ? Entre deux fumigations de cannabis, Zapata a tenté de définir sa vision de l'anarchisme auprès d'une Mary plus que dubitative. Amy a mentionné son nouveau boulot et le fait qu'elle est obligée de travailler tard le soir afin de terminer ce qu'on lui demande (un paradoxe quand on sait qu'elle se positionne clairement en faveur d'une forte réduction du temps de travail). Nous avons également discuté du projet d'auberge de Zapata : « Oui, moi aussi j'aimerais bien organiser des soirées vinyles post-rock en fumant des joints avec des gens sympas, ai-je alors déclaré, mais comment est-ce que je ferais pratiquement ? » Je leur explique par ailleurs que si je devais mener un projet personnel pour l'instant, ce serait celui d'avoir une idée, mais personne ne comprend vraiment ce que je veux dire — ce qui est normal, dans la mesure où je ne me comprends même pas vraiment moi-même.
Pietro veut absolument expérimenter ma lunette astronomique, mais il n'observe que du noir, jusqu'au moment où j'arrive à lui montrer à travers l'oculaire, à défaut de Saturne ou de Jupiter, les stores à la fenêtre d'un appartement, au loin : « Ha ouais, je peux voir une machine à café ! Une machine à café ! Putain, y a une machine à café sur le rebord de la fenêtre ! » (Je crois qu'il se fout gentiment de ma pomme).
J'ai un problème avec la vaisselle : je ne veux — ne peux — pas la voir traîner et je dois m'en occuper à plusieurs moments-clés de la soirée. Je me rends bien compte que mon comportement frôle l'obsession : propre, propre, il faut que tout soit propre ! Impossible d'aller me coucher sans avoir une cuisine propre, propre, PROPRE... Ma stratégie est couronnée de succès : peu après minuit, alors que nos cinq invités viennent de quitter l'appartement, tout est lavé, rincé, essuyé ! Propre, propre, PROPRE !
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