Roland Emmerich, sors de ce rêve ! — De l'autre côté de la grande fenêtre, les ténèbres menaçantes sont entrecoupées par de brefs et curieux éclairs qui irisent le ciel et se reflètent sur la cime des arbres en face de la maison familiale. Ma mère frissonne avant de fermer les rideaux. Ma fille, assise bien droite dans le divan, est tétanisée : « Que se passe-t-il, Papa ? » « Je ne sais pas, Gaëlle. Personne ne le sait ! » Mon père allume la télévision : « ... ceux qui nous rejoignent à l'instant, je répète la nouvelle du jour : une structure inconnue d'une dimension gigantesque est suspendue en ce moment au-dessus de la ville de Charleroi. Ses effets se font sentir à une vingtaine de kilomètres à la ronde. Des interférences... » Puis les lumières de la maison se mettent à faiblir et à mourir. Panne d'électricité. Un vrombissement assourdissant me vrille les tympans et, dans les nuages, les éclairs redoublent d'intensité... et je me réveille ! Pendant quelques secondes, je me demande comment j'ai pu m'endormir au beau milieu d'une situation pareille, puis je me souviens que cette apocalypse n'était que de l'ordre du cauchemar.
« Zelda ! » — Dès que je me lève, Gaëlle accourt vers moi et me tend sa Nintendo 3DS : « Zelda ! », réclame-t-elle, joyeuse, à la manière d'un bébé qui apprend à parler. Elle veut à nouveau me regarder jouer à The Legend of Zelda: Ocarina of Time. L'histoire commence le 3 novembre 2012, date à laquelle ma fille a compris qu'il était aussi amusant de regarder quelqu'un passer son temps sur un jeu vidéo que d'y jouer soi-même. Depuis lors, je suis condamné à jouer à sa place. J'aurais terminé Ocarina of Time depuis longtemps si Gaëlle n'avait pas effacé la première sauvegarde à l'occasion d'une mauvaise manipulation et si le professeur Layton ne m'avait pas détourné du chemin semé d'embûches tracé spécialement pour moi par le vénérable Arbre Mojo. Aujourd'hui, samedi 23 février 2013, « nous » attaquons enfin la noire forteresse retranchée de Ganondorf. Et demain, le combat final avec ce seigneur diabolique aura lieu ! (Mais, me rétorquera-t-on à raison, qu'est-ce qu'on en a à battre, n'est-ce pas ?)
Le chêne. — Parmi les principales critiques que l'on pourrait émettre à l'encontre du présent journal, la suivante : que, en raison notamment de leur quotidienneté, les articles et les paragraphes s'enchaînent sans que ne soient jamais précisées leur importance et leur hiérarchie au sein de l'ensemble. — Tout se vaudrait-il donc ? Absolument pas ! Considérons plutôt ces bouts de texte comme des fiches dont l'essentiel (si essentiel il y a) ne pourra seulement être décidé que dans une dizaine d'années tout au moins. — Ou encore comme une forêt qui vient d'être plantée par un impénétrable forestier circonspect : on ne peut dire aujourd'hui à quel endroit pousseront les arbrisseaux ni à quel autre poussera le chêne, ni même d'ailleurs si ce dernier poussera un jour.
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