Mike Moya et son fidèle tournevis sont de retour ! Il est assis sur une chaise rudimentaire, à l'avant de la scène, et ne quitte pas sa guitare des yeux. Derrière lui, Efrim Menuck, dont le visage est caché par une chevelure bouclée toujours aussi abondante, et sur la droite, presque dos au public, le troisième guitariste, David Bryant, celui qui s'occupe des petites mélodies épurées quand les deux autres noient chaque corde dans la distorsion. Et puis, il y a Sophie Trudeau la violoniste, évidemment, celle qui se balade toujours pieds nus sur scène — l'était-elle cette fois-ci encore ? Étant petit et dans la fosse, je n'ai pu vérifier ! —, Aidan Girt et Timothy Herzog les deux batteurs, Mauro Pezzente à la basse et Thierry Amar à la contrebasse. On l'aura compris (ou pas) : ce soir, je suis au concert de Godspeed You! Black Emperor (GY!BE) au Cirque royal à Bruxelles, en compagnie de Fabien (l'ancien colocataire de Mary), qui m'a gentiment revendu la place d'un ami démissionnaire.
Comme pour saluer le retour de Mike, le collectif joue durant la première heure (après un long début hypnotique et leur « nouveau » morceau « Mladic ») « Moya », avec son bref duo guitare/glockenspiel qui réussirait sans doute à tirer quelques larmes au pire des psychopathes.
À l'écoute de cet air, joué en direct, je me retrouve projeté plus de dix ans en arrière et, comme pour mieux savourer cet instant de pure nostalgie, je ferme les yeux pendant quelques minutes. Mais l'expérience sera hélas de courte durée, car dans l'ensemble je ne tremble plus du tout comme avant sur cette musique. Je trouve les interludes bruitistes beaucoup trop longs et, pour tout dire, pas très intéressants. Est-ce un signe de vieillesse ? De la leur ? De la mienne ? Des deux ?
Dans le public, quelques personnes crient de temps en temps « Godspeed ! » comme s'ils étaient en train de contempler un mythe. Je déteste cela. Je déteste quand des contestataires talentueux et indépendants se transforment en mythe malgré eux. Car quand un mythe est institué autour d'un groupe (comme d'un individu d'ailleurs), que peut encore faire ce dernier si ce n'est s'engluer dans sa propre figure légendaire et jouer le rôle qui lui a été assigné de force par la horde de ses adorateurs béats ? — Et ce sera, déjà, le mot de la fin !
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