« Mais l'heure les presse : aussi te pressent-ils à leur tour. De toi aussi ils veulent entendre un "oui" ou un "non". Malheur à toi, tu veux placer ta chaise entre pour et contre ? (...) À cause de ces impatients retourne dans ton abri : ce n'est que sur la place publique qu'on est assailli par "oui ?" ou "non ?". » (Z.)
Le spectre du « Je m'en fous ! » — Après avoir corrigé un texte, corrigé la correction, corrigé la correction de la correction et corrigé la correction de la correction de la correction, arrive parfois cette situation un rien surréaliste où la correction que l'on a apportée en dernier lieu annule toutes les précédentes et rétablisse en fin de compte la version originale. — Cela arrive principalement parce que nous ne nous entendons pas sur des questions aussi primordiales que : « Des points de suspension entre crochets dans un titre en italique doivent-ils être eux aussi en italique ? » Charlotte pense que « non, bien sûr que non, car une règle pareille n'a jamais été d'application nulle part ! » ; mais Lodewijk estime au contraire que « peut-être que oui, car ces points remplacent une partie du titre en italique... » Et lorsque Charlotte se rend compte que nous avons re(rere)corrigé les notes en suivant la seconde idée plutôt que la première, elle finit par soupirer : « Laisse comme ça... Je m'en fous ! », puis, un peu plus tard : « De toute façon, je suis désormais dans une phase "Je m'en fous !"... Je ne dis plus que ça : "Je m'en fous !" » — Après le fantôme du perfectionnisme (paragraphe d'hier), le spectre du « Je m'en fous ! » fait son apparition. Il faut vraiment de toute urgence que les dés soient jetés ; que tous les cahiers soient sous presse et qu'on ne puisse plus du tout y toucher, malgré les nombreuses imperfections qui les criblent.
Au Verschueren avec Léandra, 1. — Je lui parle, sans vraiment développer (car elle n'a pas la tête à ça en ce moment — l'a-t-elle jamais eue ?), d'un des chapitres d'Ainsi parlait Zarathoustra qui m'a particulièrement marqué, celui intitulé « Des mouches de la place publique ». Nietzsche y mentionne, avec beaucoup de mépris, les « grands hommes » autour desquels gravitent « les petits ». Il appelle « grands hommes » ces « bouffons », « présentateurs » ou encore « comédiens des grandes causes » qui sont, aux yeux des petits, les « maîtres de l'heure » : les grands hommes font beaucoup de bruit autour de nous quand les petits couvrent notre corps de nombreuses et désagréables piqûres. — Il est évident, à la lecture de ce chapitre, que N. fait référence aux hommes politiques démagogues (attirés par la gloire du moment et non par la vérité) et à tous ceux qui gravitent autour d'eux : le plus grand nombre, le peuple... — J'explique à Léandra que j'ai parfois l'impression très bizarre que Zarathoustra, messie athée et immoraliste, me parle directement ; me donne des conseils ; me conforte dans certaines idées développées longtemps auparavant... des idées qui remontent au début de l'adolescence, bien avant donc d'avoir entendu parler de philosophie allemande. — Face aux nombreuses mouches qui polluent l'opinion au sein de l'espace public, son conseil est d'or : « Fuis, mon ami, fuis dans ta solitude, là où souffle un vent rude et fort. Ce n'est pas ton lot d'être un chasse-mouches. » [Une traduction française en ligne se trouve notamment ICI.]
Au Verschueren avec Léandra, 2. — « On croit trop souvent que le sexe permet d'oublier les problèmes du couple ; que le fait de se retrouver à poils met à niveau toutes les tensions. C'est faux ! Les mêmes problèmes se posent que l'on fasse ou pas l'amour ! » (Je ne peux qu'approuver.)
Au Verschueren avec Léandra, 3. — On parle de psychologie comportementale et cognitive. Peut-être, de son propre aveu, une thérapie ferait-elle le plus grand bien à mon amie ? Par contre, je ne suis absolument pas convaincu de son utilité en ce qui me concerne : comme d'habitude, je suis en train de trouver mes propres solutions. Et puis, je me pose déjà assez de questions comme ça, merci bien ! (« Peut-être pas les bonnes ? » — Oh, ta gueule !)
Divan. — Même si je reste assis sur ma chaise de bureau, j'aurai quand même droit, ce soir, à la séance du divan : « Qu'est-ce qui n'a pas été avec Maïté ? » me demande Mary. Puis : « À partir de quel moment ça n'a plus été ? », « Tu as toujours été amoureux d'elle ? », « Mmmmh... Es-tu certain de cela ? », etc. Je finis par m'asseoir à la table et à lui raconter quelques histoires parmi d'autres : « En sept ans de couple, il s'est passé pas mal de choses, tout de même, hein ? »
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