De tous les rushes (ruées finales avant la publication d'un livre ou l'inauguration d'une exposition) que j'ai connus en huit ans de travail dans deux petites associations, celui-ci est sans doute le plus violent. Délais extrêmement courts et goulets d'étranglement sont le lot quotidien des trois dernières personnes (Charlotte, Lodewijk et moi-même) qui travaillent à plein temps sur le gros projet de l'année 2012.
Certes, l'idée que la majeure partie de la mise en page repose sur mes seules frêles épaules est angoissante, mais elle est aussi terriblement stimulante : actuellement, je peux réaliser en une heure ce que je ferais d'habitude en quatre. Et avec tous ces répertoires, logiciels et fichiers ouverts en même temps sur l'écran de mon vieil ordinateur, je suis comme ce chef-coq surchargé qui doit s'assurer qu'aucune des nombreuses marmites de sa cuisine ne déborde, tout en maîtrisant l'attente des clients impatients, de l'autre côté de la porte à deux battants.
Ces rares moments où seul l'acte technique compte sont également ceux où je suis le plus sûr de moi. Je ne réfléchis plus, je maîtrise ! De la même manière, je suppose, que mon père sait exactement comment monter pièce à pièce le moteur d'un bulldozer, sans qu'il doive réfléchir à chaque acte posé.
Quoi de plus stupide que de railler l'intelligence technique ? L'intellectuel qui ne sait comment utiliser un tenon sera bien ennuyé lorsqu'il voudra l'assembler à une mortaise ! (Doit-on y voir une allusion sexuelle ? Je laisse le lecteur seul juge — et ce sera, déjà, le mot de la fin !)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.