mardi 3 juillet 2012

« Rien ne sort de rien »

Je passe les deux premières semaines de juillet chez mes parents. Chaque matin, je parcours à pied les quelque trois kilomètres qui séparent la maison, nichée dans les hauteurs boisées du village, de la gare en bord de Sambre. — Marcher sur un chemin de campagne le matin engendre une réflexion plus nourrie, et plus saine aussi.

Autre train, autres têtes ! 

Durant le voyage d'accueil du Cercle d'histoire de l'ULB, en octobre 1999, un camarade historien avait affirmé son déisme, à la manière de Voltaire : « Je suis déiste, expliqua-t-il plus ou moins en ces termes, parce que je pense qu'il est impossible qu'un univers aussi structuré et harmonieux que le nôtre fût créé ex nihilo, sans un créateur qui décida, du moins au départ, de sa forme ! » — Toujours la même question : si une intelligence supérieure a créé ce Monde, fût-ce un horloger non-interventionniste, quelle serait donc l'origine de son existence, à lui ? Élever la structure et l'harmonie d'un niveau (comme de mille d'ailleurs) ne répond à aucune question.

Aujourd'hui, si l'on me demandait pourquoi je suis athée, je répondrais sans doute de façon différente qu'il y a dix ans. Ma réponse se bornerait désormais à quelque chose comme : « Quel intérêt y a-t-il à imaginer un invisible niveau supplémentaire ? »

On pourrait dire que je suis aujourd'hui en paix avec mon athéisme, que je n'ai plus besoin de le défendre avec virulence.

On est souvent athée (ou croyant) de la même façon qu'on est de gauche (ou de droite). On acquiert ce système de pensées de manière presque animale, par l'éducation et quelques premières rencontres décisives, puis seulement, bien des années plus tard, on essaie de lui donner une base idéologique par la réflexion, voire de convaincre les autres par la dialectique ou la rhétorique.

Mon article sur la chasse au trésor est complètement dénué d'intérêt. — Faute avouée, à moitié pardonnée ?

Goethe, sur l'invention : « La joie de la première perception, de ce que l'on appelle la découverte, personne ne peut nous la prendre. Mais ne réclamons pas trop d'honneur pour autant, il pourrait être bien mince ; car en général nous ne sommes jamais les premiers. » Paragraphe suivant : « Que veut dire d'ailleurs inventer, et qui peut dire qu'il a inventé ceci ou cela ? Tout comme c'est une vraie sottise de dire qu'on est le premier, c'est être bien présomptueux et avoir bien peu de conscience que de ne pas vouloir se reconnaître comme plagiaire. »

L'écriture est un gigantesque plagiat. Puisque « rien ne sort de rien » (Alcée), il faut bien que ce que j'écris sorte de quelque part, et ce quelque part ne peut être mon esprit à lui tout seul.

Laurent Louis, ex-guignol du Parti populaire, ressemble à Lytle : même bouille enfantine, même air candide.

Se méfier des phrases qui commencent par « Il est évident que » et finissent par « moi, je vous le dis ! » — Il est évident que de telles phrases cachent un malaise latent, moi je vous le dis !

Le patron de l'Espress « Oh » Juice, lisant le journal La Meuse de ce matin : « Y a un gars qui s'est fait flasher à 280 km/h. » Il me regarde, hausse un sourcil et fait une grimace : « 280 km/h... C'est quand même beaucoup... »

Je m'assieds sur le sol de la gare des Guillemins, attendant ma correspondance. J'ouvre le petit ordinateur de Léandra (dont je viens de remplacer le clavier) pour noter quelques idées... Dans ma main gauche, un café bouillant. — Hamilton, bougre d'idiot, je t'ordonne de poser ce café IMMÉDIATEMENT !

Si seulement j'étais moins fainéant ! — Mais si, tout au cours de mon existence, j'avais été moins fainéant, peut-être aurais-je été plus bête aussi ? Car c'est la volonté d'en faire le moins possible, inventant sans cesse mille stratagèmes pour me débarrasser rapidement des banalités pratiques de la vie en société, qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. (Un inadapté social ?)

Il n'en faudrait vraiment pas beaucoup en ce moment pour que je revienne à une vie normale. D'aucuns imaginent qu'il y a un énorme gouffre entre le bien-être et l'inadaptation sociale mais je sais, par expérience, que je peux passer très vite de l'un à l'autre. La question serait plutôt : « En ai-je réellement envie ? »
 
Curieux élancements dans le bas du dos et espoir que ce ne soit pas le signe avant-coureur d'un calcul rénal !

J'envoie un message à mes propriétaires pour les prévenir qu'une nouvelle occupante (Mary) habitera normalement bientôt dans l'appartement qu'ils me louent, sans aucune autre précision... Assez comiquement, la dame me félicite ! — Le poids des convenances : si un trentenaire partage son appartement avec une femme, c'est qu'il est forcément en couple avec celle-ci (et il faut le féliciter pour cette « réussite »).

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