Maison du Peuple de Saint-Gilles. La playlist musicale de cet après-midi, composée en partie de tubes d'Annie Cordy (du genre « Tata Yoyo »), est des plus ridicules. Un grand drapeau noir-jaune-rouge décore l'arrière-salle et, au comptoir, un fanion aux mêmes couleurs, placé dans un verre puis planté dans une moitié d'orange, fait office de décoration. Cerise sur le gâteau : un client se balade dans le café avec trois bandes colorées peintes sur la joue. Aujourd'hui, on l'aura compris, c'est la fête nationale belge.
Marche de ton pas énergique,
Marche de progrès en progrès !
Marche de progrès en progrès !
Dieu, qui protège la Belgique,
Sourit à tes mâles succès !
Sourit à tes mâles succès !
Au bar, le serveur salue un client :
« Hé ! Ça va, toi ?
— Ça va, mais j'ai passé une curieuse nuit. Assez agitée....
— Tu vas voir Annie Cordy ce soir ?
(Mais de quel concert parle-t-il donc ?)
— Quoi ? Elle est encore en vie, celle-là ?
— Mais oui ! Annie Cordy est immortelle, fieu ! »
Hier, Alizé avait lancé une invitation générale pour « profiter des festivités de la fête nationale » et plus particulièrement du feu d'artifice qui sera tiré aujourd'hui à 23 heures depuis la place des Palais. Une vingtaine de personnes étaient invitées. Lors d'un coup de fil de Pat en ce début d'après-midi, j'apprends que je suis le seul à avoir répondu présent à l'appel. Qu'à cela ne tienne : nous nous donnons rendez-vous à trois, vers 20 heures, aux alentours de la Gare Centrale, pour aller manger un bout avant le feu d'artifice.
Je leur propose de nous rendre au délicieux Restobières, rue des Renards, dans les Marolles, mais une fois sur place le restaurant s'avère complet. Nous bifurquons alors vers La Grande Porte mais ce restaurant est, quant à lui, définitivement fermé ! Nous finirons par nous poser à la Fleur en Papier doré, tout simplement.
Pat travaille en ce moment, comme souvent, sur un chantier d'archéologie. Grâce aux ouvriers de chantier qu'il côtoie tous les jours, il a fait le plein de blagues d'une subtilité inouïe. Exemple : « La seule possibilité pour la Vierge d'avoir eu un enfant tout en restant vierge, c'est que Joseph soit passé par l'autre trou et qu'il y ait eu comme un problème de paroi... Du coup, ce n'est pas de l'Immaculée Conception qu'il faudrait parler, mais plutôt de l'Il m'a enculée Conception.
— Mais Pat, lui réponds-je choqué, tu n'y es pas du tout ! L'Immaculée Conception se réfère au fait que Marie fut conçue sans recevoir le péché originel ! Ça n'a rien à voir avec sa virginité lors de la naissance du Christ !
— Ouais, bon, je sais, mais c'est quand même marrant ! »
Stoemp saucisse pour eux, boulettes sauce tomate pour moi. Et avec ça, trois Orval pour chacun. « C'est toi qui conduis au retour, hein Alizé ? Hein ? » Au moment de partir vers la place des Palais, j'apprends que c'est Pat qui a tout réglé et qu'il a donc payé mon repas et toutes mes consommations...
« Ça me fait vraiment très plaisir de te revoir, Hamilton !
— Oui, moi aussi je vous aime. »
On se rappelle le bon vieux temps de l'université : je lui raconte des événements qu'il avait complètement oubliés (comme l'histoire de la serrure récalcitrante à mon ancien appartement) et il fait de même... Ha bon ? J'ai fait ça, moi ?
Lorsque nous arrivons place Royale, nous apprenons que la place des Palais est fermée à cause de l'afflux de monde. Ce n'est pas plus mal, dans la mesure où Pat est agoraphobe et moi... euh... un peu aussi, je suppose. Nous redescendons donc au niveau du Coudenberg et nous nous asseyons sur le rebord de l'Oreille tournoyante de Calder. Des centaines de personnes convergent alors vers le Palais royal. Pat est surexcité (il ne change pas) et n'arrête pas de saluer les gens qui passent (« Greg, c'est toi ? Greg ? Virginie ? T'es où ? »). Je fais une remarque : « C'est incroyable, tous ces gens... Dans chaque crâne, un cerveau avec une vie propre, des souvenirs, une mémoire, une pensée particulière... » Alizé, philosophe de formation, me regarde avec de grands yeux étonnés : « Oulala... »
Et puis : BADABOUM, BABOUM ! Le feu d'artifice commence à 23 heures tapantes, mais nous ne le voyons pas depuis notre fontaine ! Alors les gens se mettent tous à courir pour essayer de trouver un bon point d'observation. Nous remontons en vitesse les escaliers de la rue Horta, traversons la rue et observons le joli feu d'artifice depuis le Parc royal. C'est à ce moment que je me rends compte que j'aurais dû emporter mon appareil photo. (Heureusement, Léandra, que je ne verrai pas de la soirée, est aussi sur place et s'occupe de photographier le spectacle depuis un point plus central.)
Après l'apothéose, nous quittons rapidement le parc pour aller boire un dernier verre. Pat aurait aimé se rendre à La Bécasse, mais ce bête estaminet est déjà fermé ! Ce sera le Bon Vieux Temps. J'offre à Pat une Westvleteren 12. Ça faisait des années que je voulais goûter la plus rare des bières trappistes... Voilà qui est fait : c'est une très bonne bière brune, qui coûte la peau du cul (du moins là-bas) mais ça reste une bière, quoi... Et je la trouve bien plus banale que l'Orval quant à l'arôme qu'elle dégage.
Tu vivras toujours grande et belle
Et ton invincible unité
Aura pour devise immortelle :
Le Roi, la Loi, la Liberté !
Et ton invincible unité
Aura pour devise immortelle :
Le Roi, la Loi, la Liberté !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.