J'aurais pu intituler cette série de très courts articles sans queue ni tête « À la recherche du temps perdu », mais il paraît que l'idée a déjà été prise il y a un certain temps. — Damned!
Sept heures du matin. Sur le quai de cette gare de province sans auvent, il pleut et il vente, encore et toujours. Je suis, comme d'habitude, en tee-shirt et j'ai un peu froid, mais je reste digne et je m'assieds sur le banc comme si de rien n'était. Tous les autres patientent avec au minimum une veste ou un gros pull. Le train arrive et, dans le wagon, je m'installe par le plus grand des hasards en face d'un gars qui lui aussi est apparemment parti travailler en tee-shirt. — Même s'il ne s'en rend pas compte, nous formons une éphémère communauté ferroviaire.
Charlotte nous raconte que cette nuit, elle a rêvé qu'elle était... réveillée. Cependant, son récit est un rien plus compliqué et nous ne sommes pas certains d'avoir tout pigé... D'après ce que j'en ai compris, elle était déjà endormie quand son compagnon est (réellement) venu se coucher et lui a parlé. Elle entendait tout ce qu'il lui disait, mais restait néanmoins comme piégée dans son rêve en lui répondant. Du coup, pour toute réponse, elle baragouinait des phrases vides de sens et, dans son rêve, s'énervait de ne pas pouvoir exprimer correctement ses pensées... « Comment peux-tu savoir avec certitude que ton compagnon était réellement là et que tu n'as pas tout rêvé, y compris le fait qu'il soit là ? », lui demandé-je. « Parce qu'il m'a confirmé tout ça le lendemain », me répond-elle. — C'est un bon argument.
La même nous explique que son compagnon était très excité parce qu'on « a peut-être trouvé des portails dans le système solaire. » « Quoi ? Des trucs artificiels pour se balader dans l'Univers ? » Sans croire un seul instant qu'on ait réellement trouvé pareil artéfact, je ne peux m'empêcher de penser directement à La Grande Porte, à 2001, à Hypérion ou encore aux tunnels spatiaux de Nancy Kress... Mais la nouvelle est un peu plus terre à terre : Charlotte fait référence à cette actualité selon laquelle la NASA s'apprêterait à financer les recherches d'un certain Jack Scudder sur les téléporteurs magnétiques entre la Terre et le Soleil... — C'est Léonard Nimoy qui va être content !
Le club des incorrigibles optimistes. Tel est le titre du roman, signé Jean-Michel Guenassia, que lit avec beaucoup d'attention la navetteuse en face de moi dans le train de retour. — Si je devais fonder un club un de ces jours, j'inverserais un seul mot dans l'intitulé !
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