lundi 23 juillet 2012

Creux & vague

Aujourd'hui, au réveil, de nouveau ce curieux état de confusion. Qu'est-ce qui sonne ? Faut-il que je me lève ? Pourquoi ? Alors que d'habitude je passe du sommeil à l'éveil en à peine une seconde, il me faudra attendre l'arrivée du train en gare de Liège-Guillemins et le traditionnel « café de la semaine » à l'Espress « Oh » Juice pour émerger.

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L'histoire de mon journal est ponctuée de messages de lecteurs, ou plutôt de lectrices, qui m'expliquent pourquoi elles me lisent et aussi ce que ce blog leur apporte. — Pourquoi majoritairement des lectrices ? C'est un grand mystère, même si certains éléments d'explication sont parfois avancés.

Aujourd'hui, je reçois un très beau message de la part d'une assez nouvelle lectrice, qui se dit nostalgique (déjà !) de ma « période aphoristique », cette courte « phase péremptoire » (comme dirait Léandra) qui commence — sans vraiment commencer — avec cet article et qui se termine — mais pas tout à fait — environ dix jours plus tard avec celui-ci. Et moi qui croyais que ce type d'écriture énerverait tout le monde, voilà que j'ai trouvé au moins une personne qui appréciait !

(Toute réalité peut être exprimée en trois mots ; plus, c'est trop long ! — Caramba, encore raté !)

J'aimerais pouvoir écrire de cette manière plus souvent mais, lui dis-je, il faut pour ce faire que je sois dans une humeur très particulière, une sorte de « pessimisme fulgurant », mais pas seulement (car ce serait trop facile) : il faut aussi que le « réel suinte » (drôle d'expression que j'explique ici) et que j'aie par conséquent l'impression d'appréhender plus subtilement tout ce qui m'entoure — en résumé : le sentiment forcément fugace d'être plus intelligent que d'habitude, même si ça ne veut pas dire grand-chose.

(Pour l'instant, pas de chance : je me sens très bête.)

Ce sentiment de compréhension arrive plus facilement quand je suis en contact avec la nature ; quand je marche sur une petite route de campagne le long d'un bois ou quand je fais du vélo, seul, entouré par le blé et les arbres (la meilleure description que j'en ai faite à ce jour se trouve ici).

J'apprends que mes anciens camarades de jeu du glorieux forum de la non moins glorieuse alliance MonLégionnaire sont à nouveau à l'origine d'un projet magnifique : la reconstitution la plus exacte possible du château et des jardins de Vaux-le-Vicomte sur Minecraft. À la vue du résultat, je me suis tout de suite dit qu'ils étaient toujours aussi tarés, chez les « MonLeg ». (C'est un vrai honneur pour moi que d'avoir créé — en 2005 ! — ce forum regroupant tant de personnes talentueuses.)

Il y a toujours eu une différence fondamentale de perception entre les gens qui me connaissent uniquement par l'écrit et ceux qui, au contraire, me connaissent d'abord de visu. Quand ils me rencontrent dans la réalité, les premiers sont souvent très étonnés : « Quoi ? T'es si petit ? Et tu rigoles tout le temps ? » ; quand ils me lisent, les seconds sont tout aussi surpris : « Bah merde, je ne savais pas que tu développais de si noires pensées ! » — Ma vie est un éternel quiproquo.

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Je suis de retour à Bruxelles vers 20 heures, et je suis sans doute le seul couillon — rectification : un des seuls couillons — qui s'assied à la terrasse d'un café du Parvis avec pour seule et unique compagnie un petit ordinateur portable... Ceci étant dit, en cet endroit béni, tout le monde s'en fout comme de l'an quarante que je sois seul devant mon PC... Je peux donc écrire en toute quiétude, tout en profitant du récent bon air estival et des discussions plurilingues qui m'entourent.

Non pas que je veuille absolument me conformer à ce que mon environnement immédiat considère comme étant de la « pure normalité », mais tout de même : si quelqu'un venait toutes les dix minutes me demander ce que je fais en terrasse seul devant ce putain d'ordinateur, je serais clairement mal à l'aise. Ici, je suis dans mon univers et l'on me fout une paix royale !

« Pourquoi que tu bois de la bière spéciale et pas un mojito, comme tout le monde, connard ? Bordel, ça me va loin, ça ! Casse-toi de ma terrasse ou bien je te concasse ta putain de tronche d'asocial de merde ! »

J'observe, depuis ma table en terrasse, de manière moins parcellaire qu'hier, le soleil terminer son parcours derrière l'église Saint-Gilles... Constat : aujourd'hui, la vie alentour n'est pas artificielle. Pas trop en tout cas (quelques frimeurs à lunettes noires sont tout de même dans mon champ de vision). C'est très important pour mon équilibre que de voir des comportements naturels.

Sur le chemin du retour, Suuns dans les écouteurs. Ils n'en sont qu'à leur premier album mais s'avèrent déjà tellement bons... (Des Canadiens, à nouveau.) Dans la chanson « PVC », je n'en reviens toujours pas de ce déluge bruitiste qui apparaît comme par magie à une minute 23 secondes du début et occupe tout l'espace sonore pendant une vingtaine de secondes (ce passage est terriblement beau parce que terriblement bref). La guitare hurle puis se calme pour changer de registre : elle éclabousse la mélodie par à-coups. (Sont-ils vraiment formidables ou est-ce moi qui m'enflamme pour un rien ?)

PVC by Suuns on Grooveshark

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