Légère révision de mon questionnaire de Proust. — Après réflexion, je me rends compte que « l'écoute » n'est certainement pas une des réponses correctes à la question de la qualité que je préfère chez un être humain. Il faut que je change cette réponse par « l'investissement ». L'investissement... Voilà une qualité que j'adore : s'investir pleinement et sérieusement dans quelque chose (relation humaine, projet, idée...), ne pas le faire avec je-m'en-foutisme, et ce même si le projet peut paraître de l'extérieur totalement ridicule. (Pour en finir avec la superficialité.)
Déjà-vu & rêve combinés. — Aujourd'hui, je me relève en pleine nuit, vers quatre heures du matin, assez agité. J'ai fait un cauchemar très réaliste dont j'ai hélas oublié la teneur deux heures plus tard à mon second réveil. J'aurais bien voulu m'en souvenir car, sur le coup, je me suis dit que je devais absolument m'en souvenir. Tant pis... Mais il y a autre chose : quand je me suis dit que je devais m'en souvenir, j'ai eu une sensation de déjà-vu assez étrange... L'impression que j'avais déjà vécu cette situation particulière (jusque là, rien de plus « classique »), à savoir entre autres : revenir de la Maison du Peuple où la gentille serveuse m'a offert un verre, me poser plein de questions sur moi-même avant de m'endormir et me réveiller quelques heures plus tard en pleine nuit à cause d'un cauchemar dont je devais me souvenir et... avoir une sensation de déjà-vu. Car — et c'est là que ça devient d'une certaine manière original — dans cette fugace sensation de déjà-vu était contenue ma sensation de déjà-vu. Curieux : cela forme comme un sorte de cycle sans fin... — En fait, à y réfléchir, non, ça ne forme rien de ce genre.
Déjà-vu & rêve combinés. — Aujourd'hui, je me relève en pleine nuit, vers quatre heures du matin, assez agité. J'ai fait un cauchemar très réaliste dont j'ai hélas oublié la teneur deux heures plus tard à mon second réveil. J'aurais bien voulu m'en souvenir car, sur le coup, je me suis dit que je devais absolument m'en souvenir. Tant pis... Mais il y a autre chose : quand je me suis dit que je devais m'en souvenir, j'ai eu une sensation de déjà-vu assez étrange... L'impression que j'avais déjà vécu cette situation particulière (jusque là, rien de plus « classique »), à savoir entre autres : revenir de la Maison du Peuple où la gentille serveuse m'a offert un verre, me poser plein de questions sur moi-même avant de m'endormir et me réveiller quelques heures plus tard en pleine nuit à cause d'un cauchemar dont je devais me souvenir et... avoir une sensation de déjà-vu. Car — et c'est là que ça devient d'une certaine manière original — dans cette fugace sensation de déjà-vu était contenue ma sensation de déjà-vu. Curieux : cela forme comme un sorte de cycle sans fin... — En fait, à y réfléchir, non, ça ne forme rien de ce genre.
Prise de contact. — Sous-sol de la gare de Bruxelles-Midi. Je prends un café à mon endroit habituel. Le vendeur : « Salut, M'sieur ! Un café noir à emporter, comme d'habitude ? ». Ouaip. (Le besoin de repères.) La jeune femme au sac Quechua rouge que j'ai mentionnée hier soir est là, justement, en compagnie d'une autre dame que je ne connais pas. (Note : je l'appelle de cette manière alors qu'elle ne porte plus de sac Quechua rouge depuis longtemps, que je sache...) Elle me salue, et j'en profite pour lui demander :
« Vous étiez à la Maison du Peuple hier soir, non ?
— Ha. Euh. Mais oui ! C'est pas loin. On habite le même quartier, je crois. Toi aussi, tu habites Saint-Gilles, non ?
— Oui ! Enfin, non : Forest. À la lisière entre Forest et Saint-Gilles, en fait.
— Et comme Fríðr et moi, tu fais la navette Bruxelles-Liège tous les jours...
— Hé oui... Depuis six ans...
— Six ans ! Moi ça n'en fait que trois... Enfin, là, j'ai de la chance, je ne travaille pas à Liège aujourd'hui.
— Il en a fallu du temps pour qu'on s'adresse la parole.
— Oui, en effet.
— Il en a fallu du temps pour qu'on s'adresse la parole.
— Oui, en effet.
— Fríðr, c'est celle avec ses longs cheveux châtains, à qui je dis bonjour aussi et qui prend son tram à Albert ?
— Oui, c'est elle. À force de prendre le même train, on a fini par faire la navette ensemble, parfois...
— Et tu travailles dans quoi ?
— Dans les archives audiovisuelles.
— Ha ! Marrant. Moi, c'est les archives tout court.
— Ha tiens...
— Et Fríðr, elle travaille où ? Dans les archives audiovisuelles aussi ?
— Non, rien à voir. Elle est dans l'écologie, elle.
— OK. Moi, c'est Hamilton. Et toi ?
— Epiphany. »
Son café et le mien sont prêts. Je lui souhaite une bonne journée et la laisse avec sa collègue car mon train va bientôt arriver en gare. Sur le quai, je dis bonjour à la petite dame un peu ronchonne, dont je parlais ICI notamment. Elle répond, comme souvent, par un sourire et un clin d'œil.
Gare de Liège-Guillemins. — Je vois un inconnu monter dans mon train en correspondance, le premier tome du roman Dune en main. J'ai la fibre sociale aujourd'hui, et je ne peux m'empêcher de lui lancer, souriant : « Un des plus grands romans de tous les temps... Dune. » Il me répond par un simple oui entre l'enthousiasme et la surprise. — Fin de la partie consacrée au microcosme ferroviaire.
Gare de Liège-Guillemins. — Je vois un inconnu monter dans mon train en correspondance, le premier tome du roman Dune en main. J'ai la fibre sociale aujourd'hui, et je ne peux m'empêcher de lui lancer, souriant : « Un des plus grands romans de tous les temps... Dune. » Il me répond par un simple oui entre l'enthousiasme et la surprise. — Fin de la partie consacrée au microcosme ferroviaire.
Constat. — Je me trouve dans un de ces jours durant lesquels, sans raison, « le réel suinte ». J'ai l'impression de réintégrer momentanément le giron de l'humanité. Je suis vivant. Je pourrais m'émerveiller devant, au hasard, quelque chose d'aussi banal (du moins en apparence) qu'un bourdon butinant une fleur ou bien la trajectoire d'un groupe d'oiseaux dans le ciel. J'ai le (faux) sentiment de tout comprendre, beaucoup plus rapidement que d'habitude, et je souris béatement dans le tram qui me ramène chez moi. (Je dois passer pour un taré.)
Chez Flippo et Bastien. — J'arrive chez eux vers 21h10. Seules présentes, dans la cuisine : Amy, qui prépare des boulettes de poulet à la ricotta (miam !) et Ismerie, assise sur un tabouret près de la fenêtre ouverte, au bord de laquelle elle fume de temps à autre. Flippo, Zapata et Pietro sont encore au badminton ; Bastien est à une soirée « football » (hein ?). Amy et Ismerie me demandent comment je vais et je leur réponds : « La routine... Mais ça me fait plaisir de vous voir... » Ce qui est vrai, sauf que d'habitude, je ne le dis pas. Aujourd'hui, je suis dans une journée où tout va bien, où je souris aux gens et où je lance tout ce qui me passe par la tête...
Les trois badistes reviennent vers 21h30. Zapata reparle de Seashack, mais aussi de différents projets qui consisteraient, l'un à habiter une maison à plusieurs pendant un temps, l'autre, plus vaste, à fonder une auberge alternative à la campagne. Il s'est déjà renseigné à ce sujet auprès de banques. C'est une constante chez lui : le travail de salarié l'emmerde et il se voit mal passer le restant de sa vie dans un schéma de type métro-boulot-dodo. (Moi aussi, mais contrairement à lui, je n'essaie pas de m'en sortir : je suis piégé et regarde passer les jours, les semaines, les années...) De leur côté, Pietro et Ismerie sont à la recherche d'un appartement à acheter.
Amy déteste l'utilisation spéciale qui est faite, par les Français principalement, de la préposition « sur » quand elle est utilisée pour remplacer « à » : « Je vais sur Paris » au lieu de « Je vais à Paris »... Les Belges de la Capitale commencent à l'utiliser aussi, par pur mimétisme. « Pourtant, dit Amy, il n'y a aucune raison d'utiliser un "sur" dans ce cas... On ne marche pas dessus quand on s'y rend ! »
La soirée a commencé tard et se termine donc assez vite. Après le souper (soupe, riz, boulettes et gâteau), pas le temps de jouer à un jeu de société. Il est minuit. Avant que je m'en aille, Zapata me propose de partager un joint. — Ce dernier, combiné au vin rouge que j'ai bu un peu plus tôt, passe mal : je ne suis pas malade, mais la clarté intellectuelle dont je me vantais ci-dessus n'est plus qu'un lointain souvenir. Un peu plus tard, à la Porte de Namur, j'ai mal aux yeux et j'ai la plus grande difficulté à prononcer ma destination au taximan. — Je vais être frais demain, tiens !
Les trois badistes reviennent vers 21h30. Zapata reparle de Seashack, mais aussi de différents projets qui consisteraient, l'un à habiter une maison à plusieurs pendant un temps, l'autre, plus vaste, à fonder une auberge alternative à la campagne. Il s'est déjà renseigné à ce sujet auprès de banques. C'est une constante chez lui : le travail de salarié l'emmerde et il se voit mal passer le restant de sa vie dans un schéma de type métro-boulot-dodo. (Moi aussi, mais contrairement à lui, je n'essaie pas de m'en sortir : je suis piégé et regarde passer les jours, les semaines, les années...) De leur côté, Pietro et Ismerie sont à la recherche d'un appartement à acheter.
Amy déteste l'utilisation spéciale qui est faite, par les Français principalement, de la préposition « sur » quand elle est utilisée pour remplacer « à » : « Je vais sur Paris » au lieu de « Je vais à Paris »... Les Belges de la Capitale commencent à l'utiliser aussi, par pur mimétisme. « Pourtant, dit Amy, il n'y a aucune raison d'utiliser un "sur" dans ce cas... On ne marche pas dessus quand on s'y rend ! »
La soirée a commencé tard et se termine donc assez vite. Après le souper (soupe, riz, boulettes et gâteau), pas le temps de jouer à un jeu de société. Il est minuit. Avant que je m'en aille, Zapata me propose de partager un joint. — Ce dernier, combiné au vin rouge que j'ai bu un peu plus tôt, passe mal : je ne suis pas malade, mais la clarté intellectuelle dont je me vantais ci-dessus n'est plus qu'un lointain souvenir. Un peu plus tard, à la Porte de Namur, j'ai mal aux yeux et j'ai la plus grande difficulté à prononcer ma destination au taximan. — Je vais être frais demain, tiens !
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