La déferlante du temps mange les jours,
Avale les heures,
Dévore les secondes. —
Elle laisse dans son sillage sans cesse renouvelé
Quelques écrits exsangues,
Quelques phrases hirsutes,
Quelques paragraphes faisandés ;
Une ponctuation chancelante,
Des formes mouvantes et sans relief ! —
Des critiques, du cynisme, de la haine,
De la rancœur, du sang, des larmes et des cris !
De la peur.
— De la peur surtout ! —
Peur d'être avalé par l'inertie
Ou par le changement
Justement. —
De temps à autre, quelques espoirs,
Quelques rares amours incomplètes,
Des amitiés fugaces
Et des déceptions en cascade.
« Diantre ! Ils sont tous si décevants ! »
Je voudrais tant ne pas leur ressembler
Mais je n'y arrive pas. —
Du rationalisme à ne plus savoir qu'en faire,
Mangé par les charognards qui occupent mon esprit.
(L'oiseau d'or qui jadis trônait fièrement
Aux plus hautes cimes de ma tour de guet
Se décompose à la vitesse de l'aigle fondant sur sa proie.)
« Ce nuage a-t-il besoin d'être décrit ? »
« Cette souris doit-elle être disséquée ? »
« Pourquoi tiens-tu ce globe terrestre entre tes mains ? » —
Où est-elle passée, cette confiance dans l'avenir ?
Avalée, elle aussi, par l'impitoyable déferlante !
Étais-je aveugle ?
Ou bien le suis-je maintenant ? —
Ni la nostalgie des temps anciens,
Ni la poursuite de ceux à venir
Ne rendront leurs couleurs à ces heures
Qui n'existent pas
Et n'ont jamais existé.
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