vendredi 10 août 2012

13. Cinéma de quartier

13.1. En 2008, un passionné du grand écran du nom de Vivian Audag a eu la très bonne idée de faire revivre un vieux cinéma de quartier, à salle unique, à quelques kilomètres de chez mes parents. Il s'agit du Ciné Caméo, installé à côté de l'église Notre-Dame des Alloux, à Tamines. Enfant, j'ai connu la fin de l'âge d'or de ces petits cinémas, qui ont pour la plupart été contraints de fermer face à la concurrence des gros mastodontes concentrés en périphérie des grandes villes (à Charleroi, le monstre a pour nom Carollywood). Le Ciné Caméo est un beau projet et rien ne le distingue des autres cinémas (les sièges sont molletonnés, l'écran est de bonne taille...) si ce n'est le prix de la séance, qui est beaucoup plus démocratique que celui proposé par les grandes chaînes (5 €), et la préposée au guichet, qui s'occupe de tout : elle vend les tickets ainsi que les popcorns durant l'entracte, elle nous souhaite un bon film (!) avant de fermer les portes. S'occupe-t-elle aussi de la bobine ? — Non, car il ne s'agit plus d'une bobine : le cinéma, avec l'aide de la Province de Namur, est passé il y a peu au numérique.

13.2. Aujourd'hui, je vais voir avec Gaëlle Madagascar 3 : Bon baisers d'Europe, la suite de la suite de Madagascar. Pour ceux qui débarquent ou qui s'en foutent, les films d'animation de la franchise Madagascar mettent en scène une série d'animaux du Zoo de Central Park qui un jour s'enfuient pour tenter de découvrir la vie sauvage. Les quatre principaux protagonistes sont Alex le lion, Marty le Zèbre, Gloria l'hippopotame et Melman la girafe. Dans le troisième opus, dont il est question aujourd'hui, les quatre compagnons sont enfin en Afrique mais ils s'y ennuient à mourir. Ils décident donc de rejoindre les quatre pingouins et les deux singes (tous deux déguisés en « Roi de Versailles » pour l'occasion), partis dépenser leur argent au Casino de Monte-Carlo. La suite de l'histoire se déroule dans divers pays d'Europe (France, Italie, Angleterre) où les animaux, traqués par une véritable psychopathe issue de la police animalière monégasque, rejoignent un cirque ambulant.

13.2.1. Pour avoir une chance d'aimer ce long métrage, il faut faire très attention à surtout ne pas trop réfléchir, car le scénario est famélique et certains gags totalement éculés, même pour les enfants. Les quatre personnages principaux sont énervants, mais ça, je le savais déjà. Je commence d'ailleurs à avoir l'habitude car, quel que soit le film d'animation américain à grand spectacle que je visionne, j'ai l'impression que les scénaristes sont allés pêcher les profils psychologiques de leurs personnages principaux dans une banque particulièrement maigre de « fiches-types » : le monstre au grand cœur (Alex le lion, Jacques Sullivan dans Monstres et Cie...), l'idiot gaffeur (Marty le Zèbre, l'âne dans Shrek, l'ignoble Jar Jar Binks dans Star Wars), etc.

13.2.2. Pour avoir accès à un peu d'originalité, il faut se tourner vers certains des personnages secondaires : Vitaly, le fier tigre russe qui a vu sa carrière tomber en lambeaux lors d'une tentative ratée de passage à travers un très, très, très petit cerceau enflammé ; Sonya, la grosse oursonne taciturne arborant un ridicule tutu, dont le roi Julian tombe directement amoureux ; la capitaine Chantel DuBois, sorte de « Terminator » de la traque animale ; le producteur de cirque, parodie très réussie de Texan à chapeau, qui se fait servir ses popcorns par... un aigle royal !

13.2.3. Et puis il y a les quatre pingouins ! Présents dès le premier épisode de Madagascar, ces quatre-là sont une véritable trouvaille, au point que DreamWorks a décidé d'en faire une série télévisée dérivée qui passe actuellement sur la chaîne Nickelodeon. — À tous ceux qui pensent que je critique tout ce qui est vu par plus de 32 personnes, sans jamais rien encenser, je réponds : « Non ! Car il y a les Pingouins de Madagascar ! » D'abord Skipper, le chef. Portrait craché du commandant yankee républicain et paranoïaque, il transforme la moindre action en vaste opération militaire... Le genre à détester les hippies et les anarchistes, qui sapent les bases de la glorieuse nation américaine bla-bla-bla. Ensuite, Kowalski, le cerveau du groupe. Inventeur de génie, il analyse à l'excès chaque situation en des termes scientifiques. Malgré son côté très « intello », il ne sait ni lire, ni écrire et communique à l'aide de dessins à l'allure très enfantine. Rico, le spécialiste en armes. Il ne dit quasiment jamais rien et vit une relation amoureuse avec une poupée en plastique. Il a la capacité physique de dégurgiter divers objets utiles au reste du groupe. Il semble mentalement déficient mais ça reste à prouver. Enfin, Private, le petit dernier. Très peureux et très sensible, il est aussi très bon en déchiffrement. C'est la caution morale du groupe. (Ça, ce sont des personnages !)


13.2.4. Vues sur la Toile : de nombreuses critiques selon lesquelles Madagascar 3 véhiculerait une esprit antifrançais. Pour preuve, cette remarque du pingouin Skipper, ironisant sur le système social en vigueur dans l'Hexagone : « En France, ils ne travaillent que deux semaines par an ! »... Pour preuve toujours, le personnage très négatif de la policière monégasque (présentée comme française par la suite), ou encore la toute fin du film, où les méchants policiers de la brigade animale se retrouvent enfermés dans des caisses estampillées « Freedom fries » (terme péjoratif désignant les « french fries », utilisé principalement par la droite américaine lors du refroidissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et la France, pendant la guerre en Irak). — Je ne suis pas certain qu'il faille voir dans ces extraits un exemple de propagande antifrançaise. La remarque de Skipper est typique du personnage (voir ci-dessus). Quant aux autres références, elles doivent à mon avis plus être vues comme des clins d'œil, stéréotypés certes, mais sans conséquence. D'ailleurs d'autres nationalités en prennent pour leur grade : le clown idiot italien, le Russe qui vit dans le passé, le producteur texan à chapeau... Bref, pas de quoi en faire un Camembert... (Mais je me trompe peut-être complètement. Peut-être est-on réellement dans une tentative consciente de « french bashing » ? Vu que le sujet ne m'intéresse que très modérément et que, par ailleurs, je suis très en retard dans mon écriture, je ne creuserai pas le sujet.)

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