Discothèque flamande. — Sur la grande cour circulaire du jardin familial, sous un soleil de plomb, en début d'après-midi, mon baladeur diffuse l'angoissante mélodie floydienne intitulée « One of These Days » (celle au milieu de laquelle une voix diabolique menace de nous couper en petits morceaux). Mon père me raconte que, lorsqu'il était jeune, il dansait sur cette chanson dans une discothèque anversoise. Il n'était pas spécialement obligé de bouger car les stroboscopes donnaient une constante impression de mouvement. — Pouvoir danser sur la double ligne de basse hypnotique de « One of These Days » : je me dis une nouvelle fois que j'aurais dû naître (et vivre ma jeunesse) vingt-cinq ans plus tôt.
La dulcinée. — Ma grand-mère me demande : « Toujours pas de dulcinée ? » Je lui réponds : « Non. Je n'aurai plus jamais personne. » « Pourquoi dis-tu ça ? Tu n'es pourtant pas un monstre ! » « Si. Presque. » « Il y a que tu es extrêmement difficile, voilà ce qu'il y a ! » D'abord je nie, et ensuite je lui décris quelques uns de mes critères de recherche comme : les yeux en amande pétillants d'intelligence et d'ironie, ce genre de choses toutes simples, quoi... Mais j'en viens tout de même finalement à l'idée que oui, peut-être que je suis un tout petit peu exigeant (en plus d'être un monstre, cela va de soi).
Le « dulciné ». — Ma grand-mère toujours : « Et un homme avec des yeux en amande, ça n'irait pas ? » — C'est la troisième fois en moins d'un mois (sans rire) qu'un membre de ma famille me demande si je ne devrais pas passer de l'autre côté du miroir, autrement dit changer d'orientation sexuelle. Je me demande ce qui, dans mon comportement actuel, leur a donné cette idée saugrenue de coming out. Peut-être le fait que je suis célibataire depuis très longtemps ? — Bon, t'es bien gentille Bobonne, mais aux dernières nouvelles, ce sont toujours des femmes (et uniquement des femmes) qui hantent la totalité de mes fantasmes...
Crampe mentale. — À l'origine de nombreux questionnements d'ordre philosophique, ce terrible constat : la seule chose dont je suis absolument certain, c'est de ma propre conscience. Je reçois des informations de différents types (visuel, auditif, olfactif, gustatif, tactile, en un mot sensoriel) et je les organise, analyse, catégorise, etc. L'existence de mes propres organes — directement visibles (mes mains, mes pieds...) ou non (mon cerveau, ma vésicule biliaire...) —, n'est pas certaine. Autrement dit : même mon corps tel que je le vois et le ressens ne pourrait être qu'une image et une sensation. — Pire : c'est une image et une sensation, dont la source se trouve dans mon cerveau (c'est du moins ce qu'énonce l'énorme majorité de la littérature à ce sujet). Les idéalistes « à l'extrême » n'ont eu de cesse que d'exprimer cette évidence (mais alors pourquoi et pour qui l'exprimaient-ils ?) ; les matérialistes, quant à eux, ont essayé de la réfuter, de prouver l'existence d'un monde extérieur à eux-mêmes (ou plutôt à moi-même)... Quelle que soit la philosophie proposée (idéaliste ou matérialiste, ou bien un complexe mélange des deux, ou autre chose encore), cette tendance à infirmer ou confirmer la présence d'un monde en dehors de soi-même semble découler d'une angoisse fondamentale liée à la nature des données sensorielles reçues. — La seule manière de m'en sortir, d'arrêter ce flux de réflexions obsédantes et stériles, est de penser que, jusqu'à présent, tout ce que j'ai observé est conforme à l'idée que je m'en fais... Jusqu'à présent, si j'agis de telle façon sur mon environnement, celui-ci prendra en compte, de manière totale, l'action effectuée. Que toute cette vision grouillante de vie soit une idée ou au contraire une réalité physique est somme toute annexe et n'enlève rien au fait que le Monde dont j'ai la chance de recevoir quelques maigres données (et sur lequel je peux laisser une très légère empreinte) est extraordinaire à tout point de vue.
La dulcinée. — Ma grand-mère me demande : « Toujours pas de dulcinée ? » Je lui réponds : « Non. Je n'aurai plus jamais personne. » « Pourquoi dis-tu ça ? Tu n'es pourtant pas un monstre ! » « Si. Presque. » « Il y a que tu es extrêmement difficile, voilà ce qu'il y a ! » D'abord je nie, et ensuite je lui décris quelques uns de mes critères de recherche comme : les yeux en amande pétillants d'intelligence et d'ironie, ce genre de choses toutes simples, quoi... Mais j'en viens tout de même finalement à l'idée que oui, peut-être que je suis un tout petit peu exigeant (en plus d'être un monstre, cela va de soi).
Le « dulciné ». — Ma grand-mère toujours : « Et un homme avec des yeux en amande, ça n'irait pas ? » — C'est la troisième fois en moins d'un mois (sans rire) qu'un membre de ma famille me demande si je ne devrais pas passer de l'autre côté du miroir, autrement dit changer d'orientation sexuelle. Je me demande ce qui, dans mon comportement actuel, leur a donné cette idée saugrenue de coming out. Peut-être le fait que je suis célibataire depuis très longtemps ? — Bon, t'es bien gentille Bobonne, mais aux dernières nouvelles, ce sont toujours des femmes (et uniquement des femmes) qui hantent la totalité de mes fantasmes...
Crampe mentale. — À l'origine de nombreux questionnements d'ordre philosophique, ce terrible constat : la seule chose dont je suis absolument certain, c'est de ma propre conscience. Je reçois des informations de différents types (visuel, auditif, olfactif, gustatif, tactile, en un mot sensoriel) et je les organise, analyse, catégorise, etc. L'existence de mes propres organes — directement visibles (mes mains, mes pieds...) ou non (mon cerveau, ma vésicule biliaire...) —, n'est pas certaine. Autrement dit : même mon corps tel que je le vois et le ressens ne pourrait être qu'une image et une sensation. — Pire : c'est une image et une sensation, dont la source se trouve dans mon cerveau (c'est du moins ce qu'énonce l'énorme majorité de la littérature à ce sujet). Les idéalistes « à l'extrême » n'ont eu de cesse que d'exprimer cette évidence (mais alors pourquoi et pour qui l'exprimaient-ils ?) ; les matérialistes, quant à eux, ont essayé de la réfuter, de prouver l'existence d'un monde extérieur à eux-mêmes (ou plutôt à moi-même)... Quelle que soit la philosophie proposée (idéaliste ou matérialiste, ou bien un complexe mélange des deux, ou autre chose encore), cette tendance à infirmer ou confirmer la présence d'un monde en dehors de soi-même semble découler d'une angoisse fondamentale liée à la nature des données sensorielles reçues. — La seule manière de m'en sortir, d'arrêter ce flux de réflexions obsédantes et stériles, est de penser que, jusqu'à présent, tout ce que j'ai observé est conforme à l'idée que je m'en fais... Jusqu'à présent, si j'agis de telle façon sur mon environnement, celui-ci prendra en compte, de manière totale, l'action effectuée. Que toute cette vision grouillante de vie soit une idée ou au contraire une réalité physique est somme toute annexe et n'enlève rien au fait que le Monde dont j'ai la chance de recevoir quelques maigres données (et sur lequel je peux laisser une très légère empreinte) est extraordinaire à tout point de vue.
Message érotique en flamand. — Dernièrement, mon père a reçu sur son téléphone portable deux messages en flamand d'un certain (ou d'une certaine ?) Robin, qu'il ne connaît évidemment pas. Dans le premier, très court, la personne se dit déçue de ne pas recevoir de réponse. Dans le second, elle affirme être assise dans son bain et décrit ce qu'elle désire en termes de relation sexuelle satisfaisante. Mon père, très pragmatique, lui a répondu en français : « Je crois que vous vous êtes trompé de destinataire... » (Plus de nouvelle depuis lors.)
La terreur des petits enfants. — Mon cousin Fridric débarque en fin d'après-midi en compagnie de son fils Roberto (quatre ans) et de son voisin (même âge environ). Fridric raconte n'importe quoi au pauvre petit voisin, d'un air très sévère : « Quand tu ne seras pas chez toi, je viendrai dans ta maison et je casserai tout, et particulièrement ta chambre ! Et tes jouets surtout ! » Le gamin, un peu méfiant mais nullement terrorisé (il doit avoir l'habitude), lui rétorque : « Tu ne saurais pas ! Mon papa, il a un gros marteau ! » Réponse de mon cousin : « Et moi j'ai une tronçonneuse et je vais tout découper ! » (Vu de l'extérieur, Fridric peut paraître totalement timbré mais en fait, il est très gentil ; il est même instituteur !)
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