Après
une courte matinée de boulot dans la banlieue industrielle de Liège, je fais un
crochet en train jusqu'à Namur afin de récupérer ma fille à son école, pour
repartir ensuite directement vers Bruxelles. Dans la rue, dans le
train, partout, Gaëlle n'arrête pas de parler : elle a "toujours quelque chose à dire", comme le Professeur Rollin !
Elle invente trois histoires à la minute. Elle est mignonne, elle a de
l'imagination, mais elle est très fatigante, surtout pour un vendredi soir.
Dans
le vieux train pourri vers la capitale, Vinge me téléphone à quatre
reprises. Présageant une longue discussion éreintante dans le boucan causé à moitié
par le déplacement du train, à moitié par les étudiants remplissant le
wagon, je ne décroche pas (en plus, les coups de fil rapprochés et à
répétition "à la Lewis" ont toujours eu tendance à me mettre de mauvaise
humeur). Vinge me laisse deux messages vocaux. Retranscrit, le premier
message donne exactement ça : "Ouais ouais, Hamilton... Ben figure-toi qu'j'viens d'me faire nommer à Liège, quoi ! Putain, quoi... La plus
mauvaise passe de ma vie, quoi... Je déteste cette région de merde.
Enfin voilà... Mais je suis content, je viens de trouver un boulot,
quoi. Je vais prendre le train avec toi ! [Rire sadique] Donc voilà...
OK ? Bon allez...". Il va... prendre le train avec moi ? Mon dieu, il faut absolument que je change de boulot (ou alors de créneau horaire). Un peu
plus tard, toujours dans le train, je reçois un coup de fil d'Emily. Cette fois-ci, je
décroche et, à cause du boucan susmentionné, je ne pige rien à ce
qu'elle raconte, si ce n'est qu'il est question d'un pique-nique au Bois
de la Cambre.
Recontactée
un peu plus tard dans un endroit plus calme (la gare), Emily propose en
effet d'aller pique-niquer au Bois de la Cambre, avec sans doute Andrew, peut-être Walter, mais pas Léandra car cette dernière est à son fameux
rendez-vous avec Daily. Il fait 25 degrés dehors, il fait délicieux : c'est
une très bonne idée. Emily s'occupe du pain français, de la charcuterie, du
fromage et de la salade. Je m'occupe des boissons (vin blanc, bière,
eau et café) et de quelques accompagnements (comme des petits
saucissons). Prévoyant que Gaëlle risquerait de s'ennuyer, j'installe au préalable
sur le mini-PC que m'a prêté Léandra un "bête" jeu de plate-formes indépendant (et
gratuit) du nom de Spelunky : c'est pixelisé et ça ressemble à un vieux machin des années 90, voire des années 80, dans le genre de "Lode Runner", mais en plus sophistiqué... (Il faudra que je reparle de ce jeu, quand je n'aurai pas grand chose d'autre à écrire.)
Nous arrivons au Bois de la Cambre assez tard, vers 19h40. Il fait tellement bon, en cette toute fin du mois de septembre, qu'on en oublie presque que le soleil ne se couche plus à 22h : lorsque nous nous installons dans la grande prairie entre le Théâtre de Poche et les Jeux d'Hiver, le crépuscule tombe déjà sur la ville. Nous mangeons dans la pénombre et nous continuons à discuter dans le noir, avec pour seules lampes celles des GSM et des smartphones. Pas très loin de nous, nous avons droit aux faibles lumières et surtout à la musique insupportable (faite de "Boum ! Boum ! Boum !") des Jeux d'Hiver. Andrew nous rejoint vers 20h30, Walter plus tard encore. Quant à ma fille, elle est très sage, plongée durant toute la soirée (comme je l'avais prédit) sur Spelunky. Dans le ciel, seulement quelques étoiles parmi les plus brillantes sont visibles (saleté de pollution lumineuse !).
Emily et Walter ont pour objectif de se rendre à la Nuit Blanche, à l'ULB ; Andrew est fatigué. Quant à moi, je dois retourner chez moi pour mettre ma fille au lit. Quand je dis à Gaëlle : "On raconte quoi comme histoire ce soir avant de s'endormir ?", elle me répond : "Oh, pas d'histoire. Par contre, est-ce que je peux encore jouer un tout petit peu à Spelunky, s'il te plaît, papa ?". Pourquoi pas ? Je me dis que les jeux vidéos aident, tout autant que les contes, au développement intellectuel d'un enfant...