vendredi 28 janvier 2011

Ablation du sentiment amoureux par chirurgie laser

[Article récupéré du Blog du Noctambule.]

Je suis une tour, incapable d’aimer.
Je suis un roc, insensible aux sentiments.
Je décortique le monde.
Froidement, de l’extérieur.

Et ça fonctionne très bien.
Mon mécanisme est bien huilé.

Sauf que... parfois... le système... plante.
Sauf que... parfois... je deviens... fou.
Et... je tombe amoureux quand même.
Et ça finit toujours mal.

Correction : parfois, ça commence très bien.
Quelquefois même, ça continue très bien.
Mais ça finit toujours mal quand même.
De toute façon, tout finit toujours mal.

La mort.
Le néant.

C’est juste une question de temps.
C’est juste une question d’attente.
Le temps dévore tout.
Même les atomes sont bouffés par ce putain de temps.

Ne croyez pas que je prenne ça à cœur.
Car rappelez-vous : je suis une tour, un roc, blablabla...

J’ai toujours réagi de la même manière.
Adolescent, je ne donnais pas de nom à l’opération.
Depuis peu, je peux la nommer distinctement :
Ablation du sentiment amoureux par chirurgie laser.

Il ne s'agit pas d’un véritable laser.
C’est une opération mentale qui y ressemble.
C’est une métaphore, une vue de l’esprit.
Mais c’est quand même totalement ça.

Explications ?
Explications.

Je n’ai pas l’habitude de tomber amoureux.
Quand ça arrive, je ne sais pas quoi faire.
En temps normal, je suis gauche.
Et quand je tombe amoureux, je suis dix fois plus gauche.

Alors, ça ne fonctionne jamais.
Presque jamais.

À chaque plantage, je procède à une chirurgie mentale.
J’efface minutieusement tout ce que j’aime chez la personne.
Je détruis chaque neurone atteint du "mal".
Je détruis chaque souvenir, bon ou mauvais.

Et elle redevient une personne ordinaire.
Opération triste mais salutaire.
Triste car elle n'existe plus vraiment.
Triste car je suis là sans être là.

Léandra m'a dit un jour :
L'opération prend moins de temps à trente ans qu'à vingt.
Elle a raison. Léandra a toujours raison.
Même si Léandra ne m'a jamais vraiment dit ça.

Et la vie continue...
Et je redeviens une tour, incapable d’aimer.
Et je redeviens un roc, incapable du moindre sentiment.
Et je recommence à décortiquer le monde, froidement, de l’extérieur.

Jusqu’à la prochaine fois.
Jusqu’à cette putain de prochaine fois.

dimanche 23 janvier 2011

Bruxelles, 23 janvier 2011, six heures du matin

[Article récupéré du Blog du Noctambule.]

Fond sonore conseillé pour lire cette journée :


L'anniversaire (en retard) de Léandra.
Une soirée (réussie) chez elle avec des amis que j'apprécie énormément.
Une sortie (réussie également) dans un bar celtique du Centre-ville.
D'autres pensées. D'autres propos. Peu importe.
Et le retour.

Durant la soirée, Léandra me dit : "Hamilton, tu devrais peut-être entrecouper ton blog avec des messages plus courts et moins cérébraux" (elle ne me dit pas du tout ça, mais l'idée est clairement exprimée).

Elle a raison, comme toujours.
Léandra a toujours raison.

Et me voilà penché à la fenêtre de ma chambre, au quatrième étage d'un appartement forestois. Il est 5h44. Emily dort paisiblement dans la chambre d'à côté. Et moi, je ne dors pas. Est-ce que je dors parfois ? Oui, je suppose que je dors... Parfois.

Je me suis fait un café, évidemment.
Un café noir, noir comme une nuit sans lune.

La vie est tellement belle la nuit.

Le silence nocturne est entrecoupé par le chant des oiseaux.
C'est la fin du mois de janvier et les oiseaux chantent déjà !
Je ne sais pas d'où ils chantent, ni pourquoi ils chantent, mais ils chantent...
Toutes les minutes environ, une voiture (un taxi, souvent) passe.

Des souvenirs de soirées universitaires me reviennent forcément à l'esprit : ce retour un peu brumeux vers mon appartement de l'époque, situé en lisière du bois de la Cambre, avec (déjà) ces merveilleux chants d'oiseaux...

Il ne m'en faut pas beaucoup plus pour être heureux.

Nul besoin de chanter, ni de danser.
Nul besoin de frimer.
Nul besoin de courir dans tous les sens.
La présence de gens que j'aime suivie de la douce noirceur de la vie nocturne (et du café) suffisent à mon équilibre.

Ou presque...